Même si on est très loin du nombre de films ayant comme cadre la 2ème guerre mondiale et ses conséquences, la guerre d’Algérie a généré, petit à petit, une quantité intéressante de scenarii, et ce, des deux côtés de la Méditerranée. Peu, toutefois, se sont intéressés, côté algérien, à ce que sont devenus les combattants une fois obtenue l’indépendance. C’est tout l’intérêt de "L’Oranais" de se pencher sur ce thème. Pour traiter son sujet, Lyes Salem a choisi de mettre en scène deux amis d’enfance, Djaffar et Hamid, qui ont partagé la vie dans le maquis entre 1957 et 1962 et qui se trouvent face à des choix lorsque la guerre est terminée. Ce qui se passe entre eux se partage entre ce qu’on peut (ce qu’on doit?) cacher, même à son meilleur ami, lorsqu’on est impliqué en tant que résistant dans une guerre et ce qu’on peut, ce qu’on veut devenir, une fois la guerre gagnée et qu’on se retrouve du côté du manche. D’un point de vue historique, "L’Oranais", en nous montrant la fragilité et les hésitations d’une jeune nation, est un film important. A plusieurs reprises, Lyes Salem apporte la preuve d’une grande maîtrise dans la mise en scène. Moment particulièrement fort lorsqu’un spectacle de pantomime retrace, devant un Djaffar plein d’émotion et des spectateurs enthousiastes, une « histoire officielle» quelque peu arrangée de « L’Oranais ». Par ailleurs, Lyes Salem n’oublie pas d’utiliser de temps à autre le sens de l’humour qui avait fait le succès de Mascarades, son premier long métrage. La scène sur l’utilisation obligatoire de l’arabe littéraire en lieu et place du dialecte algérien en est sans doute le meilleur exemple.