Ce troisième et dernier volet (Wohin und Zurück...) s'avère de bonne tenue, supérieur au second par sa cohérence dramatique, cependant moins saisissant que le premier. Au sein de la trilogie, on peut le voir seul, mais le 2 lui offre une perspective (il faut juste éviter de voir le 2 avant le 1). On retrouve Gabriel Barylli, acteur de téléfilms viennois plus ou moins médiocres (en outre scénariste, metteur en scène et comédien de théâtre), dans le rôle principal, Freddy Wolf, le GI romantique qui rentre dans sa ville natale, dévastée. Malgré son sens du devoir, il doute en permanence. Comme les autres, il devra apprendre à composer et s'arranger avec une certaine médiocrité de la vie, sans non plus s'avilir. Les affects de Karpeles (Hubert Mann, acteur tombé aux oubliettes, par ailleurs flûtiste), un capitaine homo refoulé, ne passionnent guère (le dialogue avec l'agent russe reste adroit). Pas plus que ceux de l'alcoolisé lieutenant Binder, toutefois plus fort en gueule. Malgré tout, la galerie de personnages reste attachante car elle permet d'illustrer l'état de la situation socio-politique à Vienne au sortir de la guerre, de manière inégale mais plutôt équilibrée. Le film parvient à exprimer le fourvoiement, la disposition dépressive des âmes et, en contrepoint, leur aspiration, après tant de déchirures, à une joie simple, à une vie de petits plaisirs plutôt qu'à la poursuite de beaux idéaux enlisés, presque avortés. L’Autriche n'aura malheureusement pas connu son procès de Nüremberg, pas plus que la France n'aura fait son mea culpa pour sa collaboration active. Le malaise surgit là, dans cet état second où les frontières se dissolvent (l'ennemi se retrouve à ses côtés), où le passé immédiat embarrasse, où la foi achoppe, et les protagonistes l'endurent, en évitant l'écueil du vulgaire mélodrame. Le soldat juif autrichien, tout aussi fraîchement américanisé que débarqué, se retrouve déjà pris au piège; il doit choisir entre la défense de ses valeurs et les compromis séduisants, entre l'honneur de son peuple et son amour naïf pour la belle Claudia Schütte
, jeune comédienne fille de nazi, «pute d'Amerloque» faussement angélique
(Claudia Messner, qui s'est difficilement distinguée depuis dans quelques drama-téléfilms allemands). Le grain noir-et-blanc magnifie les vues. Une atmosphère mélancolique flotte sur ce dernier épisode, traversé de rires et de larmes, d'éclats de vitalité et de désenchantement.