Avec Les Bonnes manières, le duo de réalisateurs Juliana Rojas et Marco Dutra a souhaité utiliser les codes du conte de fées dont la forme permet de faire appel aux choses de la vie quotidienne pour créer du fantastique et du sens. Mais, à l'instar de leur précédent long, Trabalhar Cansa, il s'agit toujours d'employer le fantastique pour évoquer les thématiques du monde contemporain, ici l'instinct bestial face à la civilisation et les barrières construites par cette dernière.
Les Bonnes manières est constitué de deux actes, une structure née de "la rupture singulière au coeur de l’histoire qui nous a permis d’aborder différents aspects de la maternité", expliquent les réalisateurs. Ainsi, la première partie parle de la maternité sous le prisme biologique, celui de la grossesse, tandis que la seconde partie évoque le fait d'élever un enfant. Les cinéastes se sont inspirés de la pièce Le Cercle de craie caucasien de Brecht, une relecture du conte de Salomon, qui soulève la question suivante : qui est la véritable mère d’un enfant, la mère biologique ou la personne qui l’élève ?
Pour concevoir le loup-garou, les réalisateurs ont travaillé avec l’artiste Mathieu Vavril sur des esquisses concepts. La société Atelier 69 a pris ensuite le relais et s'est basée sur ce travail pour construire l’animatronique du bébé. Quant à Mikros Image, ils ont conçu le modèle numérique d’après les traits de l'acteur Miguel Lobo (la couleur de ses yeux et leur taille, la forme de sa tête et de son corps). Juliana Rojas et Marco Dutra précisent : "Conserver les émotions transmises dans le film était une priorité pour l’équipe de Mikros qui a mis un point d’honneur à préserver le jeu d’acteur de Miguel dans l’animation afin d’apporter vérité et vie au personnage."
Parmi les références qu'ils ont eu en tête pour réaliser Les Bonnes manières, les réalisateurs citent les premiers dessins animés de Disney tels que Blanche-Neige, Dumbo et Bambi pour leur capacité peu orthodoxe à mélanger les genres et à aborder des thèmes complexes que sont l’envie, la solitude et la puberté. Jacques Tourneur, et plus spécifiquement ses films La Féline et L’Homme-léopard, les a aussi influencés pour sa capacité à instaurer une ambiance et utiliser les hors-champs.
Quant au chef décorateur Fernando Zuccolotto, il a travaillé avec l’artiste Eduardo Schaal pour concevoir des matte paintings (peinture qui représente un élément de décor), à l’aide de techniques anciennes, en s’inspirant des films comme Le Narcisse noir de Powell et Pressburger et Pas de printemps pour Marnie de Hitchcock.
Juliana Rojas et Marco Dutra ont fait leurs études de cinéma à l’université de Sao Paolo. Après avoir collaboré sur trois courts métrages, dont deux sélectionnés au Festival de Cannes (Le Drap blanc et Un rameau), ils présentent dans la section Un Certain Regard du Festival de Cannes 2011 Trabalhar Cansa. Avant de se retrouver pour Les Bonnes manières, Juliana Rojas a signé une comédie musicale de genre, Sinfonia da Necrópole, et Marco Dutra a réalisé le film d’horreur, Quando Eu Era Vivo (2014) puis le thriller O Silêncio do Céu (2016).