Le cas de Pierre est banal. C'est le blues du quadra qui le conduit à rompre avec sa famille et avec son métier. Ce qui est moins banal, c'est l'endroit et, surtout, la façon dont Pierre va tenter de refaire surface. A Londres,le petit français devient rapidement un "escort" professionnel, plus prosaiquement un gigolo.
Dans son dernier film "Grosse fatique", on avait découvert un Michel Blanc désabusé; avec "Mauvaise passe" (dont le doule sens asticieux ne nous a pas échappés), l'ex-Bronzé prend plus encore ses distances avec son image de comique en réalisant un portrait plutôt sombre, sinon complètement noir, dans un milieu pas loin d'être sordide. Pierre connait des fortunes diverses dans sa nouvelle activité de prostitué:
aux débuts maladroits et curieux, en amateur si l'on peut dire, succède le commerce sexuel le plus malsain,sinon répugnant -doit-on s'étonner que les clientes de Pierre soient aussi charmantes pour la plupart?- puis aliénant.
La nouvelle liberté de Pierre est toute relative et sa déchéance se dessine.
Cependant, de rencontres en coucheries répétitives, le film se traine, tourne en rond, invoquant un "psychologisme" dont on fait vite le tour et qui, précisément, prend un tour commun
. C'est bientôt "Pierre et ses femmes": sa mâitresse légitime, sa maîtresse illégitime et ses clientes.
On frôle la démonstration et une certaine affectation. Heureusement que l'interprétation de Daniel Auteuil tient la route. L'acteur, restituant la vulnérabilité et la modestie de son personnage, ainsi que le sentiment de son exil en terre étrangère, est le meilleur atout du film. Reconnaissons tout de même à la réalisation de Michel Blanc une réelle habileté, avec ses éclairages tamisés et une caméra très mobile et toujours très proche de Pierre-Auteuil.