L’homme qui ne voulait pas mûrir
Alors qu’est sorti il y a peu Top Gun Maverick, on se dit que cette opération, c’est un peu l’histoire de l’homme qui ne voulait pas mourir. On souvient du regretté Tony Scott, des synthés, des néons colorés et du bombers aviateur. Et c’est sans parler de Tom Cruise. Et finalement, si on le regarde en 2022, c’est quoi Top Gun ?
Maverick est un pilote de chasse, genre tête brûlée, probablement le meilleur de sa génération. Il est admis dans l’école d’élite des pilotes américains, Top Gun. Là, il va devoir prouver que c’est lui le plus fort, le plus beau, le plus cool et le plus stylé.
Les premières images sont du culte sur pelloche. Soleil couchant, les réacteurs font des flammes de l’enfer sur le pont d’un porte-avions alors que des types font des chorégraphies codées en contre-jour. La musique de Giorgio Moroder accompagne le tout et commence une scène d’introduction au cœur de l’action. Le visage du héros, on ne l’a pas encore vraiment vu. Ces 10 premières minutes sont assez magiques, il faut le reconnaître. Elles portent la touche 80’s autant que la touche Scott. La suite, à l’école apporte un autre spectacle, un spectacle bien curieux pour le regard de 2022. Car on a rarement vu autant de démonstrations idiotes de testostérone débordante et de virilité pathétique. C’est là une question de regard car on peut aussi comprendre ce qui a pu fasciner dans ces scènes de mecs en slips kangourous qui se défient du regard en mâchant leur Hollywood Chewing-gum. On ne sait pas, du coup. Que vaut ce spectacle de mâles dégoulinants de sueur qui jouent au beach-volley comme on ferait un combat de catch à poil dans la boue ? Nul doute qu’aujourd’hui, ça correspond trait pour trait à ce que les déconstructeurs.trices appellent la masculinité toxique. Autre temps, autres mœurs. Reste que c’est formellement assez fascinant. Tant qu’on est sur la forme, en pleine vague chic et choc, on reconnaîtra la patte Scott sur la mythique scène d’amour, une mise en scène au top du kitsch qu’on retrouvera plan pour plan dans True Romance (elle fonctionne mieux avec Slater et Arquette de mon point de vue). Pour ce qui est de l’intrigue, c’est assez classique voire plan-plan. Les personnages de papier glacé sont globalement creux et leurs péripéties sont assez prévisibles. On préférera nettement les scènes d’action et de voltige qui sont du pur concentré d’adrénaline et une vraie prouesse technique. Elles n’ont pas pas pris une ride. Vous rétorquerez, ricanant, que Tom Cruise non plus et son chirurgien ne pourra pas vous donner tort. Reste qu’une star hors norme est née à ce moment là et Top Gun est un faire-part tonitruant.
Au final, 34 ans plus tard, Top Gun est un autre film que celui qu’il était en 1986, presque un document à exploiter en histoire de l’art. C’est loin d’être parfait mais la force d’attraction est intacte, tout comme son potentiel répulsif. Le film reste un étrange bon moment, esthétique, régressif et beauf. Magnifiquement et pathétiquement beauf.