Il est sur son canoë, et observe la faune volatile qui se constelle dans la flore sauvage. Puis, tout à coup, un accident : Fernando se retrouve emporté dans la violence du fleuve. João Pedro Rodrigues distille dans son cinquième long-métrage (après « O Fantasma » et « Mourir comme un homme ») des allusions directes à la vie qu’il aurait pu avoir. L’ornithologie en premier plan, dans l’oeillère d’un personnage principal passionné par ces êtres de plumes, tellement passionné qu’il ne quittera ses précieuses jumelles des yeux que lorsqu’il sera en danger de mort. Fernando nous apparaît sous différents angles à mesure que le scénario se déploie, d’abord touchant gaillard malchanceux qui ne peut rejoindre son amour (au masculin) qui lui téléphone et lui envoie message sur message, heure après heure, puis pour devenir tout à coup un être détestable, capable de tuer l’amant après l’acte sexuel, suite à un quiproquo qui semble un peu trop forcé, et surtout assez sur-joué. Et pourtant, Paul Hamy est brillant de justesse et d’habileté dans son rôle, sachant toucher le spectateur de par plusieurs sentiments. Si « L’ornithologue » ne s’éparpillait pas du côté du scénario, en rajoutant un mysticisme particulier qui pèse sur l’oeuvre plus qu’autre chose, l’impression aurait certainement été différente. Car l’utilisation des couleurs, toujours en variant changement d’une histoire à l’autre, est imposée à nous avec une véritable force. Histoires, car le film, lorsqu’il s’approprie de nouveaux personnages, diffère radicalement de température : l’aventure que le Fernando du film vit avec ces autres personnalités passe du chaud au froid d’un seul plan, l’évolution des relations est expédiée, pour le meilleur et pour le pire, car le réalisateur portugais nous perd petit à petit dans les abîmes de son film. Sans laisser guère de pause au spectateur déphasé, il passe du réel au surréaliste, créer de nouveaux détails scénaristiques à son histoire qui en possédait déjà trop, et termine sur une sorte de moralité décousue par rapport à ce qu’on pourrait nommer l’ « appartenance communautaire ». Ceux qui ont vu le film comprendront. Normalement.