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    O Ornitólogo
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    pierre72
    pierre72

    137 abonnés 367 critiques Suivre son activité

    2,5
    Publiée le 14 décembre 2016
    Il y aura sans doute deux sortes de spectateurs pour ce film : les fanas du réalisateur portugais, pas des foules mais une poignée fervente et les autres attirés par...l'affiche, les bonnes critiques, les oiseaux ou le hasard. Chacun risquera de vivre le film différemment. Le spectateur de hasard, peut être venu pour le thème "seul dans la forêt", pensant découvrir une sorte de "Délivrance" à la portugaise, risque la déception. "L'ornithologue" possède quelques codes du film d'aventures mais surtout ceux du cinéma auteuriste extrême, c'est à dire une certaine lenteur, une tendance à reprendre les thèmes de précédentes œuvres toutes aussi auteuristes et cette façon pas très sympathique d'envoyer des codes que l'on sent réservés à quelques privilégiés. L'aficionado de Joao Pedro Rodrigues, sera lui enchanté. Il retrouvera, dans une mise en scène splendide, dans un décor de rêve tout ce qui faisait le sel du cinéma du réalisateur et en beaucoup plus accessible. Il adorera cette espèce d'autobiographie déguisée, où le réalisateur prête sa voix à Paul Hamy ( l'acteur principal) tout en le promenant, hypnotisé par sa plastique, dans une forêt chargée de tous ses fantasmes ( bondage, ondinisme, vision iconoclaste de la vie des saints, ...), ce récit ludique qui permet de glisser un peu partout des codes homosexuels et ce chemin parfois proche de Apichatpong Weerasethakul où des esprits peuplant la forêt jouent à se transformer.
    On le voit, il y a de la matière dans ce film. On peut donc y trouver son bonheur ou sombrer dans un ennui le plus total. Et moi, où me situe-je ? Ayant déjà visionné deux œuvres précédentes où je m'étais fort ennuyé, je dirai que pour celle-ci, j'ai trouvé le temps long, la symbolique parfois lourdingue, ...
    La fin sur le blog
    Christoblog
    Christoblog

    827 abonnés 1 674 critiques Suivre son activité

    1,0
    Publiée le 20 décembre 2016
    Ainsi donc, Joao Pedro Rodrigues a-t-il l'insigne honneur de rejoindre mon Panthéon des réalisateurs qui se foutent de la gueule de leur spectateur.

    Il siège donc aux côtés de l'inénarrable Albert Serra (dont le Chant des oiseaux est le chef-d'oeuvre absolu de ce genre ingrat), et non loin de d'Alexandr Sokurov, Béla Tarr, Lisandro Alonso et Carlos Reygadas.

    Le point commun de tous ces cinéastes de grand renom, encensés par la critique Inrocks/Libé et l'ensemble des grands Festivals, est de proposer des mixtures filmiques qui ne sont compréhensibles que d'eux mêmes.

    En ce qui concerne L'ornithologue, il n'y a probablement qu'une ou deux personnes qui puissent donner du sens à l'assemblage hétéroclite de formes et de thèmes que propose Rodrigues : animaux empaillés dans la forêt, martyrologie gay en slip kangourou et bondage serré, esprit sain(t) sous forme de colombe, documentaire animalier, chanson kitsch de la fin, duo d'asiatiques sadiques en pélérinage pour Compostelle, allusions christiques, etc, etc, etc, on n'en finira pas d'énumérer les effets et les styles qui concourent tous à installer le réalisateur démiurge sur son trône.

    L'ensemble du film est tellement barré qu'une question fondamentale se pose : mais pourquoi donc des Amazones parlant latin se retrouvent-elles dans ce brouet mystico-rustique revisité par une esthétique cheap, tendance Gilbert et Georges ?

    Tout cela n'a aucun sens, ne procure aucune sensation ni émotion, et c'est d'autant plus regrettable que Rodrigues possède à l'évidence une capacité immense à filmer.

    En résumé, et même en admettant que le réalisateur est honnête, force est de constater que sa démarche est peu respectueuse de la bêtise de ses spectateurs, dont je fais partie.
    Cinemaniakmontreal
    Cinemaniakmontreal

    20 abonnés 103 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 21 novembre 2016
    L’ornithologue est assurément la plus belle proposition projetée cette année au Festival du Nouveau Cinéma. 5ème long métrage du Portugais Joao Pedro Rodrigues, le film nous entraîne dans un étrange univers à mi-chemin entre mythes et réalité, sans jamais lasser le spectateur. Au contraire.♥♥♥♥

    Le Français Paul Hamy campe Fernando, un ornithologue quarantenaire qui part en kayak à la recherche d’une espèce rare de cigognes noires. Sous l’effet hypnotique d’une nature généreuse, emporté par des rapides, il finit sa course en aval, inconscient, le corps émergé.

    Tourné à la manière d’un documentaire animalier, le film ouvre sur une réserve naturelle portugaise, où se côtoient rapaces et espèces en voie de disparition. Dans ces terres reculées règne un calme olympien que la nature a choisi d’offrir à Fernando en guise de réflexion sur les obsessions qui le tourmentent. Chemin faisant, il croisera la route de plusieurs pèlerins qui le pousseront dans ses retranchements. Sous forme de parabole, après son accident il devient saint Antoine de Padoue, le patron des naufragés, des matelots et des prisonniers, que l’on invoque aussi pour retrouver les objets égarés. Alors que l’embarcation de saint Antoine s’échoue sur les côtes siciliennes, chez Rodrigues le personnage est ranimé par deux randonneuses chinoises en route vers Saint-Jacques- de-Compostelle (album photo de leur périple à l’écran). Il sera soumis au sadisme des filles qui refuseront de le laisser partir, car elles trouvent sa présence réconfortante face aux esprits de la forêt. Plus il s’y enfonce, convaincu de retrouver son chemin, plus elle agit sur lui comme une catharsis réveillant des fantasmes latents et déclenchant des troubles inquiétants. À mesure que le film avance, Fernando va graduellement se transformer, au moyen de plans subjectifs, sous l’œil d’un aigle, d’une hirondelle ou d’un hibou. Au départ présenté comme un voyeur, notamment avec ses jumelles, c’est finalement lui qui va se retrouver épié par toute cette communauté hétéroclite.

    Repoussant les limites du spectateur et titillant sa libido, Rodrigues transforme son œuvre en une expérience cinématographique sensorielle où plane le spectre de Pasolini dans la manière d’érotiser le corps de son héros. Il fait de ce dernier un être aux comportements sexuels paraphiliques en agrémentant son récit de scènes bondage (cordages sur le corps presque nu du disciple qui suggère des nœuds marins) et d’ondinisme (bénédiction à la pisse). En revanche, on le voit boire à une source (sorte de purification de l’âme) et récupérer une corde semblable à un chapelet pour s’en faire une ceinture. De plus, il partagera la cène avec un berger prénommé Jésus, qu’il enlacera par après sur la plage pour ensuite porter les stigmates de son incrédulité au bout des doigts (Parabole de saint Thomas). Si la combinaison de l’érotisme et de la religion est pour le moins incongrue, elle séduit étrangement plus qu’elle ne surprend, l’audace l’emportant sur le malaise. En effet, par le biais de surimpressions magnifiques, le réalisateur entremêle la nature et la psyché de son personnage égaré dans les méandres de la déraison. En outre, il égrène ici et là des touches d’humour plutôt absurde qui allègent son propos, il est vrai, parfois abscons. On pense à l’arrivée des amazones dans une arche de Noé reconstituée ou encore au moment où Fernando confond à plusieurs reprises les prénoms des deux Asiatiques.

    En entrevue, le cinéaste confie avoir eu recourt à des éléments personnels pour construire son personnage. Ils ont tous les deux le même âge, la même sexualité, et partagent une passion commune pour la biologie (il a d’ailleurs failli devenir ornithologue avant d’intégrer l’École de théâtre et de cinéma de Lisbonne). De fait, Fernando est une sorte d’alter ego dont le dédoublement à l’image interpelle. Avec son approche pour le moins atypique, Rodrigues fait indéniablement partie des auteurs les plus prometteurs du cinéma contemporain d’art et d’essai. Il sonde le désir et le corps humain (à la manière de Marina de Van, Dans ma peau) avec une palette allant du documentaire à l’expérimental. Parfois dérangeant, souvent excitant, l’ornithologue envoûte et fascine grâce à son univers fantasmagorique inquiétant qui fait écho à une quête existentielle.
    Le film d'Ariane
    Le film d'Ariane

    77 abonnés 179 critiques Suivre son activité

    2,0
    Publiée le 30 novembre 2016
    La présence de Paul Hamy au générique (qui plus est dans le rôle titre) a attisé ma curiosité. Cet acteur magnétique vu dans « Suzanne » de Katell Quillévéré, « Elle s’en va » d’Emmanuelle Bercot ou « Peur de rien » de Danielle Arbid m’a toujours impressionnée. Dans ce film atypique, provocant et surréaliste, il incarne Fernando, un ornithologue parti observer, à bord d’un kayak, la faune volante des gorges fluviales du Haut Tras-Os Montes, une région magnifique et sauvage du Portugal à la frontière de l’Espagne. Mais pris dans les rapides, son corps est retrouvé plus bas, baignant dans son sang, par un couple de touristes chinoises… un peu cintrées ! Les événements subis par Fernando tout au long de son périple, de plus en plus étranges, de plus en plus glauques et surtout, de plus en plus mystiques, ont eu raison de mon enthousiasme originel. J’ai aimé les superbes paysages du début, les oiseaux majestueux et le visage minéral de Paul Hamy. Mais le fait qu’il soit doublé (par le réalisateur lui-même) m’a beaucoup gênée. J’ai trouvé le temps long et je n’ai jamais réussi à m’intéresser au propos, ni à rentrer dans cet univers (obscure, pour le moins). Bref, je suis restée au bord.
    anonyme
    Un visiteur
    2,0
    Publiée le 16 décembre 2016
    Ce film du réalisateur portugais Joao Pedro Rodrigues est assez particulier. Il commence quasiment comme un documentaire sur la faune, on suit un ornithologue observant des oiseaux, et se poursuit par une aventure chargée de références mystiques. Ce film nécessite quelques connaissances religieuses pour saisir quelque peu sa trame et ses symboles. Toutefois, il ne faudra pas s’offusquer par son aspect assez provocateur en mêlant sexualité et religion. Bref, un ovni dans la production cinématographique. Si l’image est belle, cela reste cependant assez ennuyeux.
    islander29
    islander29

    863 abonnés 2 354 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 1 décembre 2016
    cinéphiles avertis , précipitez vous.....
    Voilà un film qui lorgne parfois du côté de Guiraudie (l'inconnu du lac) avec un sérieux champ contrechamp entre deux oiseaux bien différents dans leur nature, mais qui aussi nous propose une errance à la Saint François d'Assise, très modernisée, et des symboles religieux ou profanes en nombre.....Des symboles qu'on peut s'amuser à répertorier, il y en a sans doute une bonne vingtaine.....
    L'ornithologue est en quête d'absolu, de rédemption, il fuit l'humanité à la façon d'un saint, mais dans cette fuite fait des rencontres imprévues dans des paysages lusitaniens grandioses spoiler: .....( Les chinoises, le sourd muet, les indiens, les amazones)....
    .On est dans un scénario crypté, subliminal presque, et qui par certains moments (ne fut ce la prudence des dialogues), nous rappelle l'immense Monteiro, le plus grand réalisateur portugais s'il en est.....
    Et j'en passe des références, spoiler: à Jésus, à la colombe de la paix, à la Chine même, à la religions chrétienne,
    spoiler:
    car ce film dans sa complexité offre au spectateur de nombreuses portes, qu'il lui plaira ou non d'ouvrir......Je conseille.....
    Laurent C.
    Laurent C.

    255 abonnés 1 133 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 14 décembre 2016
    Fernando aime les oiseaux. Il les guette, les observe avec ses jumelles, de son bateau, dans un paysage somptueux d'eau et de montagnes. Puis, l'accident se produit, et le jeune-homme malade se retrouve dans un bain de sang, au milieu de la forêt. Il est sauvé par un couple étrange de chinoises, mi-démons, mi-anges. C'est à ce moment que la fantaisie commence. "Odete" et "O Fantasma" du même auteur étaient un cinéma brut, radical, et profondément sensuel. Ici, le réalisateur prend de la hauteur. Il entraîne son spectateur dans une balade spirituelle et mystérieuse, où tous les sens sont appelés : l'ouïe pour les oiseaux qui chantent ; la vue pour ces paysages somptueux et féériques ; le toucher pour les peaux nues et parfois abîmées ; l'odorat pour ces scènes incroyables où le héros fait ses besoins ; et enfin le goût pour le manque de nourriture et parfois les abus de chair, de fromage et d'œufs. Il ne faut pas chercher à comprendre. "L'Ornithologue" est une belle et longue promenade, sous-tendue de religiosité, comme un pèlerinage à la recherche du Beau cinématographique. Paul Hamy qui interprète le héros est magnifique. Il incarne son personnage avec grâce et noblesse. Il se donne totalement à cette œuvre qui ressemble à un hymne pour l'art, l'amour et la beauté.
    Tumtumtree
    Tumtumtree

    168 abonnés 533 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 14 décembre 2016
    Un film superbe et exigeant, mais dont la fin est complètement ratée. Le récit se construit extrêmement lentement mais réserve un long moment onirique comme on en voit rarement au cinéma. Le parcours de cet ornithologue s'apparente ouvertement à un conte avec ses bons et ses mauvais anges. Les différentes rencontres sont très réussies. On pense effectivement souvent à Miguel Gomes et à Alain Guiraudie (ce qui peut légitimement faire fuir les cinéphiles non-avertis !!!). Le comédien principal est parfait ; les paysages sont splendides. Les dernières vingt minutes se délitent quelque peu et le phénomène s'accentue jusqu'au ridicule dans les cinq dernières minutes où le film revêt un symbolisme très pénible. Et je ne parle même pas de la dernière minute... Malgré cela, le film reste une belle œuvre.
     Kurosawa
    Kurosawa

    583 abonnés 1 509 critiques Suivre son activité

    4,5
    Publiée le 10 février 2018
    Il suffit parfois d'une dizaine de minutes pour reconfigurer tout ce qui nous avait échappé, pour donner du sens à une matière hétéroclite qui avait jusque-là fasciné et envoûté mais dont la démarche restait obscure. Car si l'on s'en tient à une simple description, "L'Ornithologue" peut rebuter par sa construction en blocs, qui comporte entre autres deux jeunes asiatiques castratrices, une troupe d'hommes masqués dansant autour d'un feu, un jeune berger sourd-muet ou encore des amazones parlant latin. Si on ne peut prétendre lier tous ces personnages, on est tout de même en capacité d'effectuer des rapprochements grâce à un final qui lève le voile sur certaines de ces interrogations. Le film est en fait une relecture originale de la vie de Saint Antoine de Padoue, mais greffe au sacré une dimension profane et carnavalesque aussi déroutante que jubilatoire. Il ne faut donc pas s'étonner de voir dans le même film des ébats homosexuels au bord d'une rivière et des symboles bibliques très forts tels l'apparition d'une colombe, une hétérogénéité qui sert une réflexion complexe sur la foi puisque Fernando est un ornithologue athée, à l'instar du cinéaste, qui va progressivement devenir l'objet d'une transmutation en Saint Antoine de Padoue, paradoxalement interprété par João Pedro Rodrigues, achevée dans une fin à la fois sanglante et apaisée. Cette thématique du double, qui ne vaut pas que pour le personnage principal mais qui se voit généralisée à l'échelle du film, représente bien l'ambiguïté assumée de Rodrigues par rapport à Antoine de Padoue dans sa volonté d'en extraire une part biographique et de la mêler à des fantasmes – autant sexuels que cinématographiques. Et quand retentit au générique de fin la merveilleuse chanson"Canção de Engate" d'António Variações, on réalise à quel point "L'Ornithologue" est avant tout un grand film d'amour.
    WutheringHeights
    WutheringHeights

    108 abonnés 930 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 16 décembre 2016
    Une odyssée intérieure et symbolique fascinante, en pleine forêt portugaise. (...) Joao Pedro Rodrigues propose un cinéma poétique et singulier, ce qui est une raison suffisante pour se laisser embarquer.

    LA SUITE :
    Ramm-MeinLieberKritiker-Stein
    Ramm-MeinLieberKritiker-Stein

    133 abonnés 543 critiques Suivre son activité

    2,0
    Publiée le 15 décembre 2016
    Il est sur son canoë, et observe la faune volatile qui se constelle dans la flore sauvage. Puis, tout à coup, un accident : Fernando se retrouve emporté dans la violence du fleuve. João Pedro Rodrigues distille dans son cinquième long-métrage (après « O Fantasma » et « Mourir comme un homme ») des allusions directes à la vie qu’il aurait pu avoir. L’ornithologie en premier plan, dans l’oeillère d’un personnage principal passionné par ces êtres de plumes, tellement passionné qu’il ne quittera ses précieuses jumelles des yeux que lorsqu’il sera en danger de mort. Fernando nous apparaît sous différents angles à mesure que le scénario se déploie, d’abord touchant gaillard malchanceux qui ne peut rejoindre son amour (au masculin) qui lui téléphone et lui envoie message sur message, heure après heure, puis pour devenir tout à coup un être détestable, capable de tuer l’amant après l’acte sexuel, suite à un quiproquo qui semble un peu trop forcé, et surtout assez sur-joué. Et pourtant, Paul Hamy est brillant de justesse et d’habileté dans son rôle, sachant toucher le spectateur de par plusieurs sentiments. Si « L’ornithologue » ne s’éparpillait pas du côté du scénario, en rajoutant un mysticisme particulier qui pèse sur l’oeuvre plus qu’autre chose, l’impression aurait certainement été différente. Car l’utilisation des couleurs, toujours en variant changement d’une histoire à l’autre, est imposée à nous avec une véritable force. Histoires, car le film, lorsqu’il s’approprie de nouveaux personnages, diffère radicalement de température : l’aventure que le Fernando du film vit avec ces autres personnalités passe du chaud au froid d’un seul plan, l’évolution des relations est expédiée, pour le meilleur et pour le pire, car le réalisateur portugais nous perd petit à petit dans les abîmes de son film. Sans laisser guère de pause au spectateur déphasé, il passe du réel au surréaliste, créer de nouveaux détails scénaristiques à son histoire qui en possédait déjà trop, et termine sur une sorte de moralité décousue par rapport à ce qu’on pourrait nommer l’ « appartenance communautaire ». Ceux qui ont vu le film comprendront. Normalement.
    anonyme
    Un visiteur
    4,0
    Publiée le 16 décembre 2016
    Paul Hamy joue le rôle d'un ornithologue en pleine évasion dans les montagnes. Son occupation, bien sûr, observer les oiseaux. Un accident de kayak donne suite à une série d'aventures à côté de plusieurs personnages excentriques. Ceci risquait de devenir un parcours linéal chez n'importe quel réalisateur, mais Rodrigues réussit à nous enfoncer dans l'obscurité du récit.

    Le film commence avec des plans qu'on dirait sortis d'un documentaire de nature, nous charmant avec des belles images des vols des oiseaux pendant que le réalisateur lui-même pratique son hobby. Ensuite, le scénario dilue la narration dans l'histoire de l'endroit, la religion et aussi la mythologie. L'oppression que la nature exerce sur le personnage du titre devient, toutefois, le point le plus fort du film: il y a des scènes où la caméra se met du point de vue des oiseaux; vers la fin du récit le protagoniste dévient le réalisateur lui-même, profitant la confusion de la couchée de soleil, entre chien et loup. Ce déséquilibre que le réalisateur provoque chez le spectateur devient le plus proche qu'un autre artiste ait été de Tarkovski depuis des années. Le parcours du personnage tourmenté entre des ruines et des animaux se montre si troublant que beau. Comme exemple, le sublime passage du rencontre avec le berger, une scène magnifique et inoubliable.

    On doit également signaler le contenu fétichiste et érotique tout au long de l'oeuvre: un homme bâillonné souffre une érection difficile à cacher; une pluie dorée involontaire, puis une tension sexuelle in crescendo a moitié du film. On est rassurés de voir comment Rodrigues est capable de détruire encore une fois les limites de l’étiquette de cinéma queer -imposés injustement par quelques médias- pour continuer à facturer de l'art décomplexé sans renoncer à ses propres éléments habituels. /// Encore plus de fautes et d'erreurs sur le lien ci-dessous
    tomdjeuns
    tomdjeuns

    2 abonnés 39 critiques Suivre son activité

    0,5
    Publiée le 21 décembre 2016
    Vraiment nul... je ne perdrai pas plus de temps sur ce film, y compris pour en faire la critique! Fuyez, attention navet faussement intellectuel et puant la bondieuserie blasphématoire...
    Rapidement quand même quelques arguments :
    1/ aucun fil directeur à partir de la 15e minute de film
    2/ inutilement long (2h) pour aboutir à une fin des plus mauvaises, aucune explication de ce à quoi on vient d'assister (je regrette amèrement de ne pas être parti avant la fin, ma curiosité a été cette fois un sacré défaut)
    3/ film trop contemplatif et clairement trop décalé pour moi (et pourtant j'ai l'esprit ouvert, mais là!)
    2h perdues pour moi, ne faites pas cette même erreur!
    Voilà en espérant que cette fois mon commentaire ne soit pas censuré, il ne me semblait pas que mon avis soit universel! Vive la liberté d'expression (si elle existe encore!)
    Wilde
    Wilde

    28 abonnés 100 critiques Suivre son activité

    2,0
    Publiée le 12 janvier 2017
    Au départ, je pensais m'abstenir de faire une critique de ce très étrange et très perché "Ornithologue", car je n'ai saisi que très peu de choses de son histoire et de ses messages... bibliques? catholiques? C'est en tout cas très étrange, et trop alambiqué pour m'avoir touché.

    Je suis pourtant ouvert d'esprit et sensible à la poésie d'un film, son ambiance, même quand celle-ci ne m'est pas parfaitement perméable. Mais là, non. Son étrangeté est trop floue et au final, il est agaçant de tenter de saisir le message du réalisateur quand celui-ci ne semble pas avoir fait d'efforts pour rendre ce dernier accessible au public que nous sommes. La salle de ciné s'est vidée de moitié et la projection fut longue me concernant... cette quête spirituelle et cette transformation finale sont finalement beaucoup trop abstraits. Alors 2 étoiles pour le courage du réalisateur de sortir et assumer ce film, pour les paysages et pour Paul Hamy qui apporte une touche sensible à cet ensemble un peu glauque.
    Fêtons le cinéma
    Fêtons le cinéma

    688 abonnés 3 011 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 20 septembre 2019
    L’Ornithologue est une vie de saints. Et en cela un chemin de croix. Ou comment la pratique contemplative – dans le sens aristotélicien qui associe le temps libre à l’étude – de l’ornithologie se transforme peu à peu en chasse à l’homme au cours de laquelle l’objet de la contemplation (l’oiseau) devient une menace planant au-dessus du héros, incarnation de ce fanatisme divinement inspiré. Car du volatile unitaire naît une masse obscure qui se meut dégagée de toute contrainte relative à la pesanteur, à l’instar de ces deux touristes asiatiques qui s’emparent des propriétés de l’oiseau : ces dernières se substituent aux animaux contemplés et occupent la vision des jumelles, sautent d’un lieu à un autre sans être vues, sont littéralement des jumelles que Fernando confond. C’est attester leur statut d’allégorie. Comme l’entièreté des protagonistes, d’ailleurs : allégorie de la nature maladive de l’homme. Allégorie de sa foi gorgée de souffrances. Nous voyons des rondes autour d’un feu suivies du sacrifice d’un sanglier, nous apercevons un jeune homme boire directement aux pis de la chèvre, nous découvrons des amazones montées sur leur destrier et prêtes à l’attaque. Nul doute à avoir : homme et nature se raccordent au sein de cet espace boisé subitement élevé au statut de jardin des délices et des supplices. Une juxtaposition de rencontres change le périple de Fernando en récit mythologique, dont l’axiologie intrinsèque aurait toutefois été renversée : le héros avance seul et subit davantage l’odyssée qu’il ne la porte. Ses égarements lui font traverser des scènes paraboliques, du ligotage à l’arbre fruitier sous lequel il croque le fruit défendu. Rodrigues entend ainsi exhiber le martyre contemporain d’un Jésus homosexuel ; il pense son décor comme le cadre naturaliste d’une série d’hallucinations à effets de réel et brosse, par tableaux successifs, la passion comme un art de composition. Des gravures du Moyen Âge aux installations contemporaines formées d’un kayak et de poches gonflées, le film élabore de petites vignettes qui se trouvent dédoublées par la visite d’une chapelle abandonné : Fernando y découvre les étapes de la passion du Christ qui l’ont porté sur la croix. L’Ornithologue suit donc une dynamique d’entrée en martyre par un apprentissage conscient de la douleur : avec beaucoup de cynisme, il adapte dans le monde d’aujourd’hui la violence des textes et de l’idéologie qu’ils contiennent. Ce martyre repose sur le questionnement qui préoccupe notre personnage : l’hésitation entre la vie et la mort. Le crâne porté à sa hauteur dans une position de dialogue rappelle Shakespeare et le dilemme existentiel. Le crâne dans une main, les médicaments dans l’autre. C’est en réalité le sida et la persécution qui se trouvent ici incarnés : faut-il se battre contre vents et marées, ou disparaître en acceptant sa condition d’être faible, d’individu que la religion juge taré ? Car le film, à l’instar des deux lorgnettes d’une même paire de jumelles, aborde la solitude sous deux dimensions. Il s’agit d’abord de celle d’une homosexualité prohibée qui plonge celui qui la vit dans un désarroi constant. Sur ce point, le film va plus loin et refuse tout droit à la masculinité en la réduisant à l’image figée d’un attribut viril constamment représenté par le prisme de l’outrance et qui, en cela, met sur le devant de la scène les pratiques homosexuelles que l’Église réprouve. Pratiques que la nature, elle, rend néanmoins naturelles : la seule scène de sexe se déroule à même le sol, sans aucune forme de dramatisation ni d’excès phallique. Les corps sont nus et sont là, c’est tout. L’interdit est donc une construction idéologique et pèse sur l’homme, et encore plus sur l’homosexuel qui a le malheur de redoubler son pénis par celui de son compagnon. La deuxième solitude est, elle, intérieure. À une persécution communautaire qui empêche le marginal de s’intégrer aux structures sociales en place correspond la crise que vit un couple ne parvenant plus à communiquer – pas de réseau –, dessinant en creux l’ébauche d’un passé douloureux que l’on suppose marqué par le sida. Ces deux solitudes évoluent au fil des retournements scénaristiques et reproduisent les événements marquants de quelques saints (François, Thomas, Antoine). Le réalisateur prend un malin plaisir à se servir de la religion qui bannit l’homosexuel pour chanter le martyre glorieux d’un saint qui finira par canoniser cette même homosexualité, donc refonder la religion sur des valeurs inversées. Pied de nez énorme. Œuvre sur le fanatisme, L’Ornithologue se plaît à brouiller les frontières entre une réalité douloureuse et une rêverie cauchemardesque dans laquelle surgit un groupuscule d’hommes et de femmes à tête de poisson ou d’autre animal, évoquant au passage The Wicker Man premier du nom. En croisant comme il le fait les dérives sectaires que les siècles ont égrenées, le film aboutit à une peinture acerbe du marginal face à une communauté qui ne le comprend pas et le traque afin de le supprimer mais, sans le vouloir, va lui permettre d’accéder à la vie éternelle. Il puise dans cette atemporalité autant rugueuse que fantasmatique ce qu’il lui faut d’énergie pour dépasser le plaidoyer politique et s’ériger en errance d’un déshérité, d’un être qui n’a de cesse de passer d’une rive à l’autre jusqu’à, enfin, trouver la voie de la sanctification. Voici venir au monde Saint-Antoine, saint patron des naufragés et des marginaux. Celui qui restaure le souffle vital à celui qui l’a perdu, apporte la fertilité comme remède à la stérilité. Voilà, en fin de compte, la bible ironique de l’homosexuel, une œuvre qui extrait de la souffrance des signes de vie. Rodrigues affirme ici que la persécution crée le martyre, et que le martyre est la seule condition susceptible de faire entrer l’homosexuel dans la vie éternelle. Ou comment immortaliser celui que l’on a, pendant si longtemps, cherché à détruire. « Tu es vivant, tu n’as jamais été mort ».
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