Avant de voir ce film, j'avais des a priori : un réalisateur qui passe à "Des Mots de Minuit" pour expliciter politiquement son œuvre ; des éloges tout droit sorties des feuilles de choux bobos de Télérama, Libération, Cahiers du Cinéma (auxquels je suis inscrit et qui peuvent néanmoins s'avérer tout de même fort justes et intéressants)... Bref, j'avais des soupçons ; ils ont été confirmé. Je ne suis pourtant pas buté: la preuve, je suis allé voir cette chose. Et je me demande comment autant de critiques peuvent être si bonnes pour ce navet pseudo-socio-philosophico-intellectuel. Même Jean-Baptiste Thoret a aimé! Mais comment peut-on vraiment voir ici un chef-d’œuvre?
Car le rythme est plus mou qu'un carambar en plein soleil d'été, le décor se limitant au lac ; ce qui n'est, au fond, pas forcément un mal, mais ce qui, ici, devient répétitif, banal... chiant, en somme.
Les acteurs sont tous limites dans leur jeu, voire carrément caricaturaux (notamment l'enquêteur, toujours fringué de la même façon chaque jour qui passe) ; mais, surtout, c'est l'absence totale et évidente d'intrigue qui se fait ressentir. On a droit à un pauvre meurtre rapide, au bout d'une demi-heure/trois quart d'heure, et toute une "tension" lassante se véhicule grâce à ça. Autant dire que l'événement est présenté de manière si plate que finalement, cela fait beaucoup de bruit pour rien.
Et puis, comme par héritage du déjà graveleux/insupportable/mauvais "Baise Moi" de Despentes et Trin Thi, le réalisateur ressent le besoin de nous mettre des scènes quasi pornos à longueur de temps ; et z'y-va qu'on se tripote, qu'on se masturbe, qu'on se "prend"... Un déluge de plans gratuits, souvent des gros plans d'ailleurs, qui mettent non seulement mal à l'aise, mais qui dégoûterait presque : personnellement je ne vais pas au ciné pour voir un film porno. Le sexe, ça ne me dérange pas ("Caligula" de Brass, par exemple), mais là c'est répétitif jusqu'à l’écœurement. Sans compter les plans sans sexe, mais qui nous offre sur un plateau testicules et pénis pendouillants, la plage étant nudiste.
Puisque l'action est inexistante (à part les parties de jambes en l'air), ça blablate à tout va, pour ne rien dire, pour parler de tout et de rien, quitte à ressasser, répéter. Autant de subterfuges pour atteindre la limite de temps d'un long-métrage sortant en salle.
Alors, pour résumer, que dire? Que c'est long, assez mal joué, sans histoire ni véritable scénario, avec une mise en scène banale - n'en déplaisent à ceux qui aiment ces longs plans fixes : ils ne sont pas forcément signes de génie, et il faut s'appeler Haneke ou Delépine/Kervern pour que cela soit justifié et appréciable. Autant dire que c'est une heure et demie foutue en l'air. A réserver aux aficionados des films prétentieusement "intellectuels", fans de Alain Cavalier, Bresson et consorts. Pour les autres, il est conseillé de (re)voir, dans un même registre, l'autrement plus génial "Cruising" ("La Chasse") de William Friedkin avec l'hallucinant Pacino.