Claire Denis, protégée par sa réputation "auteuriste", due surtout à la critique pro, gaucho-bobo, nous livre ici une "oeuvre" où le vide le dispute à la fatuité. Soit Marco Silvestri (Vincent Lindon, le seul à tenter de donner quelque épaisseur et crédibilité à son personnage), commandant de tanker quinqua, rappelé du bout du monde par sa cadette Sandra, dont le mari, Jacques (par ailleurs meilleur ami de Marco), s'est défenestré une nuit de grande pluie, la laissant au bord de la faillite (usine de chaussures familiale) et en charge de Justine, une ado extrêmement perturbée (que l'on découvre la nuit du suicide paternel errant totalement nue, mais chaussée, près du lieu du drame). Marco emménageant au dernier étage d'un immeuble haussmannien (en camp volant), vendant son Alfa de collection, puis sa montre de prix, réalisant son assurance-vie, déterminé et les mâchoires serrées, on pressent un "rebondissement" imminent. Vengeance probable du grand frère et tonton. Cible : le vieillard qui habite à l'étage en-dessous, Edouard Laporte (Michel Subor). Moyen de l'atteindre : séduire sa (beaucoup plus jeune) maîtresse, pas trop farouche, Raphaëlle (Chiara Mastroianni, égale à elle-même, sans talent et même sans beauté). Les "développements" espérés n'auront rien d'haletant, toute l'histoire tenant en quelques lignes, fort banales, mais "enjolivées" par du sordide, souvent (pédophilie, inceste) et du malsain, au minimum (viol dans une sorte de boîte échangiste de campagne, tenue par un jeune couple allumé, avec produits locaux en godemichés improvisés). Seul le découpage se veut "original". Ce pseudo puzzle, dont l'étonnant est vite éventé (tous "salauds"), est présenté mal cadré, mal éclairé, avec des images pas belles et tremblotantes, des répliques rares et très souvent inaudibles (le "style", sans doute), et plutôt très mal joué (Lindon excepté, qui fait ce qu'il peut) - le pire étant le passage à l'écran (bref heureusement) d'Audrey, l'une des filles de Marco, suivi de peu de la lamentable prestation de M° Dupond-Moretti en...avocat (on espère qu'en "vrai", il est meilleur, lui qui est réputé comme étant un des ténors pénalistes du barreau !).