Dans le coin gauche, Edward Norton joue un employé médiocre qui subit le poids de la société. Il est émasculé par la violence et la structure du système (tertiarisation, société de consommation, lobotomisation) qui se résume à une vie de célibataire et d’esclave inintéressant. Dans le coin droit, Brad Pitt antinomique à cette société, se définit à Norton comme étant « intelligent, compètent et surtout libre comme tu ne l’es pas ». B.Pitt vit dans le réel alors qu’E.Norton est dans le virtuel. Dès le générique, on se balade dans les neurones d’un cerveau pollué (virtuel) pour glisser sur une arme dans la bouche (réel) d’ E.Norton. 30 secondes après, il se présente et raconte qu’il lutte chaque jour contre l’insomnie. Il va donc chercher une raison de vivre en allant à des groupes de partage, en regardant le malheur des autres pour se faire une raison sur sa vie personnelle. Il rencontre Martha, interprétée par Helena Bonam Carter, qui sera le début de son éveil.
Rencontré lors d’un voyage en avion, E.Norton sympathise avec B.Pitt et voit en lui tout ce qu’il souhaiterait être. C’est le concept du « Surmoi » de Freud (Com 1). Ils vont créer ensemble un club axé autour de combats ultra-violents à mains nues.
La question du corps (réel) et de l’esprit (virtuel) entre en jeu : E.Norton n’utilise pas son esprit dans sa vie perso et pro puisqu’il est inféodé à la société de consommation et c’est justement par son corps (le combat) qu’il arrive à critiquer en frontal cette société. C’est par cette violence qu’il va redécouvrir sa virilité, son charisme, sa posture et sa vie. C’est l’effondrement des espérances placées dans le virtualisme, porte de sortie des contradictions internes de plus en plus insurmontables d’un système à bout de souffle (Com 2). Avec ce changement radical de vie, E.Norton pense devenir fou mais cette folie est-elle bien réelle ?
Au milieu du film, Brad Pitt lance une très belle tirade à un groupe très attentif qui fait basculer le film dans sa troisième partie : «Je vois tout ce potentiel et je le vois gâché. Bon dieu, toute une génération de pompistes, de serveurs, d’esclaves en cols blancs, la pub nous fait courir après les voitures et vêtements. Des boulots que l’on déteste pour acheter des trucs dont on n’a pas besoin. On est les enfants oubliés de l’histoire sans but, ni patrie, on n’a pas de grande guerre, de grande dépression. Notre grande guerre est spirituelle et notre grande dépression c’est notre vie ».
Face à cette réalité qui s’impose, la dernière partie du film consiste à détruire cette dictature du cool (consommation, banque … vous avez compris) en remettant les compteurs à zéro. Mais le chaos n’est pas une fin en soi, juste le début d’une nouvelle ère et c’est pourquoi le dernier plan se termine par un homme et une femme (civilisation, prise de conscience totale, passage à l’âge adulte …) assistant à un nouveau monde sur une musique des Pixies « Where Is My Mind », tout est dit. Alors E.Norton est-il fou ? Brad Pitt, un génie ? Quel camp choisirez-vous ?