Fight Club, ou l'histoire d'un film peu médiatisé, peu rentable... Et qui, pourtant, fait aujourd'hui partie de ces incontournables chefs-d'œuvre du 7ème Art. Un gain de popularité qui s'explique notamment grâce au bouche à oreille, principalement survenu lors de sa commercialisation en DVD – la presse ayant quelque peu déblatéré contre le long métrage au moment de sa sortie en salles – ainsi que la reconnaissance du public qui, très vite, classifiera l'œuvre de David Fincher comme étant révolutionnaire. A la manière d'Orange Mécanique de Stanley Kubrick au début des années 70, Fight Club va mettre à mal le politiquement correct et imposera, à échelle planétaire, une remise en question de notre mode de fonctionnement et de nos aspirations dans une société capitaliste où plus rien ne va – nous laissant en tête-à-tête avec notre alter ego anarchiste, désireux de refaire le Monde. Plus de 20 ans après sa sortie, les thèmes abordés sont plus que jamais d'actualité : Le matérialisme outrancier, le pouvoir des banques, la prépondérance des marchés financiers etc. Toutes ces dénonciations influent sur notre perception de nous-mêmes et sur notre véritable nature en fin de compte : Des animaux, dotés d'un instinct parfois primitif, dont on se sent peu à peu éloignés, faute à une société aseptisée dans laquelle le système cherche à nous faire entrer. En ce sens, on peut tous s'identifier au personnage de Tyler Durden, à ce mal-être qui le ronge, et à ce pseudo remède qui voudrait que l'on se sente mieux en achetant des futilités diverses et variées dans le but de combler notre vide intérieur. Un sentiment de superficialité qui ne nous est pas anodin, par lequel nous sommes tous déjà passés – au moins une fois dans notre existence – et qui nous amène à une certaine frustration. Fight Club est une sorte de cri du cœur ; un exutoire à tous les révoltés de ce système qui est le nôtre. Il a pour visée de renouer avec notre animalité (le temps d'une bagarre ou d'une soirée) et nous faire retrouver le goût d'être en vie. Le film nous parle directement, et nous devenons de ce fait membre à part entière du Fight Club. Qu'est-ce qui fait que l'on se sent vivant ? Quelle nature pour remplacer celle inhérente à l'être humain ? Voilà les vraies questions que soulèvent le long métrage, pour le moins controversé, de David Fincher. Des questions universelles qui interrogent sur notre manière d'appréhender le Monde, et qui tendent vers une réalité qui dérange – qui vaut d'ailleurs à Brad Pitt une tirade exceptionnelle qui résume à elle seule toute la psychologie d'un être revanchard, furieux du devenir de notre société. Si Fight Club est aujourd'hui devenu culte, c'est par sa faculté à voir au delà de son temps, c'est par la méticulosité du travail de son metteur en scène, c'est par son trio d'acteurs emblématique, mais surtout grâce au profond message qu'il véhicule. Un film coup de poing, savamment construit, qui n'a pas fini de traverser les âges !