Sarah Polley, l'actrice de « Go », « L'Armée des morts », « Mr. Nobody » et du drame « Ma vie sans moi », est aussi réalisatrice, le saviez-vous ? Après avoir affolé la critique avec le désarmant « Loin d'elle » autour du sujet difficile de la maladie d'Alzheimer, elle récidive en 2011 avec le désopilant « Take This Waltz », hélas jamais parvenu jusqu'à l'hexagone, la faute à l'embouteillage des nombreuses sorties ciné chaque semaine. Thierry Chèze de Studio Ciné Live déclare s'agissant du film : « Sarah Polley sait filmer, comme peu, le trouble des visages, l'embarras des corps, les fous rires et les larmes ». Aujourd'hui, l'actrice – réalisatrice présente sa nouvelle prouesse, le docu-fiction « Stories we tell », sacré meilleur documentaire au Festival de Toronto.
Avec « Stories we tell », Sarah Polley la cinéaste se met à nu et déverse, de manière bouleversante et sincère, l'histoire rocambolesque de sa propre famille, notamment de sa mère, décédée avant même de la connaître.
Début tonitruant sur fond sonore pop « Skinny Love » by Bon Iver, le reste de l'aventure ne faiblira jamais, au rythme de quête de vérité de la jeune Polley.
Sarah Polley réalise une œuvre intimiste, mais extravertie, au carrefour de plusieurs genres, recoupant des interviews de comédiens incarnant les membres de sa famille, des (fausses) images Super 8 en forme de souvenirs et des moments purement fictionnels.
Bonne idée également que cette mise en abîme, avec la perspective de rendre l'affaire « publique ».
Lorsqu'elle finit son docu-ficion avec une pointe d'ironie – un homme interrogé face caméra confesse avoir lui aussi couché avec la mère de Polley – Sarah Polley marque ainsi au fer rouge une industrie en proie aux secrets et aux mensonges.
Bilan : « Stories we tell » est le « pamphlet vérité » d'une réalisatrice iconique. Sincère et charnelle, Sarah Polley dresse un portrait tumultueux de sa famille, en forme de confession cinématographique. Réalisé avec habileté et humour, son documentaire est à la fois dramatiquement authentique et jubilatoire dans sa construction narrative.