Un très joli film au charme fou et au ton très juste. On est dans le New York branché de l’art contemporain et aussi des altermondialistes. On vit presque en communauté, on s’aide, on veut manger Bio et ne pas rentrer complètement dans le système. Une jeune française, fille d’une artiste contemporaine très célèbre, essaye de se faire une place dans ce monde de requins, c’est difficile. Elle est hébergée pour quelque temps par un couple bohème : lui veut faire de la musique mais sans compromission avec le système et ne veut pas d’un travail « normal », mais sa femme, a trouvé un boulot d’infirmière et veut s’intégrer dans la société. Leur petite fille est à mi-chemin, et porte d’ailleurs deux prénoms : Maggie le réel et Rainbow l’alternatif. L’arrivée de la jeune française va servir de révélateur, et chacun va essayer d’aller au bout de son rêve. Le film dégage beaucoup d’humour, beaucoup de fantaisie et aussi beaucoup de respect pour ces personnages qui se veulent hors du cadre. Des scènes absolument cocasses voir délirantes, comme toute la partie où Lola fait le modèle pour des groupes d’artistes nudistes, tous plus fous les uns que les autres. C’est à la fois moqueur, tendre, libéré, à l’image du film, le peintre à la longue barbe très 60’s, dénudé en peignant, en plein NY, nous fait éclater de rire. Le dîner de Shabbat chez les parents du chanteur est formidable, on est proche de l’humour de Woody Allen, un humour fin, mais très corrosif aussi. Les dialogues sont savoureux .Les soirées alternatives données chez le héros sont un régal, avec ce livre unique document, qui se passe de main en main. Tout l’épisode du poisson rouge et de la petite fille est excellent. A noter la magnifique apparition de Anne Consigny, toujours parfaite dans ses interprétations, quelle grande actrice !!! pour une fois elle interprète un rôle de grande bourgeoisie, stylée et charmeuse. Qui lui donnera enfin le premier rôle qu’elle mérite ? La scène finale est superbe où la mère égoïste regarde la création de Lola projeté au MOMA, et montre du respect et de l’attention pour sa fille, qui finalement a juste besoin d’être aimée. De plus toutes ces petites vignettes modernes, vidéo d’art contemporains sont excellentes et intelligemment intégrées dans le récit. La jeune Lola Bessis a un talent fou aussi bien devant la caméra, actrice charmante, naturelle, juste et talentueuse que dans son rôle de co- réalisatrice. Le jeune Dustin Guy Defa est formidable en Pierrot lunaire qui rêve de pureté et d’un monde sans argent, il n’arrive pas à payer, ne peut pas toucher des Dollars. Un film très émouvant, très poètique, au charme fou, avec beaucoup de profondeur aussi, qui peut se lire à plusieurs niveaux : la fin de l’insouciance de la jeunesse, la difficulté de la créativité, l’accès à la maturité. C’est bien dommage que des films comme cela ne trouve pas leur public, car c’est un très bon film qui pose des questions passionnantes, contemporaines, tout en nous amusant. Une des grandes émotions cinématographique de ces dernières années. En espérant que ces deux réalisateurs puissent nous donner d’autres Opus dans le futur.