Tout au long du film je n'ai cessé d'oublier qu'il s'agissait du premier long de Lola Bessis et Ruben Amar, pour m'en souvenir ensuite avec la même surprise et la même admiration à chaque fois. L'image est superbe, et comment ont-ils dégoté tous ces merveilleux comédiens, désarmants de naturel (Lola est comprise dans le tas), avec le peu de moyens qu'ils avaient ? Une chose est sûre, ces deux-là ont su bien s'entourer en embarquant tout ce beau petit monde dans une vague d'énergie et un optimisme contagieux.
Il en résulte un film frais, doux et poétique, mais parmi ces moments de rêve on ne manque pas de nous rappeler à la réalité. Les personnages, aussi drôles, gais et attachants soient-ils, alternent entre douce insouciance et coups durs, et c'est bien tout ce qui fait le charme de Swim Little Fish Swim : il nous transmet une énergie positive et créatrice, tout en admettant qu'il n'est pas toujours facile de concilier ses désirs et la réalité. Jusqu'à quel point peut-on faire des compromis ?
Finalement, on ne peut compter que sur son courage.
Enfin, je n'ai pas pu retenir mes larmes à quelques instants clés du film, notamment lorsque les relations mère-fille ont été évoquées. Une relation aussi forte que délicate, qui trouve ses sources au fin-fond de nos entrailles. Elle est d'une complexité folle (pas étonnant que certaines-et même certains d'ailleurs- payent des psys une fortune pour digérer tout ça), et il est capital pour une fille de reconnaître et d'accepter ce dont elle a hérité de sa mère, tout en coupant le cordon pour s'épanouir seule. C'est retranscrit avec beaucoup de justesse et de délicatesse dans le film, ce qui le rend particulièrement émouvant.
Plus généralement, il me semble qu'il montre à quel point les couples, mères-filles comme amoureux, sont finalement des handicapés des sentiments. Pourtant, ceux-ci n'en sont pas moins réels, même s'ils sont maladroitement exprimés. Il faut juste trouver le bon moyen de les révéler. Ajoutez une bande-son truffée de pépites et New York en toile de fond, la principale muse de ce film puisque c'est elle qui l'a inspiré aux auteurs, et vous obtenez une merveille de sensibilité et de poésie.
Je précise que si je confesse avoir versé quelques larmes durant la séance, alors que je n'ai eu de cesse d'essayer de ravaler mes sanglots, c'est parce qu'une fois les lumières rallumées, j'ai pu constater que je n'étais pas la seule à avoir les mirettes tout embuées.
Encore bravo !