L’idée de ce documentaire vient d’une expérience du réalisateur, Pascal Plisson, alors qu’il se trouvait là pour un autre projet en Afrique : "J'ai habité plusieurs années au Kenya où je filmais pour National Geographic, la BBC, Canal+, et un jour en faisant un repérage près du lac Magadi, je tombe sur un groupe de trois jeunes guerriers Massaï, qui n'avaient pas de lances, mais de petites sacoches en toile de jute. Ils couraient depuis l'aube depuis une heure et demi sous une chaleur terrible, et ils n'étaient encore qu'à la moitié du chemin, pour aller à l'école. (…) Ils m'ont expliqué qu'ils souhaitaient changer de vie, qu'ils ne voulaient plus être guerriers, et qu'ils voulaient aller à l'école. Cette rencontre extraordinaire a été pour moi le déclic. Lors de mes voyages, j'ai croisé ensuite d'autres enfants, avec des petits cartables, souvent pieds nus, faisant aussi des kilomètres dans la forêt, dans la savane. J'ai décidé de faire un film sur ces gamins du bout du monde qui sont prêts à tout pour aller à l'école."
Passionné d’Afrique, Pascal Plisson a passé plus de 15 ans à voyager à travers le continent pour ses documentaires animaliers. Il réalise son premier long-métrage en 2004, un documentaire sur les nomades de l’Afrique de l’Est, Massaï, les guerriers de la pluie. Ses connaissances sur le terrain l’ont, d’ailleurs, amené à travailler sur le scénario du film Safari d’Olivier Baroux en 2009.
Le réalisateur et le producteur ont recruté les enfants sur deux critères : leur âge (entre 7 et 12 ans) et la distance qui les sépare chaque jour de leur école (pas moins de 10 kilomètres) : "Nous avons cherché des enfants qui non seulement se battent pour aller à l’école, mais qui en plus ont la lucidité de leur situation et se rendent compte que leur démarche est essentielle pour leur avenir. Il existe beaucoup d’enfants qui ne sont pas scolarisés pour le savoir qu’ils peuvent acquérir - parfois, l’école représente surtout leur seule chance d’avoir un repas par jour."
Jean-François Camilleri, le président-directeur général de Walt Disney Company France, s’est engagé personnellement sur le projet et a permis de lancer le processus de production du documentaire.
Le bon équilibre des choix musicaux a été difficile à harmoniser pour le réalisateur, celui-ci souhaitant qu'ils puissent se fondre et s’allier aux histoires du documentaire : "La musique ethnique pouvait nous rapprocher des personnages et de leur culture mais nous aurait emmené vers un film de voyage et la couleur locale nous aurait fait perdre l’universalité des sentiments que nous voulions transmettre. Laurent Ferlet, à qui j’ai fait appel pour composer la musique a réussi, en utilisant des cordes d’orchestres et des instruments ethniques, à définir une couleur musicale qui nous permet de relier une histoire à l’autre."
Si dans Sur le chemin de l'école, nous nous retrouvons avec Zahira, Jackson, Carlos et Samuel, il a été longtemps envisagé de tourner avec un cinquième enfant dans un autre pays. C’est pour éviter "l’effet catalogue touristique" que le documentaire s’est limité à quatre histoires.
Avant même la réalisation du projet, l’initiative de Pascal Plisson a permis d’améliorer le quotidien d'enfants Chinois. Alors qu’il se trouvait sur place, lors d’un festival chinois, il en a profité pour partir en repérage et a rapidement trouvé l’histoire d’un enfant particulièrement intéressante. Cependant, alors qu’il prévoyait de suivre le parcours de cet écolier, la situation s’est miraculeusement corrigée : "En Chine, les choses ont changé dès que l’on a dit que le sujet nous intéressait, car pour les Chinois, il n’existe officiellement aucun problème d’accès à l’éducation et le fait même de faire ce film impliquait qu’il pouvait y en avoir. C’était inacceptable pour eux. En quinze jours, ils ont sécurisé le parcours des enfants, ce dont on ne peut que se réjouir ! Le chemin parcouru ne s’inscrivait alors plus dans le sujet du film."
Adepte des documentaires animaliers et des commentaires qui vont avec, Pascal Plisson avait, un temps, songé à incorporer une voix-off qui couvrirait l’ensemble du film. Une idée vite abandonnée lors du dérushage des séquences : "Quand on s’est aperçus que ce que disaient les enfants était hallucinant, que le film tenait avec leurs propos et leurs voix, j’ai demandé à retirer la voix-off pour les laisser vivre."
Le tournage s’est étalé de février à octobre 2012 et, pour ne pas trop interférer dans la vie de ces enfants et de leurs camarades, les membres de l'équipe de tournage ne restaient pas plus de douze jours sur place. L’équipe technique n’était composée que du réalisateur, du chef opérateur et de l’ingénieur du son, ainsi que d’une petite équipe de six personnes pour la régie.
Pascal Plisson n'a pas simplement fait un film, pour lui, il s’agit davantage d'une aventure humaine à travers ces enfants qui lui ont offert une leçon de vie : "Il est impossible de s’immerger dans ce genre de projet et d’en ressortir comme si rien ne s’était passé, en laissant les gens là où on les a rencontrés. Je vois toujours les enfants. J’entretiens une relation avec eux qui est très forte. Ça me fait quatre enfants en plus ! De toute façon, on ne peut pas faire un film comme ça sans en sortir indemne."
Depuis la fin du tournage, le réalisateur n'a pas oublié son engagement et a ainsi aidé les écoles qui lui ont fait confiance, en fournissant divers fournitures scolaires et même des bibliothèques pour les élèves. Il a également continué de voir Zahira, Jackson, Carlos et Samuel : "J’ai changé Jackson d’école pour qu’il apprenne mieux. Je lui ai trouvé un parrain qui s’occupe de sa scolarité et de celle de sa soeur parce qu’il n’était pas question de les séparer (…). J’ai trouvé aussi un parrain à Samuel, qui leur construit une maison. Je le suis médicalement, on lui a trouvé un vrai fauteuil… Les besoins de Carlos et de Zahira sont différents, et nous avons travaillé avec les écoles ou les associations qui les appuient, comme Aide et Action."