On ne dira jamais à quel point Hugh Grant est un acteur particulièrement sous-estimé, à cause de son image de beau gosse anglais bien comme il faut, cantonné aux films romantiques. Certes, l’acteur aura largement participé à ce "parcage" en se limitant trop souvent à ce genre de production. Mais, force est de constater qu’il est toujours excellent et qu’il parvient à insuffler son ironie et son détachement dans chacun de ses personnages. C’est, ainsi, le cas avec ce "Mickey les yeux bleus", sympathique comédie américaine brocardant gentiment la mafia italienne. Autant le dire tout de suite, la subtilité n’est pas forcément la qualité première du scénario qui use de toutes les grosses ficelles sur le sujet (les restaurant italiens, les looks improbables, les intimidations, le chantage, l’inculture générale…) et de certains facilités scénaristiques (le patron du héros qui accepte tous ses dérapages sans broncher, les hommes de main qui ne voient pas l’imposture pourtant flagrante…) mais cette lourdeur, par moments, rend l’interprétation de Hugh Grant d’autant plus salvatrice. En effet, c’est avec un certain plaisir coupable qu’on observe cet anglais pur jus (avec son élégance et une certaine inexpérience en matière de violence) déambuler au milieu de mafieux endurcis. Le décalage entre les deux univers est, bien évidemment, le moteur comique du film… et ça marche plutôt bien, même si Hugh Grant souffre parfois du manque de subtilité des scénaristes (la scène où il tente de se faire passer pour un mafieux aurait gagné à être plus écrite). Une autre bonne idée du film est d’avoir fait du rôle de la fiancée (Jeanne Tripplehorn) une femme forte, loin des stéréotypes de la greluche amoureuse et inconséquente… et de ne pas avoir affublé l’histoire d’amour d’un romantisme gnan-gnan qui serait venir desservir le ton humoristique de l’intrigue. Mais, surtout, quelle grande idée d’avoir fait du rôle du beau-père mafieux (James Caan, comme une évidence et un clin d’œil sympa) un sous-fifre et non le mafioso en chef. Ce placement hiérarchique permet, en effet, de nourrir un peu le personnage, tiraillé entre ses obligations envers la Famille et son amour pour sa fille, et donne quelques séquences plutôt amusantes (voir l’enterrement du corps dans un terrain vague). Les relations entre les personnages confère, d’ailleurs, au film, une véritable sympathie puisqu’on passe un bon moment tout en sachant qu’on n’et pas devant le chef d’œuvre de l’année. Et puis, la réunion de seconds rôles aux gueules plus incroyables les unes que les autres fait, également, plaisir, de Burt Young à Joe Vitterelli en passant par John Ventimiglia et Vincent Pastore. On en oublierait presque le final, franchement tiré par les cheveux mais qui s’inscrit dans le ton inoffensif de cette comédie, certes loin d’être indispensable, mais, également, loin d’être déplaisante. Pour autant, dans un genre similaire, "Mafia Blues" était bien meilleur.