Si les spectateurs lambda ont pu s’agacer qu’une nouvelle saga "Spiderman" soit, à nouveau, initiée sur grand écran (la troisième en 10 ans, il est vrai, avec trois interprètes différents), les fans de comics, et plus généralement, ceux du Marvel Universe (dont je fais partie) ont forcément été ravis du retour au bercail de ce brave Peter Parker. Et, avec ce "Homecoming", le super-héros s’offre une véritable cure de jouvence, à tous points de vue. Par son interprète, tout d’abord, à savoir l’inattendu Tom Holland, qui rempile après sa jouissive apparition dans "Civil War" et qui confirme tout le bien qu’on a pu (instantanément) penser de lui. En rajeunissant son héros, Marvel a compris l’essence du personnage et surtout, lui permet d’évoluer dans une logique scénaristique différente de ses prédécesseurs. Cette jeunesse permet, du reste, une interaction vraiment intéressante avec les autres personnages, à commencer par Happy (excellent Jon Favreau, en nounou à bout de patience) et Tony Stark (campé par le toujours plus que parfait Robert Downey Jr). Le rôle de mentor tenu par Stark permet, non seulement, d’éviter une énième scène de mort d’oncle Ben… mais permet, également, de mesurer le chemin restant à parcourir par l’aspirant héros. Spiderman est, ainsi, ramené constamment à son jeune âge (ce qui est tout de même plus crédible) et permet au film d’arborer un ton plus teen movie, dans le sens le plus noble du terme
(ce qui est confirmé par l’apparition furtive d’un extrait du culte "Le Folle Journée de Ferris Bueller")
. "Spiderman : Homecoming" est, ainsi, très rafraîchissant avec ses lycéens aux préoccupations de leur âge (les cours, les concours, les filles, les humiliations…), sa BO gentiment rock (voir l’extraordinaire générique de fin au son de "Blitzkrieg Bop" des Ramones mais, également, l’excellente reprise du thème de Spiderman en ouverture) mais, également, ses punchlines et ses gags très drôles (la géniale scène d’ouverture façon found footage, les vidéos préventives de Captain America…). Le parti-pris (risqué mais ô combien nécessaire) de faire table rase de la genèse de Spiderman (déjà trop vue sur grand écran) est, également, payant et permet aux scénaristes de se concentrer sur l’histoire, sans s’éparpiller. On assiste, donc, pas tant à la naissance d’un héros qu’à son difficile apprentissage et aux multiples embûches qu’il va rencontrer de toutes parts. Peter Parker est loin d’être présenté comme un surhomme mais simplement comme un ado maîtrisant mal ses pouvoirs mais très désireux de faire ses preuves… soit une allégorie, certes simple mais efficace, de l’adolescence (avec son incompréhension face aux adultes). Il s’agit, également, d’un complément bienvenu au thème central du comics (un grand pouvoir suppose de grandes responsabilités) puisqu’on a enfin droit à une réflexion sur la responsabilité des adultes qui le laisse un ado se mettre en danger pour pallier leurs carences. Le toilettage scénaristique opéré est, donc, la vraie bonne surprise du film et son intégration dans le Marvel Universe (où l’existence des super-héros n’est plus un secret et fait partie du quotidien des gens) est parfaite. La réécriture des seconds rôles connus de l’univers de Spiderman est, tout autant, salutaire. Outre une Tante May (Marisa Tomei) décidément plus sexy et fun que son homologue papier, on retrouve un Ned Leeds (étonnant Jacob Baloton) comme nouveau meilleur ami du héros en lieu et place d'Harry Osborn, une Liz Allen (Laura Harrier) en nouvelle petite amie, une
MJ façon garçon manqué asocial
(Zendaya, tout simplement extraordinaire…
si tant est qu’elle campe bien ce personnage, ce qui n’est pas certain à en croire les producteurs
) et un Flash Thompson (Tony Revolori) non plus sportif mais intello. Ces personnages s’inscrivent du reste, dans l'air du temps, de par leurs origines respectives (asiatiques, afro-américains, latinos... on est bien loin des WASP habituels, ce qui devrait, aider à une identification par un plus large public). Enfin, j’admets avoir été assez bluffé par le méchant du film, à savoir le Vautour, qui était, jusqu’à lors, un des rares grands vilains qui n’avait pas eu droits aux honneurs du grand écran mais dont je me méfiais un peu au vu de son potentiel pas forcément extraordinaire. Une fois encore, l’écriture du personnage
et le twist assez inattendu dont il fait l’objet
sont une vraie bouffée d’oxygène dans une adaptation de comics où la subtilité n’est pas toujours le maître mot. Les motivations du Vautour sont, non seulement, intéressantes mais s’avèrent, surtout, terriblement contemporaines et crédibles. L’interprétation de Michael Keaton, qui peut se montrer, tout à tour, terriblement cool et terriblement menaçant, achève de faire de ce personnage l’un des meilleurs méchants d’adaptation de comics qu’on ait vu depuis longtemps. Non, décidément, je n’ai pas trouvé de réels défauts à ce "Spiderman : Homecoming", si ce n’est qu’il reste limité dans son propos et qu’il souffre, par moments de petites baisses de rythme. Pour autant, le film assure son quota de scènes spectaculaires (voir l'attaque du ferry ou l’affrontement finale) et la séquence finale
qui voit Parker refusait d’intégrer les Avengers
est, sans doute, un des point d’orgue comique du film et achève de convaincre que le personnage va faire beaucoup de bien à l’Univers Marvel. Comme quoi, il est parfaitement possible de prendre des risques avec un ton très différents dans les films solo. Marvel semble l’avoir enfin compris… ce qui les rendra encore plus brillant dans leur univers étendu.