« Night on earth » est un film de Jim Jarmusch relativement peu connu, et je reconnais que si l’un de mes éclaireurs ne m’en avait pas parlé je serais passée à côté. Et ça aurait été dommage. Le film relate le quotidien, ou plutôt quelques heures dans le quotidien de cinq chauffeurs de taxis dans cinq villes différentes : Los Angeles, New-York, Paris, Rome et Helsinki. Par ce biais, le réalisateur étudie cinq cultures différentes au travers des relations entre les conducteurs et leurs passagers. Des histoires tellement courtes que le spectateur ne peut ressentir de la lassitude, du fait que la fin de la course correspond quasiment toujours à la fin du passage. Dans ce film à sketches, on remarque plusieurs dénominateurs communs. Tout d’abord, les héros ce ne sont pas les personnages. Les vrais héros, c’est ce bon vieux taxi jaune, la route parcourue ainsi que la ville plongée dans l’obscurité de la nuit. Ce sont pour la plupart des petites scènes insignifiantes, mais qui trouvent toute leur saveur grâce à la qualité d’écriture des dialogues et des personnages. Ces courtes intrigues d’une durée moyenne de vingt minutes se trouvent souvent être drôles, absurdes mais aussi parfois émouvantes, comme le passage à Helsinki. Il s’agit surtout d’un bel hommage à cinq magnifiques métropoles. Toutes sont mises en valeur de façon égale, par des plans fixes introduisant le passage : rues désertes, horloge silencieuse, passage de véhicule... Les plans sont relativement similaires tout en soulignant la différence de chaque ville, ce qui les rend uniques. Après une première histoire à Los Angeles ne misant que sur les beaux yeux et le potentiel de Winona Ryder, nous nous rendons à Los Angeles en compagnie de Giancarlo Esposito et Armin Mueller-Stahl. Ici Jim Jarmusch dévoile la naissance d’une histoire d’amitié touchante. L’intrigue parisienne est plus poétique, tend plus à faire réfléchir le spectateur grâce à la confrontation entre une aveugle et son chauffeur ivoirien victime de brimades. Le sketch suivant est le plus exubérant. Place à la folie du génial Roberto Benigni enchaînant les mots et les répliques à une vitesse folle ! Un passage réellement amusant grâce à l’acteur contrastant d’autant plus avec la mélancolie de la dernière histoire, celle du taxi de Mika ramenant chez eux trois ivrognes dont l’un a passé la pire journée de sa vie. Ainsi chaque passage dévoile une ville et une atmosphère différente. Chacun sera touché de façon différente par une histoire en particulier. Personnellement, ma préférence se porte sur l’intrigue new-yorkaise, qui est un subtil mélange d’humour franc et de douceur. « Night on earth » est un beau film, une sorte de déclaration d’amour réussie de Jarmusch aux métropoles, à la nuit et aux taxis.