Bon, soyons clairs, le projet ne respirait pas l'intelligence et la finesse à des années lumières. Mais parfois, même pour comédies "populaires" (euphémisme signifiant "juste bonnes pour M6 et TF1 un lundi soir"), on peut avoir de bonnes surprises et passer un agréable moment plein de fantaisie et de bon esprit.
Ou parfois, on peut se taper très fort la tête contre son siège en se disant qu'on aurait préféré passer son début de soirée à sa propre pendaison plutôt que de subir un truc pareil. Ce qui est le cas ici.
Ca commence à la fac. Un djeuns sympa comme tout mais qui n'a pas inventé l'eau tiède (Max Boublil, donc) tombe amoureux d'une jeune activiste mais se fait violemment rembarrer devant ses deux potes. Las, les trois débiles légers inventent une idée de site de rencontres (concept révolutionnaire) et deviennent multimillionnaires.
Les Mark Zuckerberg d'Ile de France coulent des jours heureux dans un palace en Thaïlande, entourées de toutes les cousines de Zahia, jusqu'au jour où notre héros retrouve aux infos son grand amour qui se bat pour maintenir de l'activité dans son usine.
Donc il l'achète. L'usine, hein, pas la fille. Encore que..
Bienvenue dans un monde merveilleux où trois mecs plus bêtes qu'une prise multiple peuvent devenir des stars. Un monde où l'on achète une usine pour déconner. Un monde où un riche crétin peut se faire passer pour un ouvrier pour le fun (pardon, pour l'amour), tout en logeant sa maman au Fouquet's parce qu'il est quand même très sympa. Même dans une comédie, je ne pense pas avoir vu un truc aussi embarrassant depuis Ma Part du gâteau de Klapisch...puisque rien n'est drôle, et rien n'a l'air réel.
Rien de sonne juste, alors que c'est un des ressorts de l'humour. Quand on construit un monde et des personnages totalement artificiels, parfaitement pas crédibles, et complètement incohérents, tout tombe à l'eau. Entre une vision de l'entreprise qui donne envie de s'immoler par le feu, des seconds rôles affreux et une litanie de scènes absolument affligeantes, on ne sait plus où donner de la tête en cherchant le sac plastique...
Et pour faire bonne figure, vous nous couvrirez tout ça d'une bonne surcouche de morale à deux balles populiste. Le pognon c'est trop cool. Les ouvriers c'est trop cool. Les palaces c'est trop cool. L'amour, c'est trop cool. Les DAF, c'est trop con. Les patrons, ça sert à rien. Ah oui, les chinois n'ont pas de gout et boivent n'importe quoi.
Merci beaucoup, faut partir maintenant, et par pitié, n'y revenez pas.
Une question reste après une séance aussi éprouvante : comment Luc Besson a-t-il pu passer à côté d'une telle pépite ?