En y réfléchissant on se dit que Nicolas Vanier est le réalisateur idéal (animal + neige étant un thème de prédilection) pour cette adaptation ciné de l'oeuvre de Cécile Aubry, dont la série télévisée (1965) avec le jeune Medhi a bercé mon enfance. Vanier, explorateur du Grand Nord, qui qui passe de cinéaste documentaire et à cinéaste fiction de belle manière a offert notamment (en fiction) les jolis "Le Dernier Trappeur" (2003) et "Loup" (2009). Cependant ce film est le premier dont il n'est pas à l'origine, Gaumont est venu le chercher et lui a proposé de réaliser le film... Vanier a alors imposé comme condition que l'histoire ne se déroulerait pas dans les années 60 mais pendant 39-45 ; ce qui est finalement une très bonne idée car il l'explique lui-même : "... m'a permis de renouer avec une dimension essentielle de la série : l'aventure, le voyage et la notion de passage. La guerre et la fuite des juifs vers la Suisse s'inscrivaient parfaitement dans cette continuité." ... Malheureusement l'ensemble est loin d'être parfait. Le cinéaste prouve une nouvelle fois qu'il filme comme personne la faune et la flore, il magnifie les Alpes de façon sublime avec des cadrages et des plans de toute beauté ; c'est le vrai point fort du film, on nous en mettant plein les yeux il focalise l'oeil du spectateur et son intérêt. Mais à part ça le reste pêche sur deux points, la direction d'acteur et la niaiserie. Le jeune Félix Bossuet est adorable en Sébastien et la complicité avec Belle fonctionne, ouf... Les autres acteurs, eux, font ce qu'ils peuvent mais ça reste du travail au minimum syndical, aucune passion, aucune rage. Le problème réside également dans l'avalanche de bons sentiments, un côté sirupeux abyssal qui ne peut coller avec la tragédie environnante (la guerre et le passage en Suisse). En effet les nazis semblent des soldats d'opérette. Ajoutons à cette mièvrerie des chansons qui le sont toutes autant avec les paroles de la chanson "Belle" digne d'un écolier de CP, notamment une placée de façon superflue et maladroite. D'autres maladresses également, comme cet élan de patriotisme de la jeune Angélina ou la scène du baiser, mignon à cet âge évidemment mais on a fait rarement aussi peu naturel. Evidemment le succès sera au rendez-vous, l'oeuvre de Cécile Aubry est trop apprécié, on a aimé la série télé, les paysages sont magnifiques et les bons sentiments auront toujours la côte mais, même si on veut adorer ce film restons un temps soit peu objectif, trop de maladresses et pas assez de retenues, le juste milieu n'est pas présent ici. A force de faire dans l'inondation du trop on annihile le vrai et le ton juste. Dommage... La note est indulgente car nous aimons effectivement "Belle et Sébastien" et Nicolas Vanier. Juste un conseil, que le cinéaste retrouve son style, celui du "Le dernier Tappeur" et de "Loup".