Belle et Sébastien est sans conteste l’adaptation que l’on n’avait pas venue venir. Premièrement, le modèle d’origine est une série française des années 60 (série animée par la suite) qui a émerveillé toute une génération mais dont la nouvelle ignore quelque peu l’existence. Et enfin, il s’agit d’un film de Nicolas Vanier, réalisateur naturaliste plutôt habitué à adapter ses propres histoires, fictives (Loup) ou documentaires (L’Enfant des Neiges, Le Dernier Trappeur). Étonnant de voir ce cinéaste à la tête d’une telle adaptation ! Surtout que, si le film est adressé au plus jeunes en cette période de Noël, les fans de la série originelle l’attendent au tournant !
Belle et Sébastien, c’est avant tout une histoire d’amitié dans le décor montagneux des Alpes. Entre un petit garçonnet orphelin recueilli par un montagnard et une chienne. C’est ce qui ressortait principalement de la série et c’est que reprend principalement le film. Mais pour étoffer son film (qui, rappelons-le, est adapté d’une série télé de 13 épisodes), Nicolas Vanier et ses scénaristes se sont permis bon nombre de libertés. Comme le cadre historique, celui de la Guerre Mondiale (1943 plus exactement), qui introduit une histoire de soldats allemands tentant de déjouer les plans d’un passeur, en y liant une histoire d’amour. Ou encore les raisons de la rencontre entre Sébastien et Belle. Cette dernière n’est pas une chienne échappée d’un chenil, mais abandonnée par un maître odieux qui terrorise la région de par sa présence (des moutons retrouvés morts l’accusent, les fermiers la considérant alors comme une « bête » qu’il faut terrasser). Sans compter qu’ici, Sébastien n’est qu’élevé que par son grand-père de substitution César. Il y a bien Angélina mais à aucun moment il n’est spécifié qu’il s’agisse de sa petite-fille ou non. D’ailleurs, pas la moindre présence du petit-fils Jean. Plutôt cette histoire d’amour entre Angélina et le docteur/passeur Guillaume. Romance dont on se serait bien passé, il faut se l’avouer.
Tant de changements qui n’enlèvent en rien le charme de cette version cinéma. Oui, il y a des différences ! Oui, le scénario est travaillé de telle sorte à avoir quelque chose à raconter au risque de meubler par moment ou de tomber dans la facilité qui sent bon la niaiserie (le final est expédié en deux coups de cuillère à pot, avec surdose de bons sentiments en prime)! Mais il ne faut pas oublier ce pour quoi le film a été réalisé. Pour faire découvrir à la jeune génération cette touchante histoire d’amitié entre un enfant et un chien sauvage. Notamment en cette période de fêtes, idéale pour ce genre de divertissement familial. Et sur ce point, le film met irrémédiablement dans le mille en proposant des séquences qui seront émouvoir les plus jeunes mais aussi bon nombre d’adultes, sans aucune difficulté. Tout en apportant sa partie nostalgique aux incontournables de la série via l’apparition de Mehdi El Glaoui (l’interprète originel de Sébastien) et les reprises de la chanson du générique (l’originale et une autre version, chantée par une Zaz qui va en toucher plus d’un). Pour dire que Vanier s’est préoccupé à satisfaire le moindre de ses spectateurs.
Sans pour autant oublier son public, adepte de belles images. Et même si Belle et Sébastien n’est pas une histoire venant de lui, cela n’empêche pas Vanier de faire un film à sa manière ! Naturaliste comme il est, il prend son temps pour filmer les splendides paysages alpins. S’attardant sur des vallées verdoyantes, des falaises abruptes vues du ciel, la faune qui gambade dans les herbes (bouquetins, chèvres, sangliers, marmottes…), filmant avec grâce un aigle en plein envol. Le tout accompagné d’une musique féérique signée Armand Amar (Amen, Indigènes, Welcome, Home…) qui complète l’embellissement apporté par les images. Si vous n’êtes pas pris par la trame du film, vous ne pouvez rester insensible au charme des paysages qui s’offrent à vous !
Et là où Belle et Sébastien devait réussir son coup, c’est bien dans le choix de l’interprète du jeune garçon (le chien n’étant qu’une histoire de dressage). Et en la personne de Félix Bossuet, on peut dire que l’équipe a trouvé une bonne bouille, mignonne et attendrissante. Qui fait oublier la plupart des comédiens adultes qui, finalement, ne servent que de figurants. Notamment Margaux Chatelier, Dimitri Storoge et Andreas Pietschmann, qui ne font que jouer sans se démener. Hormis un Tchéky Karyo devenu incontournable dans le cinéma français (on le voit partout !), qui semble savoir tout jouer, même un vieux montagnard (bien loin des rôles de mafieux ou de ripoux qui lui ont souvent été attribués).
Belle et Sébastien n’est certes pas le film le plus mémorable. Mais il a tout ce qu’il faut pour être le film à montrer à ses enfants. Celui qui saura leur mettre des étoiles dans les yeux pendant les fêtes de Noël. Celui qui saura les émouvoir via une histoire véritablement touchante. Et enfin, celui qui saura réveiller la nostalgie chez la génération qui se souvient ardemment de la série signée Cécile Aubry. À défaut d’atteindre le succès d’un Disney de grande qualité, Nicolas Vanier peut se vanter d’avoir réussi son pari haut la main !