Le réalisateur de « Landes » est peut-être passé à côté d’une fresque. Cela aurait pu être épique. Nous somme en 1920, soit deux ans après la Grande Guerre de 14-18, Liéna Duprat, une jeune femme mariée à un grand propriétaire terrien se retrouve soudainement veuve ; elle s’oblige à gérer l’exploitation de pins et à continuer l’oeuvre de son mari : l’électrification du domaine. Elle s’appuie sur le régisseur, homme d’expérience qui connaît l’exploitation et les ouvriers. La trentaine, solitaire et non dénué de charme. Tous deux doivent conjuguer la gestion des pins avec d’autres propriétaires qui doutent des capacités de Liéna Duprat, de son obsession pour la modernité, et la grève des ouvriers appelés gemmeurs qui saignent les pins pour en extraire la résine. Tout était réuni : portrait d’une jeune femme de caractère, intrigues, sabotage, meurtre, amour, doutes, condition ouvrière, modernisme contre anciennes valeurs, paysages sauvages. Il y avait de quoi faire de « Landes » un film enlevé à la « Gone with the wind ». J’exagère. En tout cas, il y avait matière à donner de la matière. Malheureusement, la matière de « Landes » est comparable au sable de ses plages, il s’échappe vite des mains. Comme le film a une durée standard il est difficile de donner corps aux personnages. Portrait d’une femme de caractère ai-je écrit plus haut ? M’ouais. On ne le sent pas trop. On ne fait que s’en douter. C’est artificiel. Comme on sent à peine son trouble pour Iban, le régisseur. On a l’impression que la relation amoureuse tombe comme un cheveu dans la soupe. On ne fait que s’en douter. C’est artificiel. Quant à l’examen de conscience de Liéna Duprat, sa révélation soudaine envers la misère de ses ouvriers, elle est à peine perceptible. Pas assez de force pour émouvoir. On ne fait que douter. C’est artificiel. Dommage, le film posait une question essentielle : qu’est-ce que le modernisme ? L’électricité ou le progrès social ? Malheureusement, tout est en surface. Le scénario reste aux pieds des pins pourtant gigantesques. Le film manque surtout d’émotion. Certes, je ne suis pas resté indifférent aux paysages, pins, plages de sable étendue, l’Atlantique aux vagues vigoureuses, à la photo, aux costumes, à la restitution de l’après Grande Guerre mais quid des personnages, du récit ? Quid du son ? Je ne sais pas ce que ça donnait au cinéma, mais mon Home Cinema n’a pas su traduire un son de qualité. Une impression de post-synchronisation mal maîtrisée, une impression de voix off, la tonalité des acteurs me paraissait ex situ. Rien à reprocher aux acteurs, Marie Gillain en tête, ils ont fait leur job, ils gagnent leur vie, ils ne sont pas responsables de ma déception.