Encore une fois Ridley Scott et ses scénaristes réussissent la synthèse de l'ensemble de la franchise Alien, tout en introduisant de nouveaux éléments (un alien honorant son créateur ou un autre qui essaie de communiquer). Le film commence un peu comme une mission sur Mars avec réparation extérieure dans le style réaliste de la veine d'un Gravity, puis le film bifurque vers la franchise Alien et là, brutalement le film enchaine des séquences d'horreur efficaces, anxiogènes, mélangées à des séquences d'action. Le montage est très saccadé, à la limite de la lisibilité, mais cela scotche le spectateur à son fauteuil et le fait sortir de son ronron liminaire.
Ensuite le film se calme, devient très verbeux, grâce aux différentes interprétations de Michael Fassbender (qui est la star du film), avec des séquences d'explications, voire philosophiques (voir le débat entre les deux robots). Le film prend alors une autre tournure, plus explicative et fait le lien explicite avec Prometheus (qu'est devenue Noomi Rapace ainsi que son copain le robot - encore Michael Fassbender -, qu'elle est cette planète et que son devenus les Ingénieurs? Le film répondant à toutes ces questions). Ce film est la suite directe de Prometheus.
Le catalogue des poncifs de la franchise est présent: la scène dans le bloc médical, la traque de la bête dans les coursives via écrans interposés, le groupe (ici ce n'est pas un commando) qui découvre une planète, mais n'y trouvera pas ce qu'il imagine, les séquences avec les caissons pour l'hyper sommeil, les aliens qui sortent du torse (et une variante que nous laissons déguster au spectateur), les mutations et hybridations diverses. Etc. La force du film est d'utiliser des réminiscences des quatre premiers Alien ainsi que de Promotheus.
Deux grosses faiblesses. La première concerne le scénario, déjà vu mainte fois dans la franchise, et ailleurs. La deuxième faiblesse est la distribution et le traitement que subissent les personnages: nous n'avons aucune empathie pour ceux-ci, Ridley Scott non plus, et ils sont vite expédiés (Ridley Scott préférant filmer Michael Fassbender). Nous nous moquons de ce qu'ils leur arrivent. Nous sentons que Ridley Scott est plus préoccupé par la troisième partie du film, celle qui explique et pose de nouvelles questions, qui montre ce que sont devenus David (Michael Fassbender) et Elizabeth Shaw (Noomi Rapace) et qui ouvre de nouvelles perspectives.
Quand au final, ouverture vers la suite, elle est convenue. C'est donc un mélange de routine et d'éléments novateurs, qui au total n'est pas complètement satisfaisant.