Covenant commence fort dès le départ par à une absurdité scénaristique: l'équipage d'un vaisseau de colonisation avec 2000 âmes à bord en route pour une planète dûment sélectionnée après des analyses rigoureuses décide de se dérouter (fondamentalement par simple flemme de se remettre en cryogénisation) afin de suivre un signal au hasard (et même pas de détresse), puis de se poser sur une planète pour laquelle ils n'ont aucune information et dont ils ignoraient jusqu'à l'existence 5 minutes auparavant... Les fans auront reconnu le début d'Alien le 8ème passager sauf que dans le cas de Covenant ça n'a aucun sens: qui peut décemment faire un tel choix avec de telles responsabilités?! Certes, on comprend bien que le commandant par défaut n'est pas à la hauteur, mais quand même... La suite sera du même acabit avec un scénario qui ne tient à peu près jamais la route, des raccourcis éhontés, et surtout une question lancinante: à quoi tout cela sert? Perso lorsque je regardais les premiers Alien je ne me suis JAMAIS demandé: mais d'où vient-il? On s'en tape! C'est un monstre de l'espace qui existe, point barre. Donc savoir que
l'humanité à créé des androïdes qui ont ensuite eux-mêmes créé des Aliens et ceci en utilisant leur propre créateur comme matrice de leur créature
est peut-être ironique, mais ne me fait ni chaud ni froid, au contraire je trouve tout ce débat sur la création forcé et vain. Dans un autre contexte ça aurait pu être brillant mais pourquoi utiliser la saga Alien comme prétexte pour parler d'un sujet qui n'a au départ rien à voir? J'avoue ne pas comprendre et on ne m'ôtera pas de l'idée que Scott n'avait pas du tout ce scénario en tête en 1979. Ici on aurait pu enlever le titre Alien est mettre un autre monstre quelconque car le héros du film est en fait David, pas le Xénomorphe, qui lui est une sorte de guest star n'apparaissant finalement que dans un étrange condensé d'Alien le 8ème passager (encore) à la fin du film (le triptyque naissance, couloirs, expulsion en 10 minutes, qui dit mieux?). De toute façon c'est peut-être mieux ainsi car l'Alien est une créature de milieu confiné qui a fait sa réputation sur ses apparitions plus que furtives: sur la planète, en plein jour et dans la jungle, il n'est pas à sa place et ça se sent. De plus, force est de constater que l'histoire des oeufs n'a pas de sens (quid de la reine?) et est une curieuse forme "d'amélioration", la précédente version de naissance par spores étant largement plus évoluée!
Sinon, le film n'est pas mauvais non plus, l'ensemble est très beau, l'ambiance sombre est très réussie, ça se regarde avec plaisir, mais je n'arrive pas vraiment à accrocher et pourtant j'avais aimé Prometheus. Encore une fois je ne dis pas que c'est mauvais mais je ne comprends pas cette direction qu'à pris la Saga: Prometheus ça allait car on avait le sentiment d'un film à part alors qu'ici on se raccroche clairement à la saga, donc ça coince. Et pourquoi faire mourir Shaw, seul personnage attachant de cette pré-saga grâce au charisme de Rapace? Les nouveaux personnages sont bien fades car finalement assez anecdotiques et ce même l'héroïne, centrale et bien jouée, mais survolée. On sent la volonté de faire du Ripley mais on se rend tout de suite compte à quel point Ripley ne peut être que Weaver: sans sa prestance et son autorité naturelle ça ne marche pas. Le casting est donc bizarrement dominé par les personnages de Prometheus, Fassbender, parfait dans ses rôles, et Pearce, glaçant en démiurge malgré ses 5 minutes d'apparition. Au final un film étrange, bon mais déroutant, à la fois réussi et raté.