"Dans l'espace, personne ne vous entendra crier".
Après Alien le 8ème passager et Prometheus, Ridley Scott remet le couvert en nous servant une bonne assiette de monstres au sang acide. Un régal pour les amateurs de tripes, mais pas que !
Cette suite débute 10 ans après les péripéties du docteur Shaw et de l’androïde David laissés sur la planète des Ingénieurs dans Prometheus.
Le vaisseau spatial Covenant abritant 2 000 colons et plus de 1 000 embryons navigue vers un eldorado pour construire une vie nouvelle. Le voyage est perturbé par un problème technique qui les force à sortir de l'hibernation. En réparant le vaisseau, un astronaute capte un signal émanant d'une planète proche de leur position. Le commandant décide alors de descendre sur la planète pour jeter un œil malgré les réticences de son second. La planète étant potentiellement habitable par l'homme, elle pourrait remplacer la planète Origae-6 où ils doivent se rendre. Malheureusement, ils y découvrent une espèce animale très hostile ...
Dans cet opus Scott réussit à boucler la boucle en expliquant la provenance des aliens. Un pari risqué mais nécessaire.
Il nous propose de découvrir de nouvelles espèces comme le néomorphe, un alien blanc démuni d'yeux, rapide et agressif, tout en conservant les éléments clés du bestiaire comme la star du film : le xénomorphe poursuivant ses proies sans relâche. Répondent aussi à l'appel, les œufs abritant les facehugger, créatures permettant d'engendrer la vie via leur hôte trop curieux ... Toutes ces variétés sont dues aux nombreuses mutations et accouplements selon l'hôte qu'ils habitent. Cette diversité permet au spectateur de ne jamais se lasser et pour les plus grands fans de s'arracher les cheveux en essayant de produire un arbre généalogique. Le scénario se déroulant une décennie post Prometheus, la multitude d'aliens présents parait logique et cohérente.
On apprécie que le scénario s'oriente davantage vers l'énigmatique androïde David. D'ailleurs on notera que Fassbender crève l'écran et vole carrément la vedette à une pseudo Ripley peu charismatique mais qui ne manque pas de courage.
David intrigue et perturbe, il pose les questions de l'intelligence artificielle et de la conscience. Une subtilité bien menée grâce à l'alter ego de David : Walter, un double nouvelle génération qui ne réduit pas l'orgueil et l'hérésie grandissante de David. Le personnage devient réellement central, presque à en détrôner la reine mère. Il est à la fois déstabilisant, fascinant et intriguant.
Scott n'hésite pas à utiliser des travellings pour certaines scènes plutôt explicites suscitant l'admiration de David pour son double et pour lui-même. Ce nouvel axe colle parfaitement au reste de la saga et aux futurs soupçons de Ripley pour les machines.
Il aurait été dommage de faire un film identique aux autres alien car après Prometheus, ce que les gens veulent savoir, c'est d'où viennent ces créatures cauchemardesques ? Les séries de meurtres sanguinolents sont un plaisir pour tout fan de la saga, car Alien ne serait pas alien sans ces épisodes de thorax transpercés, d'astronautes terrorisés et de courses poursuites angoissantes. Mais il est judicieux d'orienter la franchise vers de nouveaux horizons afin de mieux comprendre comment tout a commencé.
Une déception cependant concernant certains effets spéciaux, notamment sur le vaisseau spatial Covenant, la supercherie est ultra visible et c'est bien dommage à l'heure du numérique. Un couac qui aurait pu être évité surtout quand le film en porte le nom. Car pour le coup, les scènes où l'alien se fraye un chemin à travers son hôte et en sort violement sont spectaculaires. Le sang n'a jamais été autant présent. Surtout après la vision d'un corps qui bascule en arrière suite à son éclatement : écœurant ! Si vous aimez ça, vous allez être servis.
Les créatures paraissent réelles et font froid dans le dos. Un plan rapproché et assez long où David essaye de dompter un néomorphe est grandement apprécié pour admirer le chef d'œuvre de HR Giger. Dans un autre plan, on peut observer Daniels qui découvre quelques-uns des croquis originaux de célèbre l'illustrateur. Une merveille qui donne envie d'en voir plus !
Le film manque tout de même de suspense mais après avoir vu 5 volets, on ne peut plus vraiment tenir le spectateur en haleine en filmant des courses poursuites dans les couloirs d'un vaisseau. Il faut innover ! On sait bien que tout le monde va mourir mais on se sait pas comment ou en tout cas, dans quelles circonstances ...
Dans Covenant on bénéficie de plusieurs lieux ; la forêt, la "maison" de David et l'intérieur des vaisseaux. De nombreuses aires de jeux pour nos aliens qui forcément rendent absentes les scènes de huis clos pleine de tension et de suspense mais qui ouvrent d'autres possibilités comme des attaques surprises dans des herbes hautes tel un raptor ou des assauts par effraction. Les scènes sont rapides et s'enchainent efficacement.
Pour les références, impossible de rater un gros clin d'œil à Ripley lors d'une scène où le commandant Daniels utilise une grue pour attraper un alien. Une scène clé de l'épisode 2 de Cameron !
Cette nouvelle aventure spatiale respecte bien l'univers d'alien. Tous les ingrédients sont présents avec en prime, des explications attendues depuis longtemps. Le père fondateur s'implique et réussit à raccorder les deux bouts. On a hâte de découvrir la suite pour répondre au reste de nos interrogations !