L'avant-dernier Resnais ("Vous n'avez encore rien vu") était une oeuvre magnifique, d'une intelligence rare. Et une superbe variation sur le théâtre. Le dernier film du cinéaste, très récemment disparu, ne parle plus "théâtre", mais est seulement une fantaisie, ne s'éloignant jamais du simple théâtre filmé. On est très loin du mythe d'Orphée (central dans "Vous n'avez encore rien vu") - ici, c'est du boulevard (même "amélioré", par des dialogues de qualité, et même s'il y a un début de mise en abyme : sur 2 saisons, des amis montent, puis jouent, une pièce...).
La ligne dramaturgique est, sinon simpliste, du moins linéaire. 3 couples en scène, dans des décors (superbes) de théâtre (mais avec des levées de tableau assurées en décors naturels - on est dans une bourgade du Yorkshire). Il y a 4 décors, et non 3 - en situation, car l'intrigue tourne autour d'un 7ème personnage, dont on parle, dont on s'occupe, à propos duquel on va jusqu'à se déchirer, George - l'Arlésienne donc d'"Aimer, boire et chanter" (affiche suggestive et réussie).
Les 6 interprètes sont dans l'ensemble excellents (Caroline Silhol un peu moins - qui est l'épouse du producteur du film, Jean-Louis Livi - un hasard, sans doute...), mais on s'interroge quant à la distribution des rôles. Azéma, ("Kathryn") 64 ans, est mariée avec Girardot ("Colin"), 58 ans - passe encore. Mais Vuillermoz ("Jack"), 51 ans, est marié à Silhol ("Tamara"), 66 ans..... Et la "gamine" Kiberlain ("Monica"), 46 ans, est en couple avec Dussolier ("Simeon"), 68 ans. Ces dames, même habilement consolidées (surtout Caroline Silhol), font bien l'âge de leur état-civil - et les duos semblent fort mal assortis.... Jusqu'à ce que l'on se souvienne que l'on est dans l'artifice, au théâtre... Après tout, Sarah Bernhardt jouait (amputée) l'Aiglon (un jeune homme de 20 ans) à 70 ans passés...
Ce film (où l'on ne chante pas..., mais où l'on aime, et boit - certains pas mal) qui finit, il fallait oser,
par un enterrement
, se regarde avec un brin d'ennui général (impression s'accentuant de loin en loin), et le regret qu'une aussi belle filmo s'arrête sur aussi mineur, même si joliment fait....