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    Pinocchio par Guillermo del Toro
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    ConFucAmuS
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    540 abonnés 956 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 11 décembre 2022
    Quand on lui demande d'où vient cette fascination pour le mythe de Carlo Collodi, Guillermo del Toro compare le pantin de bois à la créature de Frankenstein. D'une pierre deux coups, le réalisateur mexicain fournit une clé de lecture à Pinocchio et à sa filmographie peuplée de freaks en tout genre. La logique voudrait qu'on le rapproche du récent Nightmare Alley. Il y a plusieurs passerelles entre les deux longs-métrages, mais pas autant qu'avec L'Échine du Diable ou Le Labyrinthe de Pan. Del Toro ne se ferme pas au jeune public mais le crédo n'a pas bougé : montrer la collision entre l'enfance et un monde d'adultes.

    Le choix de la stop-motion fait directement écho à Pinocchio, pièce d'artisanat dans laquelle s'est infiltrée la vie. Le design s'éloigne donc logiquement du petit garçon pour aller vers une forme plus originale, à mi-chemin entre le pantin articulé et la créature indéterminée (un freak donc). Quelque chose que l'œil perçoit comme fait main, solide, concret jusque dans ses imperfections. Avoir un joli procédé (et il est magnifique) ne suffirait pas, c'est pourquoi la fable a été volontairement située dans une époque spécifique. Le spectre de la guerre hante le cinéma de Guillermo Del Toro, spoiler: il place son Pinocchio dans l'Italie de Mussolini et ce n'est pas anodin.

    Outre ce retour au bercail (le conte fut signé par Carlo Collodi), le long-métrage d'animations prend appui sur ce contexte pour renverser le point de vue. Ainsi, le regard s'attarde beaucoup sur de grandes personnes coupées de leur innocence d'antan. On y croise spoiler: un maire fasciste prêt à envoyer son jeune fils à la guerre, un Monsieur Loyal faux-jeton et cupide, un prêtre mielleusement intolérant
    . Dans une moindre mesure, le film met également Geppetto face à ses responsabilités parentales. Signe supplémentaire de cette réinvention, Sebastian J. Cricket qui adopte une ligne plus philosophique que professorale. Concernant Pinocchio, l'idée de génie est de revenir aux sources tout en faisant un pied-de-nez au conte moraliste de Collodi.

    On imaginait difficilement Guillermo del Toro se vautrer dans le conformisme, et on a bien fait. Lui et Mark Gustafson jouent des ambiances, opèrent quelques percées musicales ou oniriques et de pures bouffées d'émotions. Cependant, le coup de force repose une nouvelle fois sur la réinterprétation du mythe, vantant l'esprit de fronde du petit être face à un moule dans lequel on aimerait le coincer. Dans un savoureux retournement de table, la désobéissance et les bêtises deviennent l'essence même d'un bien à chérir face à des règles dogmatiques tout juste bonnes à cloisonner les esprits. L'expression d'une enfance dont il faut conserver une part afin d'embellir son monde.

    Oubliez le dernier remake en plastoc servi par Disney, la paire Del Toro/Gustafson vous montre de quel bois elle se chauffe. Il ne s'agit pas tant d'une relecture mais d'une réappropriation. Les quatorze années de développement en valaient la peine. Guillermo del Toro a accouché d'un film à son image : parfois sombre, parfois drôle, toujours poétique. Et terriblement tendre. Il parait que cette année, on a vu débarquer deux Pinocchio. Pour le bien de tous et par respect pour Robert Zemeckis, on va gentiment l'oublier et se dire que le seul et vrai film est arrivé juste à temps pour boucler l'année 2022.
    toinou
    toinou

    47 abonnés 706 critiques Suivre son activité

    4,5
    Publiée le 16 juillet 2024
    C'est un excellent remake de l'histoire que l'on connait tous fait par un de mes réalisateurs préfère. La technique du stop motion est vraiment bien maîtrisé et le film est riche en émotions. De plus on a un casting de doublage plutôt incroyable. Un vrai plaisir
    Shawn777
    Shawn777

    605 abonnés 3 500 critiques Suivre son activité

    3,0
    Publiée le 9 décembre 2022
    Cette nouvelle version de "Pinocchio", signée Guillermo del Toro (et Mark Gustafson) et sorti aujourd'hui même sur Netflix n'est pas mal mais sans plus. En effet, je ne partage pas vraiment l'engouement général envers ce film qui m'a plutôt laissé de marbre. Déjà, il faut préciser que je ne suis ni un fan du réalisateur dont je n'arrive généralement pas à adhérer à l'univers ni de "Pinocchio" ; je me suis alors tout simplement lancé dans le film par simple curiosité. Survenant quelques mois après la sortie live action de Disney réalisée par Robert Zemeckis, version d'ailleurs très aseptisée et ô combien longuette, nous avons ici une version qui se démarque de toutes les autres. Alors néanmoins, je tiens également à préciser que je n'ai pas lu l’œuvre originale de Carlo Collodi et que je ne pourrai donc pas comparer les deux. Enfin donc si ici, le film commence comme tous les autres (et encore, nous voyons ici le vrai fils de Geppetto, vivant et nous assistons à sa mort, ce qui donne par ailleurs déjà directement le ton du film qui se veut plus réaliste et dramatique), l'intrigue va vite prendre une direction différente. Effectivement, si Pinocchio tombe bien sur les deux membres du cirque qui cherchent à le prendre comme bête de foire, il va ensuite devoir faire face à un magistrat qui cherchera à l’enrôler dans l'armée et même à la mort. Car oui, le contexte du film est lui aussi beaucoup plus réaliste que les précédentes versions. Ici, nous sommes dans une Italie fasciste en pleines années 30 et le film aborde avec une certaine légèreté le climat de l'époque. Malgré tout, ce n'est qu'une légèreté feinte car nous voyons le monde à travers les yeux de Pinocchio, qui un enfant plein de bonne volonté qui ne voit pas et ne comprends pas où est le mal. Et c'est d'ailleurs là que le film tombe dans un certain côté déjà-vu. En effet, si les nouveaux personnages, le contexte etc. sont intéressants et apportent beaucoup à l'histoire, on reste quand même sur du voyage initiatique très classique dans lequel Pinocchio devra apprendre ce qu'est la mort, la perte, la guerre etc. Mais surtout, il aidera aussi plusieurs personnes qui réaliseront ainsi leur propre parcours initiatique à travers lui. Et je trouve qu'on tombe alors un peu dans la facilité, surtout avec une fin qui se veut soudainement très larmoyante. "Pinocchio" n'est donc certainement pas un film que je regarderai une seconde fois mais même si je ne suis pas fan de l'univers du réalisateur ni de l’œuvre qu'il traite, force est d'admettre que le film est dans l'ensemble réussi, en plus de nous proposer quelque-chose de visuellement très réussi.
    RedArrow
    RedArrow

    1 683 abonnés 1 538 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 9 décembre 2022
    Après nous avoir fait arpenter sa "Nightmare Alley" et visiter la première galerie de son "Cabinet of Curiosities", Guillermo Del Toro conclut sa belle et prolifique année 2022 avec la sortie de sa propre version des aventures du pantin vivant imaginé par Carlo Collodi. Tombé sous le charme des illustrations de Gris Grimly lors d'une réédition du célèbre conte en 2002, le cinéaste mexicain leur donne aujourd'hui vie, avec l'aide du talentueux animateur Mark Gustafson ("Fantastique Mr Fox"), pour ce qui sans doute à la fois un des plus beaux films d'animation de 2022 et la meilleure adaptation récente de "Pinocchio" !

    Le match avec l'insipide live action Disney réalisé par Robert Zemeckis n'aura même pas lieu tant il suffit juste quelques minutes au film de Del Toro pour insuffler plus d'âme à sa relecture que l'intégralité de son prédécesseur.
    En s'ouvrant bien en amont du réveil de sa marionnette, "Pinocchio" dévoile en effet d'emblée une vision du conte s'inscrivant cette fois dans un contexte plus réaliste, où la douleur déchirante de la tragédie vécue par Gepetto débute dans l'Italie de la Grande Guerre pour ensuite rejoindre la montée du fascisme en compagnie des mésaventures de Pinocchio, tout en parvenant à conserver son essence fantastique, avec bien sûr les piliers de l'histoire réinterprétés dans le sillage de créatures désormais imprégnées de l'imaginaire très reconnaissable de Del Toro.
    Quand le film de Zemeckis donnait l'impression de ne pouvoir tirer de son modèle Disney qu'un enchaînement désincarné de saynètes (à peine justifié par les modifications de son dernier acte), celui de Del Toro donne au contraire une fluidité exemplaire à sa relecture du conte, où toutes les spécificités de son héros, de son nez allongé à son insoumission constante, reprennent enfin du sens au cours de ses péripéties souvent jalonnées de superbes idées pour les mettre en valeur au sein d'une vue d'ensemble cohérente.

    Ainsi, après sa conception par un Gepetto dont l'ivresse du désespoir l'amène ici à enfiler les habits d'un docteur Frankenstein du jouet, Pinocchio se réveille dans un monde où la vindicte populaire est prête à le condamner à cause de sa seule existence, où les allers-retours dans une dimension surnaturelle côtoient les images pieuses, où la cupidité des hommes est bien sûr toujours présente pour tirer profit de ce miracle en pin et, surtout, où son caractère insouciant se heurte aux règles imposées non seulement par son père ou son gardien-insecte mais aussi à celles d'un régime fasciste voyant une forme de dissidence à tout non-respect de sa discipline stricte. En parallèle des passages les plus incontournables réveillés par l'ingéniosité du nouveau regard posé sur eux (les épreuves du cirque ou du monstre sont joliment dépoussiérées), le contexte habilement pensé de ce "Pinocchio" lui permet même de donner un cadre inédit au chapitre dit de "L'Île Enchantée/Pays du Jouet" pour confronter le pantin encore plus directement aux aspirations belliqueuses de l'époque, qui cherchent à formater les esprits les plus innocents à de noirs desseins. Toute cette séquence condense à elle seule l'intelligence de fond qui règne sur cette adaptation mettant comme jamais l'ombre du deuil sur la route de l'apprentissage d'un Pinocchio peut-être encore plus désobéissant (et bien sûr attachant) que d'autres à sa "naissance", et ce jusqu'à sa conclusion tirant le meilleur de tout ce qui a été mis en place à l'intérieur de cette mythologie brillamment enrichie.

    Et sur la forme ? Un sans-faute. La réussite éclatante de l'animation, la mise en scène fourmillant de trouvailles, la photographie absolument magnifique, la richesse esthétique du patchwork d'univers traversés par le petit pantin, la délicatesse de la partition musicale d'Alexandre Desplat et ses chansons, le casting vocal bien pensé (Ewan McGregor en Jiminy Cricket, une idée de génie !), ... Tout ce qui habille ce "Pinocchio" concourt à susciter une forme d'émerveillement que l'on ne pensait jamais pouvoir retrouver devant un conte si connu de nombreuses générations.

    Même si Guillermo Del Toro court aussi parfois le risque de se répéter (on pense beaucoup à certains grands titres de sa filmographie), le cinéaste parvient magistralement à délivrer cette histoire de son imagerie figée, notamment par Disney, grâce à son imaginaire fantastique plus sombre pour un "Pinocchio" qui n'a jamais paru aussi humain et touchant que sous son œil ces dernières années.
    Et si Robert Zemeckis vous dit le contraire, on est prêt à parier que son nez s'allongera jusqu'à atteindre la taille d'un séquoia.
    Benito G
    Benito G

    683 abonnés 3 162 critiques Suivre son activité

    4,5
    Publiée le 9 décembre 2022
    Guillermo Del Toro a pris très justement le parti d'entièrement réécrire -et même fortement secouer- l'histoire de Pinocchio, depuis sa trame de base jusqu'en son message, de se l'approprier pleinement afin de mieux impliquer le spectateur, le surprendre et ne jamais le laisser en reste. Mais également pour donner un nouvel éclairage à ce texte, donner une nouvelle raison d'être à cette histoire immortelle en secouant le matériau d'origine et ses multiples implications ; un peu à l'image de ce Gepetto imbibé d'alcool suite à la mort de son fils adoré... Del Toro se permet de supprimer ainsi des pans entiers du récit que l'on connaît tous par cœur afin de les remplacer par des considérations qui résonnent contemporainement -la montée du fascisme en Italie- et de donner un élan et une puissance considérable à son film.
    Pinocchio redevient toutefois ce conte narrant l'apprentissage d'un enfant sur le chemin de la vie, cette coquille vide qui se remplit d'expériences, d'erreurs, de réflexions et d'apprentissages, faisant ici de l'indiscipline une métaphore sur l'idéologie fasciste dont le scénariste se moque effrontément : les enfants-ânes seront cette fois remplacés par des enfants-soldats et le terrible Mussolini semble aussi idiot qu'un D. Trump. Ce nouveau métrage étant traversé d'implications tout autant religieuses, historiques que, forcément, politiques, avec à la clé une réflexion aiguisée. Une réflexion centrée et poussée sur la mort et notre fragilité d'être humains, arguant d'amour et de deuil, de différence et de naïveté, de mensonges et d'enfance, ainsi que de la notion de parentalité, des liens pervers qui unissent le maître à son "esclave" (au sens le plus large du terme) qui n'ont nul besoin de chaînes visibles. Et finalement Pinocchio débouche sur une message limpide et tout à la fois profond : profitons de ceux qu'on aime car la vie, ou la mort, peut les éloigner ou même nous les prendre à chaque instant. Et à jamais.
    Visuellement c'est un enchantement de chaque instant, un bijou de précions, de détails, un morceau de poésie émergeant de chaque des images : les séquences avec le monstre marin sont bluffantes, celles marines en générale sont étonnantes. A travers une animation d'exception (la stop motion) ou les noms adjoints de Jim Henson et G. Del Toro résonnent sublimement, on retrouve l'extrême minutie dans les décors, chaque décors, le design pointu et extrêmement personnel du maestro (la Mort est assurément un personnage de l'univers Del Toro) qui servent à sublimer la moindre parcelle de film. Malgré les contraintes techniques l'auteur se permet une réalisation emphatique et toujours élégante. Cela en fait une œuvre remplie de chaleur humaine, profondément touchante, traversée de chansons courtes mais percutantes ainsi que d'un côté sombre, lugubre et même d'une certaine violence qui n'a rien à envier aux œuvres produites par l'immense Tim Burton.
    Une œuvre parfois perturbante tant on ne retrouve pas toujours ses marques, tant elle va loin dans son interprétation, sa réinterprétation du récit originel, et qui pourtant s'avère être à ce jour le plus bel hommage qui ait été rendu à l'oeuvre de Collodi ainsi qu'à son esprit. L'émotion irrépréhensible et juste de la fin emportera tous les suffrages...
    Fabien S.
    Fabien S.

    570 abonnés 4 150 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 9 décembre 2022
    Un très bon film d'animation de Guillermo Del Toro en stop motion avec les voix d'Ewan McGregor , Ron Perlman, Tilda Swinton, Christoph Waltz , Cate Blanchett, et John Turturro.
    L'homme sans nom
    L'homme sans nom

    158 abonnés 996 critiques Suivre son activité

    3,5
    Publiée le 30 octobre 2022
    J'ai pu découvrir ce film en salle bien à avant sa sortie sur Netflix. Et malgré mon amour pour Del Toro, je n'ai pas été entièrement conquis. Certes il livre une vision personnelle de ce conte de Disney, offrant une réelle beauté visuelle et sonore avec sa pâte de réalisateur, tant au niveau du ton, des personnages (casting 5 étoiles au passage) et que la mise en scène. Mais tout ça ne compense pas le scénario qui est pour moi un peu décevant dans sa dernière partie, avec un final prévisible et stéréotypé. D'autant que les messages finaux sont très basiques. De manière générale, les messages sont trop explicités, beaucoup moins subtils que dans Le labyrinthe de Pan qui était une critique d'une autre dictature européenne des 30's. Mais comme je ne me souviens plus du 1er Pinocchio, je ne peux pas dire si c'est pas plutôt l'histoire de base qui me touche peu. Je trouve pourtant la première partie du film excellente, forte en émotion et mêlant avec brio encrage au réel et univers fantastique. Le design des personnages (Pinocchio et Cricket entre autre) est moderne et plus réaliste. J'en viens à me demander si Del Toro n'est pas freiné par le récit originel qu'il doit respecter au bout. Et l'animation en stop motion (comme les Noces Funèbres ou Wallace et Gromit) est très réussie, servie par une superbe photographie.
    Cinememories
    Cinememories

    489 abonnés 1 468 critiques Suivre son activité

    3,5
    Publiée le 25 octobre 2022
    On n’arrête plus les adaptations du célèbre personnage en bois de Carlo Collodi. Et si c’est la catastrophe dans les relectures de Disney, ce conte est toujours mieux servi du côté italien (Matteo Garrone), à l’exception de la vision moderne de Spielberg (A.I. Intelligence artificielle). Guillermo Del Toro (L’Echine du diable, Hellboy, Le Labyrinthe de Pan, Pacific Rim, La Forme de l’Eau, Nitghtmare Alley) signe alors son « Pinocchio » avec beaucoup de personnalités. En coréalisation avec Mark Gustafson, notamment à la direction de l’animation sur « Fantastic Mr. Fox » de Wes Anderson, il s’est lancé dans un projet ambitieux, annoncé depuis 2008, mais loin d’être anecdotique. Il s’agit d’une histoire d’amour entre le créateur et sa créature, qui dégage tout son potentiel émotionnel et nostalgique dans son étude du deuil, de la guerre, le fascisme et de l’enfance, comme la fin de l’innocence. Le portrait du véritable petit garçon se trouve alors bonifié par une animation taillée pour le voyage initiatique et par une partition élégante d’Alexandre Desplat. En cette fin d’année, le cinéaste, et auteur, s’affirme comme l’un des plus consistants de son époque, qui saura autant rassembler les enfants et les cheveux gris devant l’écran.

    Si vous croyez tout savoir, c'est donc que vous avez tout à apprendre. Le metteur en scène mexicain revisite habilement des pages d'un conte, qui n'a pas toujours réussi à évoluer avec le temps. La version Disney de 1990 semble avoir réussi à s'imposer comme étalon, mais il parvient justement à en faire le commentaire et utiliser cette impulsion de construction pour alimenter son récit, implanté dans l'Italie fasciste de Benito Mussolini, dans les années 30. Sa manière de réinventer l'histoire ne date pas d'hier et c'est justement en gardant un pied dans la réalité historique qu'il marie fièrement la comédie à la tragédie. Sur ce point, ce bon vieux Sebastian J. Cricket nous régale à chacune de ses apparitions. Il est à la fois le conteur et le cœur du Pinocchio qui évolue entre apprentissage et désillusion. D'autres faire-valoirs comiques se joindront à l'aventure, en notant que tout n'est pas aussi manichéen qu'il puisse paraître.

    Le fond du décor, c'est bien entendu cette relation père-fils, embrasée par la guerre et une seconde chance inattendue. Geppetto se garde bien de composer avec la naïveté du personnage original, acceptant sans craintes l'apparition de cet enfant de substitution. Son développement est plus malin et Del Toro cherche sans cesse à nourrir ce hors-champ que l'on se refusait dans les précédentes adaptations, trop calquées sur le support papier ou iconographique de la forme aux grandes oreilles. Il lance des personnages d'une grande sensibilité, dans un univers fait de stop-motion et d'images de synthèse, et les nombreux détours avec le matériel d'origine, nous ferons autant réagir que rêver. L'animation ne gâche en rien l'expérience immersive, où la folie des grandeurs se lit dans chaque scène de fuite ou de confrontation. Dommage que tout le monde ne puisse pas profiter du grand écran pour le découvrir, aussi puissant et poignant que ce film est.

    Il a été le grand absent du Festival Lumière, pourtant Guillermo Del Toro's Pinocchio, nous laisse néanmoins un magnifique souvenir, d'une grande honnêteté et d'une grande sincérité, en utilisant le cinéma d'animation comme une ressource infinie de frayeur et de réflexion. Soutenu par la Jim Henson Compagny et Netflix, il est parvenu à rendre exceptionnel un conte que l'on croyait connaître sous tous ses travers ou sa nonchalance. Ici, il n'en est rien, l'auteur signe de sa main, à même le bois de son personnage, cette magnifique représente de l'innocence et de la bienveillance de ceux qui sont prêts à tout abandonner en échange d'un temps précieux. C'est de ce côté-là là que le cinéaste nous surprendra toujours et il en remet une couche, en faisant parler ses 14 années de gestation pour un projet qui a la corde sensible et une identité personnelle.
    Vincent Gaffet
    Vincent Gaffet

    1 critique Suivre son activité

    4,5
    Publiée le 24 octobre 2022
    J'ai eu la chance de le voir en avant-première au Festival Lumière, sur grand écran, et bon sang quelle claqué !
    Esthétiquement déjà, c'est magnifique, le design des personnages est vraiment intéressant, et ils sont doublés par un casting 5 étoiles réellement impliqué.
    Mais attention, on est pas sur du Disney, certaines thématiques sombres (le fascisme, le rejet de celui qui est différent...) chères à Guillermo del Toro sont bien présentes et amenées avec justesse. Ça reste accessible aux enfants, mais pas aux plus petits ou aux plus sensibles (j'ai moi-même eu la larme à l'œil plus d'une fois), et attendez-vous à devoir répondre à leurs questions après !
    En bref, on est sur une excellente adaptation du conte origine, avec la patte de GdT bien présente, un superbe film pour moi .
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