John Erick Dowdle nous présente " une famille au coeur du chaos ", dans une Thaïlande en guerre civile luttant pour le monopole de l'eau, face à la multinationale américaine qui se l'est approprié. Le film se démarque par sa capacité à faire partager le stress des protagonistes au spectateur, ainsi que par les critiques fondées à l'égard des multinationales et de leurs " colonisations modernes " . Le scénario peut paraître prévisible dans un premier temps mais le résultat est surprenant !
Ainsi , le principal point fort de ce film est l'ambiance stressante appuyée par des scènes marquantes, tel que le ralenti pendant l'opposition des camps de révoltés et les forces de l'ordre. On peut voir une réelle volonté de réalisme de la part du réalisateur, qui y parvient grâce à cette sensation d'encerclement, où la mort est omniprésente et où il n'y a pas d'échappatoires. Le spectateur est d'autant plus concerné car les protagonistes sont occidentaux, ce qui permet une identification suivie d'une certaine empathie, renforçant ainsi l'angoisse du spectateur. Le réalisme s'appuie également sur les faits vraisemblables du film et ses thématiques actuelles : la guerre civile, le contrôle de l'eau, la domination des multinationales dans les pays pauvres... Au premier abord , on peut penser que les rebelles sont l'élément perturbateur dans le pays, mais on comprend par l'explication d'Hammond, l'homme de main de la multinationale, que celle-ci est à l'origine du conflit, car s'est attribué le monopole de l'eau dans le pays. Cette révélation permet de placer les rebelles comme étant les victimes et non les agresseurs .
Le mécanisme de ce que l'on peut appeler une colonisation moderne se déroule de la façon suivante : une multinationale va dans un pays pauvre, propose au gouvernement d'installer toutes sortes d'infrastructures ( routes, écoles, ... ) en leur faisant un prêt. Le gouvernement accepte "l'aide", mais n'arrive pas à payer ses dettes : les multinationales prennent ainsi le pouvoir sur le pays ou le monopole des ressources ( l'eau dans ce film ) en guise de remboursement : ce qui s'apparente à un asservissement .
Le film propose une approche intéressante des thématiques ci-dessus mais compte tout de même quelques défauts. En effet, on peut reprocher au réalisateur l'humour mal placé vers la fin du film,
où l'agent thaïlandais tue un rebelle avec un ton humoristique
, ce qui va à l'encontre du stress et du sérieux du film, qui s'était jusque-là orienté vers des morts réalistes et tragiques.
Le plan final met en scène la famille au complet dans un lit d'hôpital, bien éclairée et avec une abondance de couleur blanche, ce qui se rapporte à une idée de paix et abandonnant ainsi la sensation de traumatisme
. Ce choix est en effet discutable car offre une vision trop optimiste pour le point final d'un film comme celui-ci .
Pour conclure, No Escape est un très bon film qui réussit à apporter une critique des systèmes de "colonisations modernes" tout en impliquant brillamment le spectateur par le stress partagé avec les protagonistes. Un film à voir avec des thématiques qui nous concernent tous.