Pour son premier long métrage, William Vega s'est inspiré de son expérience en tant que journaliste pour une télévision locale, qui lui a permis de voyager et de découvrir les moindres recoins de la Colombie. Le cinéaste s'est intéressé de près à la Cocha (la Lagune), une zone de guerre qu'il a mise en scène à travers l'histoire d'Alicia.
William Vega a privilégié des acteurs non-professionnels pour jouer dans La Sirga, en se basant sur leur personnalité et non sur leur capacité à jouer : "J’attends qu’une fusion s’opère entre mes personnages et la personnalité des gens que j’ai choisis. Je choisis mes interprètes après avoir discuté avec eux, mais je ne fais jamais d’essais filmés", explique-t-il. Considérant que le réalisateur doit rester maître de ses personnages, Vega ne dévoilait jamais le scénario entier à ses acteurs, faisant ainsi du montage une étape primordiale.
Joghis Seudin Arias a évoqué des similitudes entre sa propre histoire personnelle et celle de son personnage Alicia ; pour elle, l'important sur le tournage était de faire appel à ses propres émotions plutôt que de "faire l'actrice".
Si la violence n'est jamais montrée explicitement, c'est un choix délibéré du réalisateur William Vega, qui fait écho à la manière dont il avait ressenti ce climat particulier de tension permanente lors de ses voyages dans cette région du sud-ouest de la Colombie : "Malgré notre présence dans des zones de guerre, nous n’y avons jamais été confronté en direct. Elle relevait du ouï-dire", se souvient-il.
L'usage de la musique est limité à des événements particuliers dans le film, et n'accompagne pas les émotions des personnages comme à l'accoutumée. Le réalisateur se dit être dans la lignée des frères Dardenne par rapport à ce travail particulier du son, qui laisse une grande place aux éléments naturels.
William Vega a déjà reçu de nombreuses récompenses prestigieuses en Colombie pour ses courts métrages. Ce premier long métrage a été remarqué internationalement : il fut présenté à la Quinzaine des réalisateurs à Cannes en 2012 ainsi qu'au Festival du Film de la Rochelle dans la catégorie "Ici et ailleurs".