Dans le genre film de tueur en série, ce River Murders n’est peut-être pas mémorable, mais il faut avouer qu’il a des atouts solides à faire valoir pour assurer un divertissement de qualité.
Au casting déjà un trio d’acteurs attrayant, avec Liotta, Slater et Rhames. Pour être franc les deux derniers ont des rôles secondaires pas très importants. Slater aurait pu camper un tueur plaisant, mais il a été choisi pour un autre rôle, je suis un peu déçu car il me semble qu’il aurait pu être plus exploité. Slater c’est quand même un psychopathe tout trouvé ! Rhames comme souvent assure un second rôle très honorable mais il est lui aussi sous-exploité. Heureusement ce n’est pas au détriment de la qualité générale du casting qui tient la baraque. Liotta est très solide, et mène bien la danse, et il est crédible en séducteur invétéré piégé. Rien à redire, de même que le casting féminin, sans anicroche. Très bonne idée d’avoir étoffé le personnage de Jenny Thames qui nous offre quelques-uns des meilleurs moments du film, tandis que le méchant reste le point le moins convaincant. L’acteur n’est pas mauvais du tout, mais il a un style passe-partout, qui laisse à désirer. C’est pour cela que Slater, très charismatique en méchant aurait mieux convenu.
Le scénario est plutôt bon. Disons que le film dispose d’une narration parfois pas très fluide, notamment sur le début, et que le fait de connaitre très vite l’identité du tueur nuit à l’aspect suspens qui aurait pu être mieux développé. Néanmoins La Rivière du crime peut compter sur une intrigue originale, une absence d’humour qui donne de la gravité au métrage, et sur quelques scènes très bien fichues qui viennent donner du tonus à l’intrigue. Il y a notamment une séquence bien méchante qui vient donner de l’émotion au métrage, et parvient à toucher le spectateur, je n’en dit pas plus, mais je crois qu’elle est assez aisément repérable. La fin n’est pas mal du tout non plus.
Visuellement le film reste très classique, et s’apparente un peu à une sorte de sous-Messiah. Je dirai que La Rivière du crime est léché, tant au niveau de la mise en scène que des décors, que de la photographie, pour lesquels on sent une attention certaine, mais qu’on est dans quelque chose de très classique, et qui ne trouve pas le poisseux ou le glauque d’un Messiah justement. C’était peut-être l’intention du film, d’évoluer plutôt sur une ambiance semi-bucolique à la Barnaby, mais c’est vrai que le contraste avec l’ambiance des meurtres, leur violence, le côté très sombre du propos, crée un décalage qui pourra surprendre. La bande son aussi, n’est pas déplaisante du tout mais à ce côté classique, peu risqué.
En fait La Rivière du crime tient quand même du téléfilm, cela est perceptible, mais ce n’est pas un ratage. On ne peut pas dire que visuellement le travail ne soit pas propre à défaut d’être culotté, le jeu des acteurs est bon, le scénario quoiqu’inégal réserve quand même des scènes fortes et une intensité de rythme convaincante. Je me suis pris au jeu, et même si on sent plutôt un pastiche élégant des classiques qu’un film qui apporte du neuf, La Rivière du crime tient la route. 3.5