Je dois à Benoît Mariage d'avoir réalisé lun de mes films préférés, et pourtant méconnus, Les Convoyeurs attendent, qui il y a maintenant une quinzaine d'années m'avait totalement épaté et bouleversé par son mélange de bizarrerie et d'émotions à fleur de peau, porté par un Benoit Poelvorde qui à l'époque était encore peu connu et dévoilait peu à peu les facettes de son immense talent.
J'avais beaucoup aimé, aussi, à un degrès moindre Cow Boy toujours avec le même Polvoerde, qui suivait les traces d' un journaliste cherche à retrouver et filmer le héros révolutionnaire de son enfance.
Le cinéma de Benoit Mariage mélange avec énormément d'a propos et de justesse, chronique sociale, humour un peu cinglant et scènes plus dramatiques, avec un mélange toujours parfaitement dosé. Sa dernière oeuvre en date, les Rayures du zèbre, sorti en salles il y a 15 jours, et qui, hélas, a connu un vrai bide en salles, continue sur la même voie et confirment si besoin était l'immense talent de ce duo Mariage/Poelvoerde.
Personnellement, j'avais très envie d'aller voir ces Rayures du zèbre. Il faut dire que j'apprécie particulièrement de voir le foot traité sous l'angle du cinéma, et même si les films sur le foot sont rarement réussis, j'avais beaucoup aimé l'an dernier Comme un lion qui traitait d'un sujet un peu similaire, mais en l'axant plus sous l'angle du documentaire et de la chronique tendre, et moins, comme c'est le cas ici, sous l'angle de l'humour cinglant et de la dénonciation.
Ce qui est certain, c'est que la question de ces recruteurs européens qui vont en Afrique à la recherche de la jeune pousse qui deviendra peut etre leur poule aux oeufs d'or est un sujet en or, qui permet de poser un regard à la fois tendre et sans concessions sur les relations entre Européens et Africains, entre paternalisme hérité du colonialisme d'un coté, et de l'autre coté,un mélange entre envie et mépris du Graal que constitue l'Europe. Les situations sonnent parfaitement juste, les dialogues sont vraiment jouissifs (l''éthique c'est un mot quand on a l'assiette pleine), bref ces Rayures du Zèbre constituent un réel plaisir au visionnage.
Lorsqu'on connait un petit peu le monde du football professionnel d’aujourd’hui, on devine à quel point, malgré l'humour très souvent présent, le film est cruellement et réaliste, et à quel point les relations de pouvoir et financier vicie ce milieu.
Le jeune joueur africain, joué parfaitement par le jeune Marc Zinga se fait manipuler consciemment, mais vu qu'il n'est pas en position de force, il préfère se taire et se montrer le plus opaque possible.
Le personnage est difficile à cerner, et donc très intéressant, mais pas autant que l'agent, un rôle qui va comme un gant un Benoît Poelvoerde jamais aussi bon que dans ce type de personnage ambivalent, cerné de certitudes d’européen condescendant et grossier, et à la fois émouvant dans la relation qu’il noue avec son jeune joueur au fil du temps.
Une relation qu'on aurait peut-être d'ailleurs aimé suivre sur une plus longue distance, car si le film est très court,
un changement brusque de ton (non promis, je ne spoile pas) peut un peu dérouter et frustrer un peu, même si l'épilogue retrouve une force et une acuité tout à fait interessante.
Bref un excellent film qui aurait mérité un tout autre sort en salles.