Même ceux qui détestent le Tour de France ont forcément une anecdote ou une émotion qui lui est rattachée, cette fameuse ambiance de juillet caniculaire où l'on est bercé par le moteur de l'hélico alors que le caméraman s'attarde sur le clocher d'une église d'un village bien paumé au fin fond du limousin et que l'innénarable Jean Paul Olivier nous raconte pour la énième fois que c'est ici que Louison Bobet a attaqué au kilomètres 124 dans la montée de Saint Rouergue pour partir à la victoire finale.....Pas la peine d'aller piocher bien loin ces souvenirs, c'est gravé au fin fond de ma mémoire, et en discutant avec les gens, je m'aperçois qu'on est des milliers à avoir ces mêmes souvenirs, et à regretter ce temps doré où le Tour de France avait, me semble t il , meilleure presse et meilleure réputation que maintenant!!
Bien qu'on le raille parfois, et moi aussi de temps en temps, je reconnais à cet évènement hors du commun une vertu essentielle, celle d'exhaler un idéal sportif, avec les principes de solidarité et d'entraide inhérentes, et qu'il contribue aussi à mettre en valeur la beauté des nombreuses régions de France qu'il traverse au gré de chaque étape.
Ce qui est certain, c'est qu'il paraissait étonnant que cet évènement hors du commun n'ait pas encore SON film à lui, et c'est désormais chose faite avec cette Grande Boucle, une comédie qui chante totalement les louanges du Tour, et qui a obtenu l'aval et le soutien de l'ASO, la société organisatrice du tour qui a accepté que l'équipe du film tourne pendant la course de l'an dernier, mais à condition qu'ils aient un droit de regard sur le scénario.
Cette collaboration avec l'ASO constitue à la fois un atout et une des limites de ce film. En effet, dans un premier temps, cela donne un vrai gage de crédibilité sur l'aspect sportif du film. Tout l'aspect sportif et captation du tour est parfaitement fidèle à la réalité, on s'immerge bien dans l'atmosphère propre au tour, et jamais, on ne constate un manque de justesse ou d'authenticité sur la course et sur l'ambiance propre au tour.
La grande famille du milieu cycliste est ici parfaitement retranscrit, et l'on voit bien que sur le Tour de France, cohabite à la fois en toute bienvaillance cyclistes professionnels, amateurs, et les grands admirateurs qui s'installent sur le bord des routes pour assister aux passages des coureurs.
Mais malheureusement, cette volonté de servir complétement le Tour de France donne aux film un coté publicitaire et hagiographique pour le moins génant : entre les différents placements de produits et de sponsors ( Cochonou, sport 2000 ect) que l'on voit tout au long du film, les participations vraiment à coté de la plaque de Nelson Monfort et de Michel Drucker à la toute fin du film, et la volonté de ne pas surtout pas parler des choses qui fachent ( le dopage est esquissé vers la fin du film, mais vraiment pas de façon bien sérieuse) confère au film un aspect "grande opération marketing" qui a tendance à primer largement sur le coté artistique et cinématographique de l'oeuvre.
En le comparant à un autre film francophone que j'ai vu et qui a également comme thème principal le cyclisme (mais pas exclusivement comme ici sur le Tour de France), je reconnais aisément que le Vélo de Ghislain Lambert était bien plus percutant et convaincant, mais Laurent Tuel (l'auteur du déjà moyen Jean Philippe) n'est pas l'excellent Philippe Harel et puis un film avec Poelvorde est forcément au dessus des autres dès le départ.
Mais le film n'est pourtant pas du tout honteux, comme peuvent l'être certaines comédies françaises, grace aux vertus dont je parlais plus haut, qu'il défend du début à la fin du film, et grâce aussi au regard plein de tendresse qu'il pose sur ces gens modestes et passionnés. suite de la chronique sur mon blog