Quand on voit, à chaque été, l'engouement populaire que suscite le Tour de France, c'est assez bizarre qu'il n'y ait pas plus de films dessus. Demandez à n'importe qui ce que lui évoque l'été, il va vous répondre à tous les coups : vacances, soleil, plage, tour de France. C'est comme ça. Et qui de mieux que Clovis Cornillac pour incarner un cycliste. Lui qui est habitué aux tournages physiques comme celui de Scorpion de Julien Seri. Après, il y a plusieurs points dans le scénario qui m'ont énervé et fait accélérer le film. Déjà la situation du héros principal. Vendeur dans une boutique de vélos qui se voit du jour au lendemain viré et plaqué par sa femme...parce qu'il ne la suit pas en vacances ! Sérieux, est-ce que c'est un motif valable de rupture après plusieurs années de mariage ? Bon, ensuite, il se met à vouloir faire le parcours du Tour de France un jour avant les professionnels mais tu ne sais pas pourquoi il décide de faire ça. Ni pourquoi il le fait maintenant alors qu'il est déprimé et pas avant. Les spectateurs, sur le bord de la route, les médias, se mettent à l'encourager et il fera la une des journaux. Là, encore pourquoi ? Des tas d'amateurs font chaque année le Tour de France, montent les plus grands cols : le Ventoux, la Croix de Fer, le Glandon, le Tourmalet. Quand tu es mordu d'une discipline, je ne vois pas ce que ça a de si extraordinaire. Là dessus, viennent se greffer les habituels clichés des films sportifs : le directeur sportif véreux et le dopage. Alors là, le dopage, il faut croire que désormais ce fléau est indissociable du cyclisme. On a pu le voir avec les dernières performances de Christopher Froome. Ce qui me fait penser que la supercherie Armstrong a fait bien plus de ravages que prévu. Heureusement que le côté festif du Tour a été préservé. C'est un des derniers sports à être entièrement gratuit. C'est une grande fête populaire et cet aspect-là a été à peu près respecté. Mais quid des paysages fabuleux dignes d'une carte postale ? De cette organisation énorme qu'est le Tour de France pendant trois semaines ? Des étapes épiques dans les Pyrénées ou dans les Alpes où tous les leaders craquent à tour de rôle ? Y a pas tout ça. Y a Clovis Cornillac d'un côté empêtré dans ses problèmes familiaux et de l'autre le show Ary Abittan qui cabotine en cycliste italien et prétendant à la victoire finale. Et un rappeur qui intervient comme un cheveu sur la soupe. Bon, bref, j'aime le Tour de France. J'ai des tas de souvenirs de quand j'allais le voir sur les pentes de l'Alpe d'Huez ou même quand je le regarde à la télé. Mais là, je ne comprends pas ce personnage. Je ne sais pas ce qu'il cherche. Tout le film est un cliché sur pattes et pourtant vu toutes les personnes créditées au scénario, je ne comprends pas non plus pourquoi ils n'ont pas pu/su/voulu faire une vraie aventure humaine sur la compétition la plus suivie au monde avec la Coupe du Monde de foot et les Jeux Olympiques. Il y avait moyen. Comme pour 3 Zéros, on a préféré la comédie avec des personnages et des situations ultra-convenus. Les amateurs de sport n'y trouveront pas leur compte.