« American bluff » a d’indéniables qualités… et d’indéniables défauts. Ce qui fonctionne, d’abord, c’est l’ambiance 70’s (l’action se passe à New York en 1978) très bien reconstituée avec les coiffures (qu’est ce qu’on aimait les bigoudis, à l’époque !), les fringues, les attitudes et surtout la musique de l’époque. C’est une plongée assez agréable dans cette période encore insouciante, très disco et fun. Et c’est toujours assez drôle aujourd’hui, surtout quand on a connu cette période enfant, de revoir tout ce décorum d’assez mauvais gout, avouons-le ! Bref, esthétiquement, le film est réussi, la BO est super cool. Le scénario est assez complexe, et il faut quand même bien s’accrocher pour comprendre toutes les subtilités de l’intrigue. Le film commence bille en tête au milieu de l’action, avant de revenir en arrière pour tout expliquer. Alors, les 10 premières minutes, on est franchement perdus… Ledit scénario ne manque pas d’intérêt, et on se prend au jeu de ce piège malsain, fruit de l’ambition démesurée d’un flic qui vise trop haut pour lui. On imagine bien les évènements mal tourner à tout moment et il y a un peu de suspens réussi de ce point de vue. Néanmoins, je ne peux m’empêcher de trouver finalement assez contestable le fait que la police invente de toute pièce un traquenard afin de provoquer la corruption d’un élu. Certes, il s’en rend coupable, mais du coup, il apparaît au final comme la victime d’un piège retors plutôt que comme un coupable. Du côté de l’interprétation, Bradley (maim-miam) Cooper est très bien même s’il a tendance à cabotiner un petit peu par moments, Amy Adams et Jennifer Lauwence tiennent parfaitement leur rôle, dans deux registres très différents. J’ai quand même un peu de mal avec Jennifer Lauwence, dont la crise d’hystérie vers la fin du film sonne un peu « too much ». Mais j’avoue que c’est Christian Bale qui rend la meilleure copie et qui parvient à rester étrangement sexy malgré un ventre à bière et une moumoutte ! Il compose un Irving Rosenfeld parfois pathétique, parfois irritant, mais toujours touchant, presque attendrissant. Seulement voilà, « American bluff » souffre de quelques défauts. D’abord, il est trop long d’une bonne vingtaine de minutes et il connait des baisses de régime par moment, avec des scènes à la limite du l’utilité. Certains passages sont « étranges » (dans le bureau du FBI notamment), je ne sais pas trop comment les qualifier, ils se voudraient surement drôles mais tombent un peu à plat et çà laisse l’impression curieuse d’un film qui en fait trop. Et puis, c’est dommage pour lui mais David O Russel n’est pas Steven Soderbergh et il lui manque un je-ne-sais-quoi, une patte, un style. En fait, ce film lorgne du côté de Soderbergh (enfin, c’est l’impression que j’ai eu !) mais en voulant trop bien faire, il en fait trop ! Ce n’est pas une impression facile à décrire, mais on a parfois le sentiment que « American bluff » tourne à vide, que les acteurs jouent leur partition sans être vraiment dirigés et à ce petit jeu, c’est définitivement Christian Bale qui en fait le moins, et donc qui est le meilleur. En résumé « American bluff » est un film intéressant à plein de point de vue mais je ne comprends pas bien ses nombreuses nominations aux Oscars dans quasiment toutes les catégories, surtout quand on le compare à « 12 years a slave », « Philomena », « Blue Jasmine » ou « Gravity ».