American Bluff (VO: American Hustle) = American Success.
Points faibles: Le film commence à être très intéressant au bout de la 1ère demi-heure. L’intrigue est un peu floue au début et l’enjeu de cette arnaque se comprend vraiment après ces 30 min, quelques longueurs
Points forts: Très bons acteurs. Très bien filmé et réalisé (plans dynamiques, peu de plans fixes). L’atmosphère des 70s’ est très bien rendue sans tomber dans l’écueil du « kitsch » (bonne musique et costumes adaptés à chaque personnage).
Acteurs:
Christian Bale – Irving Rosenfeld -
Très bon. Son jeu repose en grande partie sur sa transformation physique impressionnante.
Son personnage, Irving, tiraillé entre deux femmes (sa femme Rosalyn et sa maitresse Sydney/Edith) semble tout subir et être seulement un instrument de l’arnaque (au fond il n’est pas si malhonnête que ça!), mais il reste celui qui lie tous les éléments et tous les personnages.
Bradley Cooper – Richie DiMaso -
La moins bonne performance d’acteur du groupe. Bradley semble condamné à jouer le beau gosse ou à danser (très bon danseur, d’ailleurs). Face à Christian Bale et à Amy Adams, Bradley Cooper est complètement effacé, ce qui est dû en parti à son personnage, ambitieux, mais naïf.
Jeremy Renner – Carmine Polito -
Rôle mineur mais très juste. Personnage pour qui on éprouve beaucoup de sympathie.
Amy Adams – Sydney Prosser -
Sans aucun doute la meilleure performance du film, personnage qui tient de bout en bout le film. Personnage fragile et manipulatrice, à la fois dramatique et comique.
3 personnages: Sydney, Edith, Lady Edith Greensley → représentation de la complexité de la femme et de tous ses visages (l’amoureuse, l’amante et la femme d’affaires
Jennifer Lawrence – Rosalyn Rosenfeld -
Peur du changement, principal élément comique du film. Jennifer Lawrence excelle dans son rôle, elle vole la vedette à tous les autres acteurs dans les scènes où elle apparait, véritable présence dans tout le film même si elle n’apparait que 20 minutes.
Sans doute le personnage le plus moral, elle est la clé de compréhension du film (cf. : top coat).
Analyse:
Tous les personnages sont en quête d’identité : “ I know who you are ”, “ This is real ” = brouille pour le spectateur. Qui manipule ? Qui est manipulé ?
Film sur le désir : désir de monter dans l’échelle sociale pour Richie, désir d’enrichissement et désir de fuir une atmosphère familiale névrosée pour Irving, désir de s’installer dans une relation stable pour Sydney, désir de servir au mieux les citoyens de sa ville pour Carmine… Je serais curieuse de savoir ce qu’en pense Lacan !
S’appuie sur le mythe américain (tout le monde peut réussir, honnêtement ou non, quel que soit son milieu d’origine) d’où le titre. Comme le dit si bien Carmine dans son discours : « N’est-ce pas le pays des opportunistes ? ».
Climax du film : scène de tension avec le personnage de Victor Tellegio, pendant que les femmes règlent leurs comptes (la seule scène où tous les personnages sont réunis) → conditionne en partie l’issue de l’escroquerie.
Irving comprend Rosalyn et la signification du top coat. A l’instar de ce top coat, les personnages sont à la fois doux et amers, « fleur » à l’extérieur mais pourri à l’intérieur. En le jetant, il montre sa volonté de changement.
De nombreux fils conducteurs rythment le film: “People believe what they want to believe”; métaphore filée du top coat = comme les personnages (fleurs & pourri); l’histoire de Stoddard et de son frère (pêche sur la glace) …
Le titre original « American Hustle » qui fait allusion à une certaine agitation, une certaine effervescence, est beaucoup plus adapté que le titre français « American Bluff », qui réduit le film au paraître.
Musique (Danny Elfman):
D. Elfman, excellent compositeur de musiques de films, a choisi ici de n’utiliser que des titres des 70’s (à l’exception d’une composition, Irving Montage) et il a bien fait ! La musique a une place très importante dans le rendu de l’atmosphère de ces années.
Conclusion :
Même si ce film attire, en premier lieu, de nombreux spectateurs et spectatrices désireux de voir la transformation physique impressionnante de Christian Bale, l’actrice la plus appréciée du moment : Jennifer Lawrence, ou encore les beaux yeux de Bradley Cooper, il n’en demeure pas moins que le film a une réel potentiel cinématographique. Ainsi, l’intrigue du film n’est pas considérée à sa juste valeur à cause de cette pléiade d’acteurs qui fait, littéralement, exploser l’intrigue.
David O. Russell passe, en l’espace de 3 ans et avec brio, du drame (Fighter) et de la comédie romantique (Happiness Therapy) à un film à cheval entre la comédie dramatique et le thriller. Il nous offre ici un film pétillant, servi par des acteurs excellents, des décors et des costumes très justes et une musique qui donne le ton de cette « arnaque américaine ».
M. B.