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tixou0
694 abonnés
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4,0
Publiée le 13 juillet 2015
N'ayant pas lu le livre de Houellebecq, je ne peux apprécier l'opportunité, voire l'excellence, de l'adaptation qu'en fait ici Harel (c'est déjà lui le scénariste). Pour autant, cette "Extension du domaine de la lutte" filmique est, en elle-même, jubilatoire. La "Struggle for Life" darwinienne appliquée à l'"Homo oeconomicus" du 20e siècle (le film date de 1999). Lutte pour exister (en société, au travail..), et surtout (on reconnaît une des thématiques favorites de MH) pour copuler (là, quelques passages un poil surlignés). PH colle au plus près le verbe houellebecquien, incisif et drolatique : la voix de "notre héros" (qui soliloque) et celle du récitant se répondent, se surprennent, se doublent, se confondent. Le "héros" qui vit seul, et sans vie sociale (ou quasiment), a le douloureux avantage (il en a le temps, n'étant pas distrait par une vie sentimentale, familiale...) de disséquer sa condition avec une parfaite lucidité : de l'amertume ordinaire à la tentation de la folie - "extension" du domaine de la lutte... Saisissant. Philippe Harel, interprète pour le réalisateur PH, fait un double très convaincant de Houellebecq - jusque dans la gestuelle de la cigarette. C'est le "clown blanc", sérieux et digne (jusqu'au jour où..). José Garcia, son principal commensal, est de son côté un convaincant "Auguste", loufoque et pathétique. La vie est une pantomime.
Un des films les plus déprimants qu'il m'a été donné de voir. Tous les éléments de ce qui font la tristesse de l'homme moderne sont réunis ici. Une ville chiante (Rouen), de la pluie, un boulot de merde, le monde de l'entreprise, la misère sexuelle, l'humiliation, la solitude. Je n'ai pas lu le roman, mais Philippe Harel incarne vraiment le caractère de Houellebecq, dans sa façon de parler, de fumer sa cigarette, de regarder le monde de haut. Si vous n'êtes pas dépressif, le film vaut vraiment le coup. Si vous êtes dépressif, assurez vous d'avoir une corde à votre disposition pour vous pendre dès le générique de fin.
S'il est un film vraiment déprimant, c'est bien celui là, avec comme performance de retranscrire assez correctement le ton du roman. Sauf, et on se demande si c'est mal, vu la tronche des spectateurs à la sortie, sauf pour la fin. Ce happy end incongru est une insulte à Houellebecq, mais c'était sans doute nécessaire, parce qu'un film est plus manipulateur que la lecture, et les esprits fragiles n'auraient peut-être pas résistés. Une bonne prestation de Philippe, se singeant en parodie de Michel. Garcia est forcément parfait.
Ce film, qui reprend le roman éponyme de Houellebecq, est particulier par son antihéros déprimé et déprimant, et son narrateur qui l'est tout autant. Toutefois c'est une analyse assez fine de la société du fric et du libéralisme sexuel, où certains ont plein de partenaires successifs quand d'autres sont "condamnés à la masturbation", tel Tisserant ici joué par José Garcia que toutes les femmes rejettent. C'est aussi une vive critique des psys qui nous renvoient tous les problèmes au lieu d'accuser ladite société de consommation abrutissante, sans autre but qu'elle-même. Je déplore seulement les quelques secondes de porno que l'auteur aurait pu tout aussi bien éviter, et la toute fin qui gâche un peu la philosophie du film. En bref, un film assez bon mais à regarder si l'on n'est pas trop suicidaire !
Fidèle adaptation du roman de Michel Houellebecq, ce film s’écarte si peu du texte qu’il en devient souvent bavard et ennuyeux. Les voix off récitent des pans entiers du livre, donnant ainsi un côté soporifique au récit. Un peu plus de dynamisme n’aurait pas été du luxe, même si la misère sociale et sexuelle exposée tout au long du livre et du film méritait un traitement aussi volontairement déprimant pour que le propos soit convaincant. Le héros apparaît maniéré et insupportable au possible, aigri, les doigts affreusement jaunis par le tabac : très bonne interprétation de Philippe Harel, on croirait voir Houellebecq en personne. José Garcia, de son côté, est méconnaissable et parfait en pitoyable raté s’enfonçant de plus en plus dans l’échec social et sexuel. Par contre, tout se gâte lorsque l’on s’intéresse aux seconds rôles, tous plus mauvais les uns que les autres… Avec une mention spéciale à Cécile Reigher, dont la prestation flirte amoureusement avec le ridicule. De nombreux, très (trop ?) nombreux fondus aux noirs viennent séparer des scènes qui envoient irrémédiablement les deux personnages vers la perdition absolue. Entre temps, quelques images pornographiques sont venues s’insérer à l’écran, presque sans raison. Une preuve de plus que l’idée de mettre en images la prose de Houellebecq n’était pas forcément bonne. Autant lire le livre, car le film, sans être mauvais, n’apporte finalement pas grand-chose à l’œuvre.
un film qui presque 16 ans après sa sortie en salle est plus que jamais d'actualité, une critique juste de notre société par le visionnaire Michel Houellebecq, le meilleur écrivain français de notre époque. Philippe Harel réalise et interprète sublimement un rôle intimiste et que dire de José Garcia ici très émouvant. Un film à voir à ceux qui ne l'ont pas encore vu.
Le film que toute une génération de "cadres moyens" sans charme et sans charisme attendait ! Un tel réalisme dans la description de la misère sociale et surtout sexuelle vaut l'admiration et élève Michel Houellebecq au rang des plus fins observateurs de notre époque. Le film reprend vraiment l'esprit de toute l'oeuvre de houellebecq citant même certains extraits de ses essais et également des "particules" ; il y décrit avec un cynisme à l'état pur la triste condition de l'homme moderne face à une vie de plus en plus vide de sens. De ses technico-commerciaux dans des flunchs de banlieue parisienne aux cadres puceaux enviant le métisse caressant les jolies cuisses d'une blanche, houellebecq a su percevoir toute la déchéance de cette génération post-soixhuitarde frustré et individualiste. Un film de pur génie !!! Et pour ceux qui ont aimés : Lisez l'oeuvre de houellebecq (les essais surtout !)
Attention film culte! Un film montrant le paradoxe des sociétés occidentales où la matière grise, censée être la classe dominante, se trouve confrontée à cause de lois qu'elle a mis en place (encouragement au libéralisme sexuel) à une misère sexuelle et affective intense dans le privé. Au point que ses jeunes cadres dynamiques sans charme ni tchatche remettent en cause l'idéologie du progrés et se mettent à envier les classes "inférieures" qui, si elles sont moins fortunées, ont su conserver des solidarités, une mentalité épicurienne, un esprit sain, un savoir faire de la drague et de la "conservation" de son ami(e), et, le goût des autres. Bref succès professionnel et individualisme dans le privé des dominants s'opposent au succès dans le privé et à l'échec professionnel des dominés. Obligation de se remettre en cause à la sortie.
Evidemment qu'il faut aimer ce genre de film, voix off très présente et profondeur intellectuelle dans le récit. Etant donné que ce style reste assez discret dans le paysage cinématographique, ce n'est pas gavant et il est simple d'y prendre goût, cela permet de creuser la psychologie des personnages, chose de plus en plus rare au cinéma. Je n'ai pas lu le livre de Houellebeck, mais cela m'a donné envie de le lire, le portrait de la société sonne très juste, et la solitude des individus en son sein y est extrememment bien comprise, avec tous ses paradoxes et ses conséquences. Un film utile, intelligent, mais définitivement pas très familial.
Le manque, la frustration, l'absence ... cet homme blanc moyen qui ne fait plus rêver. Le cocktail parfait pour déprimer avec justesse. Adaptation parfaite du meilleur livre de Houellebecq, merci Philippe Harel.
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2,0
Publiée le 11 septembre 2018
Philippe Harel, c'est pour beaucoup le rèalisateur des "Randonneurs", avec l'île de Beautè, ses montagnes et son sentier de randonnèe! Certains l'on dècouvert avec "La femme dèfendue" qui dècortiquait le processus de sèduction et les rapports adultères en camèra subjective! D'autres avec le tragi-comique et très dèprimant "Extension du domaine de la lutte", d'après le roman de Houellebecq! Le problème de Raphaël Tisserand, c'est qu'il rebutait les femmes et qu'il ne rèussissait pas à coucher avec elles! Et rèvèlateur, dèjà, du mal-être et de la terrifiante solitude du siècle dernier! Tout repose sur Philippe Harel et Josè Garcia (surtout). Ce dernier nous glace le sang dans la scène de la plage et parvient presque à nous faire oublier son registre comique! Honorable dans l'adaptation, regardable à cause de quelques scènes bien senties et bien jouèes spoiler: (le monologue de Harel dans la boîte de nuit, avec en fond « I'm not in love » de 10cc) , il dèmoralise finalement par son côtè pessimiste et sombre! Lorsqu'on se sent triste ou au bout du rouleau, il est dèconseillè de voir ce film sous peine de dèprimer encore plus! A retenir l'excellent tube des 90's : « Mes rêves » d'Ysa Ferrer...
Philippe Harel se filme en raté, dépressif, isolé, sans espoir, sans ami, sans liaison – pour tout dire il n’a même pas de nom. Il est « notre héros ». Héros, c’est vite dit, et le nôtre, qu’il se le garde, merci. Taciturne, il promène son regard cynique sur ses contemporains, il rumine, juge, décortique, analyse, s’enferme dans son apitoiement sur lui-même, se persuade de son incompatibilité au monde. Paria de l’amour, il est la victime chronique type de son environnement : au moins un point sur lequel il s’est bien intégré. Clopes, médocs, insomnies, c’est en cogitant sur les autres qu’il évite de se honnir lui-même. En somme il est Houellebecq, ce chantre de l’intelligence désenchantée, ce parangon de la gamberge bileuse. Enfin, ça, c’est quand il se tait ; quand il l’ouvre, il devient agressif, entreprenant, moins ressemblant. C’est là qu’intervient heureusement José Garcia, et sa palette extraordinaire de traits divers et tous infiniment justes. N’empêche, son acolyte a le charisme d’une blatte et l’enthousiasme d’un bulot, et le film, déjà lent, en devient presque désagréable. Mais il n’en reste pas moins l’adaptation la plus fidèle qu’on ait vu à ce jour de l’œuvre du tant décrié écrivain. Pour en avoir lu quelques-uns, vous pouvez me croire, ce n’est pas rien.
Très doué Philippe Harel, comme réal et comme acteur. José Garcia prouve dans le même temps qu'il est un acteur (il passera la surmultipliée dans le surpuissant Couperet). Belle, très belle adaptation d'un roman de Houellebecq parce que simple, sans emphase ou effets de manche ou grands mouvements de caméra. La puissance du propos se joue dans la modestie et la sècheresse du ton adopté. Belle curiosité qui vaut le détour !
Une chouette "comédie" dramatique avec de très bons dialogues, une excellente narration et des théories intéressantes même si très pessimistes... Le genre de film qui pourrait achever un dépressif. On retrouve José Garcia dans un registre totalement à part mais il joue son rôle à la perfection.