ATTENTION CHEF-D’ŒUVRE !
Magnifique que ce premier long d’Hélier Cisterne … Mais comment pouvait-il en être autrement quand un si joli patronyme est adossé à la caméra d’un créateur ???
« Vandal » nous parle de la difficulté d’être dans notre monde éclaté… De cette enfance jetée à bas par les structures (scolaires, familiales, de classe et mentales)… Chérif le déplacé, l’exilé va découvrir, au contact de son cousin, la manière de faire dans cette société de faux semblants : docteur Jeckil et Mr Hide, bon élève le jour, Superman la nuit…
Et cette « libération » passe par la « création » dans son acception la plus moderne… Celle du tag, du graff, du Street art… Avec ses règles, ses codes… La nuit toujours bien sûr !
Car la journée est dévolue à la servitude sociale, au « travail » dans ce qu’offre de plus vraie l’éthymologie de ce mot : la torture des obligations forcées… Celles de l’insertion sociale, de la famille rangée, celle des appuis obligés dans cet univers de beaufs voleurs institutionnels drogués au fric et aux rigidités dogmatiques…
Silhouettes nocturnes aux visages masqués par l’obscurité, ombres glissants aux creux des murs blafards des citées bercées et endormies par la complainte exsangue des news télévisuelles… Fantômes du cœur et de la création, exsudés de la ville, de la zone, du monde hérissé des biens pensants… Dessins, graffs flashies, gestes amples , danse de l’existence, ballet silencieux des silhouettes armées de bombes, pour dire que eux, ils sont là… Qu’ils existent ! Et qu’ils vomissent votre monde de fric, de marchandise et de servitude !
Moi, touchant à ma septième décennie, je vous le dis, bourgeois, ce monde clandestin du rythme, de l’expression personnelle, ce monde des créateurs que vous qualifiez de vandales, ceux là qui s’expriment juste pour qu’un mur gris et vide devienne une envolée mots colorés, je vous le dis, c’est le gage d’un monde beau à venir…
Voici les créateurs de demain. Les frères de l’oiseau, de l’arbre, de l’air qui fera exploser vos poumons et de la parole avec des mots qui communiqueront encore et encore…
On est très loin des films pétaradants… De la pâle imitation du blockbuster moyen et… décérébrant !
Tout ici fait sens…. La manière de filmer : les ombres et lumières contrastées… L’opposition en le monde connu : le jour et celui, clandestin, de la nuit… L’amour papillon de Chérif et Élodie tout en douces hésitations… La musique discrète et en phase avec le propos… La beauté de la photographie… La fin ouverte même de cette perle cinématographique…
Casting super… Graffs splendides (Lokiss !)
La perfection…