Docu-fiction historique et politique avec insertion de "clips" authentiques, très bien mené.
CONTEXTE
Ce film nous transporte en pleine guerre 14-18, alors que la situation est presque désespérée pour les alliés, près de capituler : c'est la "drôle de guerre", celle des tranchées, celle des poilus, celle qui est moralement épuisante, cruelle. Celle d'une politique attentiste en cul-de-sac. La troisième république étant post-second empire napoléonien, il subsistait une rancune anglaise les faisant refuser tout commandement français (c'était une question d'orgueil bien compréhensible, mais tout autant dramatique). Les actions ne sont pas synchronisées, et d'énormes pertes en vies humaines ravagent les rangs de soldats qui se suivent et s'embourbent dans les tranchées. C'est alors qu'arrive le « Père de la victoire », Georges Clemenceau.
LE FILM
Mêlant images d'archives et fiction, c'est sous le regard d'une jeune journaliste canadienne (ainsi nommait-on les québécois de l'époque, les anglophones se considérant alors sujets de la couronne britannique), que nous découvrons la personnalité de l'homme ayant changé le vent d'une capitulation en celui d'une victoire, ainsi que sa profonde amitié avec Monnet. Écrivant un livre sur ce dernier, elle arrive à Paris en 1927 afin de le rencontrer. La narration évoque les intrigues politiques vécues par Clémenceau, son positionnement dans une tenaille entre droite, socialistes modérés et socialistes radicaux, l'éloquence de ses discours.
IMPRESSIONS
Au début j'ai été dérouté par la "tactique" qui nous fait suivre deux volets, l'un après la guerre où les personnages décrivent l'autre pendant (ou avant) la guerre. Les "changements de phase" n'étaient pas évident à reconnaitre sans l'écoute de quelque dialogue, la fourchette temporelle étant très courte : cela peut confondre celui qui ne connait pas le détail de ce pan d'Histoire et jalon d'humanité, ou celui qui (comme moi) n'a pas lu le synopsis avant visionnement.
Pour le reste, le casting est plus qu'adéquat, les dialogues sont bien soutenus et leur texte est impeccable (ah quelle belle languie que la nôtre!). Certains peuvent trouver les dialogues trop longs, surtout ceux qui sont habitués au "format" hollywoodien, c'est une question de « conditionnement à l'écoute » : plutôt qu'un hypothalamus s'émouvant d'images et de spectaculaire, il faut préparer l'esprit à être nourrit d'images et d'idées. À voir.