Guns 1748 est le fruit d'un travail de Jake Scott, qui n'est autre que le fils de ce cher Ridley. Voulant donc suivre les traces de son père, Scott's son propose, pour son premier film, une sorte de satire de l'aristocratie, vue par un duo de gai-lurons hors-la-loi, en plein cœur de l'Angleterre du XVIIIème siècle. De par la notoriété de son père, le jeune réalisateur a su s'entourer d'une ribambelle plutôt séduisante. Robert Carlyle et Jonny Lee Miller, tous deux mythiques quelques années plus tôt dans Trainspotting, sont de nouveau au rendez-vous pour camper les deux acolytes, Liv Tyler toute en séduction, Gary Oldman à la production, ou encore Craig Armstrong pour la BO, à qui l'on doit notamment les arrangements sur les albums de Massive Attack, ou les BO des films de Baz Luhrmann.
Avec tout ce beau monde, il y a de quoi livrer du cinéma de qualité, flirtant avec les manières typiquement aristocrates. Jake Scott et son équipe constituent un décor d'époque diablement efficace pour un film à budget modeste, et ce malgré une épaisse noirceur présente sur un grand nombre de plans. La scène d'introduction s'avère habilement accrocheuse et maîtrisée et ne laisse présager que du bon pour la suite. En effet, au delà de son rendu visuel typique, il réside en ce film une ambiance particulièrement plaisante. Jake Scott y inclue un ton burlesque quasi omniprésent, ce qui, associé à un contexte historique, est novateur et laisse travailler l'humour noir afin de maintenir ce caractère atypique.
Le duo anglais fonctionne à merveille, même si Jonny Lee Miller se fait légèrement voler la vedette par Robert Carlyle, au sommet de sa forme. Ce dernier campe un rôle assez similaire à ce que nous lui connaissons dans Trainspotting. Tout en loyauté et impulsivité, Carlyle cachetonne et donne le meilleur de lui même dans cet autre rôle instable suscitant l'attachement et l'empathie. Il n'y a tout de même pas à dire, Carlyle et Lee Miller font la paire et offrent un spectacle d'humour noir et de nonchalance rafraîchissants, une touche de modernité au beau milieu d'un climat historique. Mais Jake Scott joue également avec les codes et ne se prive aucunement d'inclure un haut degré de lyrisme dans de grandes séquences de bravoure tout droit inspirées de son père. Ainsi toutes les méthodes mises en oeuvre fonctionnent à merveille et sont prises ne compte avec le crédit qu'elles méritent. C'est réussi !
Guns 1748 fait donc part avant tout d'une liberté démesurément grande d'un réalisateur qui a su combiner avec habilité une grande diversité des genres. En jonglant avec le burlesque, le dramatique et l’héroïsme, Guns 1748 est un cocktail explosif efficace et léger, reposant sur un contexte historique bien exploité. Egalement porté par la magnifique musique de Craig Armstrong, le film certifie une certaine intemporalité lui permettant de prendre plus d'âge que de rides. Un premier pas réussi dans le cinéma pour Jake Scott, que nous n'avons par la suite vu que très peu. Pour ma part, ce fut une très agréable surprise, pour un film à la limite des oubliettes...
P.S. : Je trouve l'affiche du film en incohérence totale avec le contenu, tant par les couleurs ou son titre aux allures chromatiques, que ses trois personnages qui ont l'air de se fendre la poire. Cela justifie peut-être sa si petite notoriété, l'affiche ne donne vraiment pas envie.