Décrit à plusieurs reprises comme ennuyeux par d'éminents collègues du site, j'avoue que j'étais un peu sur la défensive vis-à-vis de « Renoir ». D'ailleurs, je partage certaines réserves : assez peu d'action voire une certaine lenteur, l'ensemble manquant sensiblement de chaleur et d'émotion, surtout au vu du sujet. De plus, si j'ai été très réceptif dans les premières minutes à la dimension picturale apportée à la photographie, je l'ai moins été par la suite, faute de leur trouver une signification profonde, à quelques exceptions près. Cela écrit, je n'ai pas été insensible à cette histoire présentant le grand peintre au crépuscule de sa vie et son fils Jean, pas encore le cinéaste mythique qu'il deviendra par la suite, y faisant simplement allusion à travers quelques très jolies scènes.Plutôt que d'offrir un énième biopic, cette tranche de vie (ou de mort, c'est selon), ancrée dans un contexte historique précis (la Première Guerre mondiale), à l'ambiance bien retranscrite, sait cultiver sa singularité, la présence d'Andrée Heuschling dans le récit, future femme du réalisateur de « La Règle du jeu » interprétée avec beaucoup de sensualité par Christa Theret, apportant une touche d'érotisme bienvenue. Même un peu figée, il y a de la vie, également incarnée par les différentes femmes du personnel, dont Solène Rigot, déjà charmante pour ce qui est pratiquement ses débuts à l'écran. Bref, si je n'en suis clairement pas ressorti extatique, saluons toutefois la volonté de Gilles Bourdos d'apporter un regard différent du biopic standard et impersonnel, quitte à manquer d'intensité dramatique dans le propos.