Disparaissez les ouvriers ! : les secrets du tournage

Au début du projet, la réalisatrice Christine Thépénier ne pensait pas véritablement produire un long-métrage documentaire. Mais comme l'événement se passait dans son quartier, près des calanques à Marseille, elle a décidé, avec Jean-François Priester, d'aller recueillir simplement ce que les ouvriers avaient à dire. Ce n'est que bien plus tard qu'elle pensa à en faire un film.

La réalisation du film s'est faite sans hiérarchie entre l'image et le son. Parti d'une production très modeste, le duo Christine Thépénier et Jean-François Priester, respectivement à l'image et au son, a véritablement essayé de travailler en laissant une importance égale à l'image et au son. C'est pour cela que Jean-François Priester est également crédité en tant que réalisateur.

Les réalisateurs ont choisi de filmer les ouvriers et de recueillir leurs témoignages dans les périodes où ils étaient délaissés des médias. Sans avoir voulu choisir un tel parti-pris (montrer ces intervalles de silence plutôt que l'excitation du bruit), Christine Thépénier avoue que ce choix s'est fait naturellement, dans cette logique d'accompagner les ouvriers dans ce combat jusqu'au bout.

Bien que le scénario du documentaire fut écrit à l'avance, Christine Thépénier et Jean-François Priester se sont laissés surprendre par ce que faisaient les ouvriers. Suivant le principe de les suivre dans leurs pensées et leurs errances au cœur de l'usine, ils ont ainsi pu filmer un ouvrier retrouvant par surprise ses outils sur son établi, et répétant les mêmes gestes qu'il faisait à l'époque où l'usine fonctionnait, ou encore la discussion insolite de deux ouvriers, installés sur le bord d'un muret de l'usine, face aux arbres. Christine Thépénier et Jean-François Priester avouent avoir été la plupart du temps saisis par ces images insolites, en provenance directe de la réalité.

La co-réalisatrice Christine Thépénier s'est déjà engagée en faveur des plus démunis lors de sa précédente réalisation, Petites et grandes soustractions (2008), dans laquelle elle dénonçait les réformes inégalitaires du système d'aide sociale.

Disparaissez les ouvriers ! a été tourné durant l'occupation par les ouvriers de l'usine Legré Mante à Marseille de juillet à décembre 2009.