Pas l'habitude d'écrire sur ce genre de sites mais quand je lis la critique douteuse, limitée, injurieuse gratuitement de Pitch22, je me dis qu'on ne peut pas rester sous silence.
"Autant ne pas élever des animaux, si c'est pour les bouffer et les torturer! "
Quel beau slogan. Il fait penser à ceux des intégristes anti tout, sauf peut-être de leur réflexion binaire qui flirte avec l'obscurantisme et l'ignorance. Ceux contre l'avortement qui montrent des foetus se battre contre le méchant bâton qui vient l'avorter, ceux contre le méchant paysan qui mange son animal, ceux contre la corrida parce que l'homme est méchant, ceux contre tout mais surtout rien. Vous semblez oublier que l'homme n'est pas herbivore et que depuis la nuit des temps, il se nourrit d'animaux, ramenés de la chasse ou de l'élevage. Comment comparer ce type de pratique avec celui de l'élevage industriel où les animaux sont conçus en batterie, vivent quelques mois dans des box de quelques m2, avant de finir leur vie sur un tapis roulant, puis finir en rectangle sous cellophane sur l'étalage d'un supermarket ? Nous en arrivons à un tel point d'ignorance et suffisance dans notre société où les gens s'offusquent qu'on tue des animaux mais ils s'offusquent d'autant plus que leur supermarket ne soit pas rempli à ras bord quand ils ne trouvent pas ce qu'ils cherchent dans les rayons. Des gens qui aiment manger de la viande, achetée à bas prix, se moquant bien de la condition de vie des paysans éleveurs mais étant les premiers à les traiter de bourreaux ou parler de torture dans des discussions de salons. Malheureusement la vie n'est pas aussi binaire et parfois les questions sont complexes. Le trop plein de consommation aussi bien de mauvais films, que de mauvaises nourritures amène souvent à penser ainsi en prenant des raccourcis douteux. HIVER NOMADE est un bijou qui n'est ni une ode Walt Disney sur l'amour des animaux sur fond de musique de Céline Dion, ni un documentaire facile, bas de gamme, racoleur et donneur de leçons sur la consommation. HIVER NOMADE est avant tout un portrait de travailleurs négligés par notre époque où les préoccupations premières quotidiennes sont plus à savoir "Quel tweet faire aujourdhui ?", "Quelle photo facebook mettre ?", "Quelle coiffure avoir aujourd'hui pour tel événement et quel pull Zara mettre pour la soirée X ou Y" ou d'être le "milliardième internaute à visionner gangnam style sur youtube". La vie de l'instantané qui ne nécessite ni effort et surtout pas l'effort de parfois penser. Penser de nos jours, c'est sale. Penser aujourd'hui, c'est se faire traiter de "bobos débiles", de "vieil intello qui se prend la tête"...ou autre, au choix. Mais penser, au-delà de permettre d'écrire une critique sur allocine, permet avant tout de parfois choisir sa salle de cinéma et de choisir des films comme HIVER NOMADE, plutôt que de suivre la masse auto-satisfaite qui se dirige vers LE HOBBIT ou TARANTINOUILLE ou autre, et dont le plaisir rutilant sera d'ores et déjà de faire parti du groupe de ceux "l'ayant vu" et qui s'empressera de participer à la machine à brasser du vent pour faire part à la "communauté" de leurs impressions limitées à 125 caractères.
Penser c'est donc avoir le plaisir de ne pas être ainsi un mouton mais de découvrir ceux de HIVER NOMADE et de saluer le travail de bergers, d'éleveurs traditionnels, de restaurateurs traditionnels également, de faire découvrir la vie rurale sur grands écrans à tous les citadins n'en connaissant que la caricature, de montrer la montagne autrement que par ISOLA 2000.
Et oui le bât blesse, à la fin de la fable le mouton qui a bien vécu est mangé. Cela semble bien dur pour les spectateurs habitués à ce qu'à la fin le héros soit riche, rentre bien chez lui, tue tous les méchants puis épouse la jolie blonde pulpeuse du film sur fond de musique electro branchée. Mais oui, dans la vie c'est pas toujours comme à la tv ou au cinéma. On peut-être pauvre, avoir des problèmes de santé, aller aux toilettes et même manger des moutons. Ce n'est pas pour autant que nous sommes de barbares et que nous torturons quiconque. Cela ne s'appellerait-il pas simplement être humain et l'accepter.
Enfin, parcourant les critiques de l'internaute PITCH22, je remarque simplement son goût prononcé pour la comédie HOT HOT HOT. Il est vrai qu'aucun animal n'a souffert dans ce film, mais je doute de son alternative aux émissions SPLASH sur TF1 ou autre SPROUT sur M6 pour cesser de faire souffrir nos cerveaux attaqués de toute part par le vide.