En Hongrie, entre 2008 et 2009, un groupe armé s'en est pris aux Roms. Il y a eu 16 maisons attaquées au cocktail Molotov et 63 coups de feu tirés. Bilan : 55 victimes dont 6 morts et 5 blessés. Si Just the Wind s'inspire de ces évènements, le film ne fait aucune référence spatiotemporelle, conférant au long métrage un propos universel. Le réalisateur Bence Fliegauf confie : "Bien que témoin de ces actes criminels, le film ne communique pas les informations publiquement révélées sur les événements réels. Ces meurtriers sont des personnes comme tout le monde. Le meurtre est juste un épisode de leur vie mais qui les détruit eux et leur entourage. Ce sont des loosers. C'est la conclusion à laquelle je suis arrivé après quelques entretiens avec des meurtriers condamnés. Lors du tournage de Just the Wind, il était plus important pour moi de me centrer sur les victimes potentielles."
Bence Fliegauf a voulu s'éloigner le plus possible de tous les lieux communs concernant les Roms. Cela ne l'intéressait pas de dépeindre ces hommes et ces femmes en train de danser, chanter ou jouer du violon tous ensemble. Il souhaitait seulement comprendre ce qu'il se passe lorsqu'un Rom est seul, loin du groupe : "Il s'agit d'une question très importante, parce que l'image dépeinte des Roms comme des créatures d'instinct, pleurant tout en chantant, va de pair avec le fait qu'ils apparaissent presque exclusivement dans les grands groupes chaotiques. Comme tous les stéréotypes, cela provient aussi de la réalité, mais elle est forcément déformée si on ne s’attache qu’à cette partie", explique-t-il.
"Le petit garçon, joué par Lajos Sárkány est un personnage à la Huckleberry Finn, qui vit également dans un climat de menace constante, et qui a le même désir d'aventure. Il grandit dans cette ambiance et n’a probablement pas encore conscience que cette situation horrible est en train de le construire. Il essaie de résoudre tout seul les situations difficiles, souvent maladroitement, à la façon d’un coeur-brisé. Il est moins impliqué dans le réel que sa mère (Katalin Toldi) qui est adulte", raconte Bence Fliegauf, en expliquant qu'ainsi, un enfant évoluant dans un climat de pauvreté et de racisme ne peut toujours comprendre ce qui se passe autour de lui. En raison de son jeune âge, il est ignorant. Le metteur en scène voulait montrer, via Just the Wind, la façon dont l'enfant pouvait, malgré tout, se construire et grandir.
Pour recruter les acteurs du film, le réalisateur s'est rendu, avec son équipe, dans les écoles et les campements. Il a même sillonné les routes pendant un an !
L'équipe de tournage de Just the Wind n'a pas reçu un accueil chaleureux de la part des Roms. Bence Fliegauf évoque un parallèle entre la situation des Roms et son pays, la Hongrie : "Le racisme est aussi contagieux chez les Roms, il se manifeste souvent par la haine de soi. Pour moi l'image de la société rom est en fait la version tragi-comique de la Hongrie elle-même."
On compte entre 8 et 12 millions de Roms. La majorité d'entre eux est sédentarisée en Europe centrale et dans les Balkans, où leur situation économique et sociale est désastreuse. En Hongrie, entre 60 et 80 % des Roms en âge de travailler sont sans emploi tandis qu'en Roumanie, plus de 60 % vivent sous le seuil local de pauvreté et 80 % n'ont aucune qualification. Dans certaines communautés de la Bulgarie, c'est la totalité des Roms qui est sans ressources. Pour la plupart, ils vivent dans des bidonvilles insalubres et sont endettés.
Just the Wind y a obtenu l'Ours d'argent du meilleur réalisateur, le Prix de la Paix ainsi que le Prix Amnesty International dont le but est de focaliser l'attention du public et des représentants de l'industrie du cinéma sur le thème des droits de l'homme.