Comme quoi, il n’y a pas si longtemps, 12 ans, la Police italienne, sur les dents lors des violentes manifestations contre le G8 à Gênes, replongea le temps d’un raid musclé aux temps du fascisme et de la répression. Alors que les huit principaux chefs d’états de la planète se rencontraient pour parler économie, les altermondialistes manifestaient par milliers, bientôt rejoints par les Blacks Blocs, casseurs en tous genres et principale source d’ennuis publics. Enorme bavure ou gros coup de gueule inconscient de la part d’une Autorité à bout de nerf, la descente de l’école Diaz constitue une preuve irrévocable de la faiblesse de notre société démocratique occidentale, pouvant très vite dégénéré pour se transformer en chaos politique, policier et humanitaire.
C’est un cinéaste italien, Daniele Vacari, qui transpose en images les sinistres évènements de cette nuit de violence intégrale qui voyait les force de l’ordre passer à tabac tout un tas de citoyens de monde, les mettre derrières les barreaux et poursuivre les humiliations. Alors que bon nombre des maltraités n’étaient que de simples manifestants pacifistes, des gens de passage ou des journalistes au cœur de leurs reportages, l’Etat italien et le département policier de Gênes n’ont pas freiné leurs ardeurs. La réalisation impeccable de Vicari, tout de même parfois hasardeuse, laisse entrevoir, aux travers d’un casting international, le film devant être vu en version originale sous-titrée, l’ampleur de l’affront fait aux droits d’autrui par une police comme une autre, devenue hargneuse et violente le temps d’un évènement qui dérape.
Mais ce qui heurte encore d’avantage que l’acte, la nuit de terreur, c’est bien cette non prise en considération des actes des policiers par la justice italienne, fait que le film de Vicari ne fait qu’invoquer. Oui, Diaz, un crime d’état, se contente, dans la douleur, de retranscrire les évènements marquants. Au final, un tantinet bouleversé, le public n’aura qu’une vision très ciné génique du drame sans dissection des causes et conséquences. Certes, le travail de l’équipe du film est qualitativement appréciable, restait simplement à réduire quelques longueurs et à agrémenter le final par plus d’humanité, d’explications, peut-être.
Marquant, Diaz n’est pourtant qu’un film coup de poing, non un documentaire appuyé ou une dissertation sur de tragiques évènements. Toutefois, la rigueur dans la mise en scène, ayant comme point d’appui une bouteille qui vole en éclat, offre une lecture forte agréable d’un film qui aurait pu être lourdement impersonnel. Beau travail, délicat par ailleurs, qui dénonce mais qui, aux travers des quelques personnages de bonne foi, dans les rang de la Police, ne laisse que peu de place à l’humanité des personnages qui ont ce soir là perdu leur innocence, leur sang froid et qui se sont rendus coupables de méfaits dont ils n’imaginait pas être capables. Le film, en ce sens, enfonce le clou toujours plus profondément sans laisser la moindre chance d’explication. 13/20