L'histoire d'un gars qui va avoir beaucoup de problèmes en peu de temps. A cause de l'effet papillon tellement à la mode ces temps çi.
Je vais tout de suite commencer par ce qui ne va pas. Comme tout bon mexicain sans doute catho, le réalisateur réitère sa foi dans l'humanité portée par les enfants, enfin surtout les deux petites phrases du générique de fin. Le problème, c'est que tout son film insiste lourdement pour montrer que les enfants sont une source d'emmerdes assez époustouflante. Même le moins nataliste des terriens n'arriverait pas à montrer la lâcheté, l'irresponsabilité, l'égoïsme et l'idiotie des enfants à ce point. Qui plus est dans quatre pays différents !
Voila, tout comme la « morale » de l'histoire de « 21 grammes », le propos intellectuel est bien peu solide et fortement contradictoire.
A moins que la morale catho soit limpide et montre que les adultes ne devraient jamais faire d'enfants s'ils ne sont pas capables de les nourrir, de s'en occuper ou de les éduquer correctement ne serait-ce qu'en étant à leur côté.
Quatre destins différents, deux reliés à la pauvreté, deux à la richesse. Pas beaucoup de bonheur d'ailleurs, et un sale destin qui va monter à chacun les limites de la liberté et des conséquences cachées de ses actes. Il y a un petit côté « Match point » et « L'effet papillon » dans le dire de cette réalisation. Mais doit-on y voir une critique du laxisme et du peu de clairvoyance des aisés envers leur couple ou leur progéniture, ou une critique de ceux qui s'écartent du droit chemin ?
C'est un mélange de tout ce qui peut se passer le plus mal, et tout le monde le sait, « shit happen ». Au moins n'est ce pas invraisemblable.
C'est le seul problème de ce film, l'absence de portée claire et la lourdeur de la démonstration. Surtout la scène de la bassine, mille fois plus convaincante dans « Collision » entre Mat Dillon et son père. Car après tout on a du mal à plaindre Brad Pitt qui fait courir beaucoup de risque à sa famille en général.
Il faut bien le dire, à tout prendre, je préfère « Collision » qui ne cherchait pas de héros ni de « fin heureuse ».
A moins qu'il ne s'agisse que d'un documentaire sur les conditions de justice suivant le niveau de vie, et l'endroit où l'on est né ? Auquel cas c'est bien fait, ça laisse le champ libre à la réflexion, mais les deux phrases finales sont alors bien fades.
Et si on passait aux points positifs ?
Contrairement à son précédent film, le réalisateur a fignolé la prise de vue et la qualité de la pellicule, moins de grains, de sur exposition, des vues à l'épaule très propres sans être léchées. Un script parfait, des acteurs au dessus de tout soupçons sauf peut-être la japonaise qui en fait parfois trop, mais on lui pardonne aisément par sa beauté.
Le rythme est haletant, le propos riche, le montage par multiplication des points de vue et des retours en arrière est parfaitement dans le ton.
Donc, que du bon, mais attention, c'est aussi sombre et prenant que son précédent film. Tristesse assurée en sortie de salle.
Enfin, la scène du décollage de l'hélicoptère, même si elle fait un peu « la petite maison dans la prairie » est quand même très émouvante en montrant l'abysse entre les civilisations en général, et la simple fierté en particulier.
Espérons seulement que le système « 21 gramme » sera bientôt abandonné pour que le réalisateur exprime autrement ses idées.