The Search est le remake des Anges marqués (1948) réalisé par Fred Zinnemann dont Montgomery Clift tenait le rôle principal. Alors que ce film retraçait l’histoire d’un soldat américain tentant d’aider un garçon à retrouver sa mère dans le Berlin de l’après-guerre, Michel Hazanavicius a transposé le récit à la seconde guerre de Tchétchénie qui débute en 1999.
Ce film a été présenté en compétition officielle au Festival de Cannes 2014. Lors de la projection cannoise, l’accueil par la presse a été très mitigé.
Les guerres de Tchétchénie sont une partie de l’Histoire qui touche particulièrement Michel Hazanavicius. Marqué par le sentiment d’impuissance et le manque d’intérêt de la communauté internationale, le conflit fait aussi, pour lui, écho à l’histoire de sa famille, ses parents, juifs ashkénazes, ayant dû s’enfuir et se cacher lors de la Seconde Guerre mondiale. Mais l’élément déclencheur a bien été le film de Fred Zinnemann, Les Anges marqués. Touché par la vision des camps de concentration et de la guerre à travers les yeux d’un enfant, Hazanavicius y a trouvé son inspiration.
C’est, en partie, grâce au succès de The Artist que Michel Hazanavicius a pu financer The Search. En effet, l’idée de ce drame avait déjà germé dans l’idée du réalisateur il y a bien longtemps et le film porté par Jean Dujardin en a permis la concrétisation.
Pour réaliser The Search, Michel Hazanavicius et son équipe ont tourné 6 mois durant, en Géorgie. En plus de son équipe française, le réalisateur a fait appel à de nombreux figurants non professionnels tchétchènes, géorgiens et russes ne parlant ni français ni anglais. Une foule difficile à gérer à laquelle s’est ajoutée une météo capricieuse et des moyens très importants (matériel militaire, hélicoptères,…) demandant une lourde logistique.
Comme pour l’audacieux The Artist, Michel Hazanavicius a choisi d’offrir le premier rôle féminin de The Search à sa compagne, la talentueuse Bérénice Bejo. Il retrouve également Thomas Langmann, qui avait déjà produit le film aux 5 Oscars.
A quelques semaines de sa sortie en salles, Michel Hazanavicius a annoncé qu'il avait re-monté The Search et supprimé 20 minutes de la version présentée au Festival de Cannes pour mieux se recentrer sur l'aspect humain de l'histoire.
S’il s’en est inspiré, Michel Hazanavicius ne cache pas que le film Les Anges marqués comporte certains aspects dont il a cherché à se démarquer, comme "la partie documentaire, la voix off solennelle, la musique, la dimension christique de la mère, l’apprentissage rapide de l’anglais par l’enfant". Le réalisateur ajoute : "J’ai aussi voulu élargir le champ du film, je ne voulais pas me contenter d’un seul point de vue. (…) Je souhaitais montrer comment un système peut broyer des gens pour en faire des assassins : c’est ce que raconte l’histoire que j’ai ajoutée."
Pour The Search, Michel Hazanavicius s’est également inspiré du film Full Metal Jacket, qui montre bien comment la guerre peut fabriquer des tueurs. Le réalisateur s’est par ailleurs tourné vers d’autres supports comme le livre One Soldier’s War in Chechnya, d’Arkady Babchenko, ou de ceux d’Anna Politkovskaïa et Boris Cyrulnik (livres politiques). Enfin, deux amies tchétchènes du cinéaste ont recueilli pour lui des témoignages sur place.
Le réalisateur a choisi de tourner The Search en Géorgie pour sa ressemblance avec la Tchétchénie (de l’autre côté du Caucase). Seuls les camps de réfugiés ont été reconstitués. La caserne et l’appartement de Carole sont des lieux qui existent réellement. Michel Hazanavicius a déclaré avoir refusé les fonds verts et a préféré tourner sur les lieux, avec des figurants.
L’équipe du film était composée de Géorgiens et de Français. Cinq langues étaient parlées sur le plateau : français, anglais, tchétchène, géorgien et russe.
Lors du tournage, le réalisateur a dû faire face à une météo trop ensoleillée ! Michel Hazanavicius déclare : "De la guerre de Tchétchénie, je connaissais surtout des images d’hiver, très grises, délavées, tournées par CNN ou par des amateurs. Mais en Géorgie il fait très beau jusqu’en novembre. Tout le monde était ravi, sauf Guillaume Schiffman (le directeur de la photo) et moi. Il fallait attendre, changer de rue pour aller où il n’y avait pas de soleil, sortir d’immenses cadres pour créer de l’ombre… Ou utiliser un camion pour masquer que le fond du plan est baigné de soleil."
Le but principal de Michel Hazanavicius lors du tournage de The Search était de retranscrire la réalité de la guerre de Tchétchénie. Pour ce faire, un énorme travail a été réalisé sur l’image, pour lui donner l’aspect des images de documentaires « grises » que l’on connaît (tournage sur pellicule, éclairage sombre), et sur le cadrage (minimaliste, caméra à l’épaule).
Pour rendre son film toujours plus crédible, Michel Hazanavicius a recueilli de nombreux témoignages. Il explique : "J’ai recueilli des témoignages que j’ai réécrits et fait jouer par des acteurs. Il en reste trois dans le film qui, je crois, apportent une crédibilité à l’ensemble."
Dans Les Anges marqués, le personnage lié à l’enfant est un soldat américain. Il a été ici remplacé par une journaliste, jouée par Bérénice Bejo. Ce changement est à mettre en parallèle avec la place importante des femmes dans le conflit tchétchène.
Maxim Emelianov, qui joue Kolia, le jeune garçon enrôlé de force dans la guerre, s’est totalement investi dans son rôle, allant jusqu’à recevoir de "vrais coups" pour accentuer le réalisme. L’acteur a également suivi un entraînement intensif afin de prendre 8 kilos et s’est énormément documenté sur cette guerre.
Lors de sa présentation à Cannes, The Search a été sifflé, notamment par des journalistes russes (le film n’étant clairement pas pro-russe). Mais la présentation publique a, elle, eu plus de succès et le film a été ovationné durant de longues minutes.
Jouant un personnage qui ne sait pas grand-chose au sujet de la Tchétchénie et qui découvre les choses en permanence, Bérénice Bejo s’est très peu documentée pour ce film. Elle a en effet préféré conserver le peu d’informations qu’elle détenait, afin d’être, à l’instar de son personnage, surprise par les événements. Annette Bening s’est au contraire énormément documentée.