Je n'ai pas un énorme intérêt pour Steven Soderbergh. Après s'être fait connaître comme réalisateur "d'avant garde", il s'est vite replié sur le cinéma commercial hollywoodien, mais pas le bon (celui de Ben Affleck ou Matt Damon....), le médiocre. Franchement, les Ocean's, c'était d'un chiant!
C'est pas Effets secondaires qui me fera changer d'avis, même si on passe un agréable moment avec ce film plaisant. Une bonne idée au départ: il ne s'agit pas d'exploiter le lobby du tabac, des armes à feu, ou du gaz de schiste, mais celui.... des anti-dépresseurs. Oui, excellent sujet! On dit qu'en France, les gens bouffent des anti-dépresseurs à tort et à travers, mais apparemment, outre Atlantique, ce n'est pas mieux. On en change comme de robe. Chère madame, le Tranquillator ne vous a pas plu? Vous voudriez essayer le Sérénitix qui réussit si bien à votre crémière? Pas de problème, je vous prépare une ordonnance.
Emily (Rooney Mara) est gravement dépressive. Elle a vécu une vie dorée avec son époux chéri, Martin (Channing Tatum), mais, aïe aïe aïe, celui çi s'est fait coffrer pour délit d'initié pendant quatre ans. Depuis ce temps là, rien ne va plus pour Emily, qui fait des tentatives de suicide, et le retour de Martin prèt à se refaire avec un futur collaborateur rencontré en prison (!!!!) ne la délivre pas.
Elle se confie à Jonathan (l'excellent Jude Law), psychiatre à qui tout réussit. Une très jolie femme (Vinessa Shaw), un charmant beau fils, des patients à la pelle, et un très fructueux contrat avec un labo pharmaceutique pour tester un nouvel anti-dépresseur. Qu'il prescrit à la louche, et il semble qu'aux US le milieu médical n'insiste pas trop sur les effets secondaires indésirables de ces médicaments: nausées, somnolences, perte de libido.... Sur certains terrains sensibles, ils peuvent même provoquer des crises de somnanbulisme. Ainsi, Emily se réveille au milieu de la nuit, prépare un petit déjeuner pour trois (?) et quand Martin vient voir ce qui se passe, elle lui plante un grand couteau de cuisine dans le bide. Avant d'aller se repieuter. Au procès, elle est donc reconnue non coupable et placée dans un hopital psychiatrique d'où elle sortira quand son médecin référent (qui continue à être Jonathan, comme c'est logique!) le jugera bon.
Mais pour Jonathan, c'est le début de l'enfer. Ses patients foutent le camp, les collègues avec qui il partage un cabinet l'évincent, le contrat avec le labo pharmaceutique est rompu, et pour terminer, sa femme le quitte. Il va donc chercher à comprendre.... pourquoi, en particulier, Emily s'est jeté en voiture contre un mur de parking en ayant soigneusement bouclé sa ceinture de sécurité.... il a des doutes, mais pas le spectateur qui a tout compris depuis longtemps, vu que le scénar progresse avec des semelles de plomb. A partir de là, le film bascule de ce qui aurait pu être un film intéressant sur un vrai sujet sociétal, à un thriller en gros sabots, plein de rebondissements abracadabrants où intervient le personnage de l'ancien médecin d'Emily, l'exquise Catherine Zéta-Jones, toujours partante pour interpréter un rôle de salope!
Film plaisant, mais dont on se passe aisément. Et je dirais: occasion ratée d'exploitation d'un bon sujet.