Si Steven Soderbergh a décidé de mettre fin à sa carrière après nous avoir livré à la chaîne quelques projets, il semblerait que le réalisateur soit intéressé par le domaine de la pharmacologie et de la médecine. Pour preuve, Soderbergh nous offrait en 2010 un Contagion. Cette fois-ci, il revient à la charge avec Effets secondaires, qui se présente bien plus comme un thriller qu’une réunion de stars.
Jon Banks est un psychiatre ambitieux. Quand une jeune femme, Emilie, le consulte pour dépression, il lui prescrit un nouveau médicament. Lorsque la police trouve Emilie couverte de sang, un couteau à la main, le cadavre de son mari à ses pieds, sans aucun souvenir de ce qui s’est passé, la réputation du docteur Banks est compromise…
S’il n’est pas exempt de défauts scénaristiques, Effets secondaires se montre comme un véritable remue-méninge ! Et pour cause, en prenant la voie du thriller, le film se coupe en deux parties : la première, qui flirte avec le drame et qui permet de mettre en place les personnages ; la seconde, sous forme d’enquête qui part dans différentes directions, offrant aux spectateurs avides de scénario tortueux tout un lot de faux-semblants astucieux. Voilà ce qu’est Effets Secondaires ! Un véritable labyrinthe où les retournements de situations fusent pour notre plus grand plaisir, et permettant d’approfondir les personnages principaux au possible. Leur donnant un égocentrisme démesurée (vous comprendrez en regardant le film). Quelques « situations trop grosses » viennent entacher le résultat. Mais fort heureusement, ces tâches-là partent vite fait au nettoyage !
Si l’on doit associer un qualificatif à Soderbergh, c’est bien celui de « l’ami des stars », tant le réalisateur s’entoure toujours d’un casting cinq étoiles. Rappelez-vous Traffic, Contagion ou encore la saga d’Ocean’s Eleven. Ici, le cinéaste retrouve deux nouveaux habitués que sont Jude Law (Contagion) et Channing Tatum (Magic Mike, Piégée). Le premier n’a plus rien à prouver au sujet de son formidable jeu d’acteur. Le second montre avec ferveur qu’il est un bon comédien et non le simple « bo goss crétin » de ses dames découvert dans Sexy Dance (malgré le peu de moments que lui offre le film). Après Traffic et Ocean’s Twelve, Catherine Zeta-Jones est de nouveau présente dans l’univers du réalisateur, en interprétant ici avec finesse un rôle à contre-emploi. Quant à la nouvelle de la bande, Rooney Mara (révélée dans The Social Network, lancée pour son rôle de Lisbeth Salander dans le Millénium de David Fincher), elle est tout simplement brillante, son personnage impliquant divers jeux de comédienne.
Là où la plupart des films de Soderbergh pèchent, c’est par leur mise en scène simpliste, un peu trop plan-plan. Rien que Contagion, où la caméra ne faisait que filmer les nombreux acteurs, sont mettre en place une seule ambiance. Supprimant toutes les émotions qu’il fallait faire ressentir au public (empathie, tristesse, outrage…). Pour Effets secondaires, Soderbergh reprend la même recette. Seulement, la sauce prend ! En insistant bien sur une bande son et des décors plutôt froids, Soderbergh met en valeur la solitude des protagonistes avec savoir-faire. En les isolant d’un groupe (les décors étant plutôt vides question foule, ou bien quelques figurants floutés) ou en les étouffants dans la masse (l’exemple du personnage de Jude Law, assailli par les journalistes). Et de ce fait, une sensation de mal-être se créer automatiquement ! Comme si le réalisateur s’était inspiré de l’œuvre de David Fincher (la présence de Rooney Mara au casting est-elle une coïncidence ?), dans le domaine du thriller (Se7en, The Game, Panic Room, Zodiac, Millénium – Les hommes qui n’aimaient pas les femmes). Une bien belle réussite sensorielle (malgré des plans trop appuyés sur les acteurs, comme à l’habitude de filmer Soderbergh), dont il est curieux de voir le résultat qu’elle aurait donnée entre les mains de Fincher lui-même !
Certes, Steven Soderbergh n’est pas David Fincher. Néanmoins, pour l’un des dernières de sa carrière, ce cher Steven arrive à nous faire regretter l’annonce de sa retraite. Surtout avec un thriller scénaristiquement pervers, tortueux et donc réussi. A la mise en scène maîtrisée et à la distribution impeccable. Quelques défauts à remarquer (quelques improbabilité dans le script, une caméra trop collée aux acteurs…) mais rien à reprocher à Effets secondaires !