Lando a quand même une carrière peu reluisante. Supertanker n’est donc pas une sommité, mais enfin, il a le mérite d’être sympathique par sa naïveté constante.
Coté casting, indéniablement c’est Ben Cross qui emporte le morceau. C’est de loin l’acteur qui a la carrière la plus solide, et au final c’est certain que c’est lui qui maitrise le mieux son personnage, et qui tire l’ensemble des acteurs vers le haut. D’ailleurs, même s’il n’a pas le rôle principal, clairement le scénario lui donne une place importante pour cette raison. Parmi les autres acteurs qui s’en sortent le mieux, Velizar Binev (dont le nom a été donné au bateau d’ailleurs), ne manque pas de charisme, et impose une belle présence en dépit d’un jeu limité. Il faut avouer aussi que l’avoir appelé Spyrou n’aide pas énormément à sa crédibilité. Pour le reste Callum Blue est malheureusement trop transparent, trop mou. Si au début c’est logique, ensuite cela devient problématique car il se fait clairement faucher la vedette, d’une part par Jon Mack, investie et assez convaincante, et d’autres part par Atanas Srebev. Celui-ci est survolté dans ce film, et même s’il surjoue clairement, il ne faut pas lui enlever une certaine efficacité. Quant à Jacky Woo, à part un running gag le concernant, il n’y a pas grand-chose à relever de son coté. Dans l’ensemble ce n’est donc pas si terrible, mais pas énorme non plus.
Le scénario est le gros point noir du métrage. En fait le souci premier, c’est que si les personnages semblent savoir où ils vont (quoique non en fait), le spectateur est laissé sur le banc de touche. Quelle est la matière transportée, comment agit-elle, pourquoi, comment est-elle contrôlée… toutes ces questions n’ont jamais de réponse. Du coup l’histoire et les péripéties en découlant se suivent sans attention particulière. Par ailleurs le scénario est répétitif, il y a de gros poncifs (pourquoi les hélicoptères s’acharnent t-il à rentrer dans le nuage ?), et des incohérences crasses (est-ce nécessaire de vérifier qu’un bateau coule bien au fond de la mer, alors qu’il est remplit de ciment et s’enfonce à tout va ?). Il y a en outre de grosses baisses de rythme et des gags bizarres (notamment avec l’asiatique). Il y a une surprise à la fin, heureusement car ca relève un peu le niveau de l’ensemble, mais il ne faut pas se leurrer, c’est largement insuffisant.
Sur la forme il ne faut pas s’attendre à grand-chose. La mise en scène est vraiment bancale. Lando se permet quelques petits effets de style genre blockbuster américain (le ralenti sur les personnages alignés avançant face caméra avec l’hélicoptère les survolant c’est digne d’une pub pour l’armée). Le problème c’est que cela prête plus à rire qu’autre chose. C’est globalement filmé mollement, on ne parvient même pas à tout comprendre (les passages dans les tuyauteries sont un régal de ce point de vue). La photographie est très laide, et elle est à l’image des décors, d’une atroce pauvreté. Le budget était faible et cela se sent absolument partout avec des décors pathétiques. Les effets spéciaux touchant le fond avec des séquences juste dignes d’un vieux jeu vidéo, le pire tenant dans les plans aériens sur le bateau et la mer (il y a un avion très laid aussi). Quant à la musique évidemment il n’y a rien à retenir de bien.
En fait, curieusement, et c’est assez rare pour être souligné, Supertanker s’en sort un tout petit peu grâce à ses acteurs, plutôt convaincants et concernés. Malheureusement ils ne sont pas suffisamment exceptionnels pour tout rattraper à eux seuls. Visuellement très laid, doté d’un scénario très mal bâti, il est difficile de trouver à Supertanker des atouts. Néanmoins il s’avère assez drôle. Il a l’air assez généreux, et veut offrir au spectateur un spectacle honnête, mais passe à coté de presque tout. Je lui donne 1 pour ses acteurs et sa sympathie, mais pas plus.