La réalisatrice Camille Mauduech considère que son travail de cinéaste, aujourd’hui, doit être "utile", c’est-à-dire apporter réellement quelque chose dans le devoir d’histoire, de mémoire, et par là même dans le débat de l'identité.
Camille Mauduech se défini comme une réalisatrice engagée qui se bat pour faire disparaître tous les clichés dont sont victimes les Antillais : "Il persiste une quantité incroyable de clichés et d’images toutes faites sur les Antilles et les Antillais : des images à condamner, à combattre, à éradiquer", s'insurge-t-elle.
La cinéaste révèle qu'elle s'est volontairement éclipsée du support filmique. Refusant toute forme d'implication de sa part à l'image, elle justifie ainsi son absence : "L’absence de voix-off implique le spectateur dans le film, il fait les liens, hiérarchise l’information, décèle les récits énigmatiques et bâtit son opinion, une mise en débat se profile, pas une leçon d’histoire sociopolitique". Son but est donc de laisser une certaine latitude au spectateur en évitant de lui asséner des vérités, et ce dans le but de garder une place importante au débat.
Même si le titre sous-tend l'idée que le film s'axe essentiellement sur la question martiniquaise, la réalisatrice explique qu'elle a cherché à créer des ramifications entre divers évènements historiques. Elle déclare : "Il y a donc une interface forte entre Paris, la Martinique et l’Algérie qui fait tout l’intérêt de cette histoire."
Comme le souligne la réalisatrice, la question du nationalisme aux Antilles, problématique centrale de son documentaire, se retrouve dans la construction même du film où apparaissent les non-dits, les contradictions et les dissensions, le tout grâce à divers procédés de mise en scène : montage en contrepoints, en parallèle, en complémentarité, etc.
La réalisatrice précise qu'elle ne voulait pas de narrateur omniscient pour servir son propos. Le film s'organise donc essentiellement autour d’une colonne vertébrale tenue par les récits des témoins directs, ojamistes emprisonnés, membres du FAGA et de l’AGEM, qui s’imposent, au fil de leurs témoignages, comme les véritables narrateurs du film, en mettant en lumière la "face cachée" de l'histoire.